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L'arbre et la branche

- 36 ans -

Le hasard fait de jolies choses. Je n’avais connu presque personne depuis… depuis quand ? Depuis que je suis toute petite en fait.

- 6 ans -

A l’époque, j’aurais du être une petite fille, dans les yeux de mes petits camarades j’étais déjà une chose, un truc bizarre pas comme les autres enfants. C’étaient ces regards là qu’ils me renvoyaient tous. Je me souviens de mon premier jour dans cette école primaire. Un village où mes parents venaient d’emménager, avec moi dans leurs bagages. Évidemment, petite comme j’étais je n’avais pas eu mon mot à dire, et puis… je ne crois pas que l’on demande son avis à un enfant de 6 ans. En l’occurrence on ne m’avait pas demandé si je voulais quitter notre petit appartement en ville, mes quelques rares copains d’alors, mes marques, mes repères. On avait choisi pour moi. C’était pour mon bien, c’était plus pratique, l’air de la campagne me donnerait les forces dont j’avais besoin, la grande maison serait plus adaptée à mes déambulations maladroites. Je me demande bien encore de quelle force j’avais besoin. Quant au côté pratique, ça l’était surtout pour mes parents. Ma jambe ne se renforcerait pas d’un grand bol d’air frais. Ma jambe ne ferait que décliner d’années en années, quoi qu’il puisse se passer. Mes parents croyaient-ils vraiment en ces remèdes d’un autre âge ? Cachaient-ils en leur sein des enfants terrorisés par la peur de ce qui m’arrivait ? Moi je n’avais pas peur, j’étais comme ça, c’était ma vie.

Nous avons emménagé dans une grande maison, pas très éloignée de l’école. L’été s’est passé en me laissant le souvenir étrange des nuits passées au sous sol en attendant que la maison soit terminée. Lorsque j’y pense aujourd’hui, c’étaient des nuits de fantôme, des nuits d’été, de clair de lune. Il n’y avait pas encore les fenêtres, mon père avait installé des bâches de chantier transparentes en guise de rideau. C’étaient ces fantômes là que je regardais bouger la nuit alors que ma grande sœur et mes parents dormaient à mes côtés. Je ne dormais pas, je regardais, je rêvais d’une compagnie silencieuse, perceptible seulement par moi, un monde à ma mesure, un monde à mon idée. C’est ainsi que l’été se passa, en dehors du temps, espérant repousser la réalité, espérant vivre la nuit, dans mes rêves, lorsque tout le monde était ailleurs. L’été passé, les fantômes disparurent et le premier jour de classe dans ce petit village de campagne est inéluctablement arrivé.

J’appréhendais leur premier regard à eux tous. Ma mère était allée me présenter à la maîtresse une semaine avant la rentrée. Je n’ai presque pas de souvenir de cette dernière, elle était transparente, un peu comme mon père, jamais là dans les moments importants, jamais là… en fait. A mon arrivée, la maîtresse a accueilli ma mère, et donc moi par la même occasion, poids mort encombrant. Je me suis vite retrouvé seule avec cette jeune femme qui ne savait que faire de moi. Il est vrai que les autres enfants s’éparpillaient tous dans la cours, jouaient entre eux, couraient les uns après les autres. Aujourd’hui, je me dis que je ne devais pas être la seule à me sentir perdue. Pourtant je ne les ai pas vu ces autres enfants, pas tout de suite, pas ces jours là. La maîtresse devait-elle me guider au pied des autres maîtresses ou me laisser une chance de rencontrer les autres enfants ? Devait-elle me préserver des autres ou me laisser en pâture ? Mieux valait abandonner le poids mort et reprendre le cours normal de sa journée de travail. Je fus ainsi placée au milieu de cette grande cours goudronnée, calée contre le grand arbre, tout proche de l’arbre une petite fille assise dans un fauteuil, deux grandes roues, deux plus petites, un corps, une jambe normale, l’autre anormale. Autour, comme une toile abstraite et tournoyante, des silhouettes, des enfants, des garçons, des filles, des cris, des sons comme atrophiés par l’évanescence du temps. Ils tournaient autour de moi, tous indifférents à cet objet que l’on avait planté là. Seule et esseulée pour les quelques minutes qui me séparaient du retentissement de la cloche et du début de la journée. La scène et cette impression d’être ancrée à cet arbre, condamnée à être spectatrice du présent sans pouvoir y participer, sans pouvoir l’infléchir, tout cela, j’ai tellement eu l’impression de le revivre encore et toujours pendant toutes ces années d’enfance.

L’arbre… c’était ce pieu qui me condamnait à regarder les autres alors que je ne voulais qu’une chose m’envoler, courir, courir et encore courir. J’aurais aimé que la douleur de mes poumons, accumulée à force de courir, efface celle ressentie plus bas, car de marbre ma jambe n’avait que l’apparence, dessous l’écorce les nerfs étaient à vifs et la douleur trop fréquente.  Au lieu de ça, le manège se répétait sans cesse, j’étais comme un cheval aux jambes de bois, arrimée de haut en bas, traversée de part en part par une barre de bois, obligée de vivre en cercle, obligée de subir la présence de ceux qui venaient du delà du cercle sans ne rien pouvoir jamais faire, ou trop peu. La nuit me donnait l’occasion de gommer l’ancre, de m’en libérer et de voler retrouver la présence de mes fantômes chéris. Avec le temps mon arbre est devenu plus malléable, progrès de la technique médico-orthopédique, j’ai gagné une jambe, j’ai délaissé mon arbre et mon trône pour une béquille, une branche, un soutien vertical, enfin libre d’aller à ma guise, à mon rythme. Cette émancipation a coïncidé avec celle de mon corps, ce corps qui est devenu sociable, mon ami désormais, celui qui s’ouvrait, se déplissait, s’entrouvrait aux autres comme à mes mains. Caresses de vie, des sourires, des rencontres, ce corps érigeait ma différence comme preuve physique de ma liberté, ma liberté à être aimée, ma liberté d’aimer.

- 16 ans -

Je l’ai rencontré. Dix années plus grande. Dix années plus libre. Dix années pour commencer à comprendre que je n’étais pas seule. Je vous l’ai dit, le hasard fait de jolies choses. J’avais enfin convaincu mes parents d’emménager dans cette grande ville qui me permettrait d’être encore plus  autonome, profiter d’une vie normale, un peu plus noyée dans l’anonymat, et surtout proche du CHU que j’étais contrainte de fréquenter assidument. Une vie nouvelle en somme pour effacer l’ancienne. J’échappais aux heures de trajet en ambulance, ce qui n’était pas plus mal.  Je n’aimais pas tellement la bonne femme qui me servait de chauffeur. J’échappais aux regards braques des gens du cru. Je rompais avec dix années d’arbre. J’ai gardé malgré cela quelques liens avec mes amies d’alors, assez peu finalement. Je continue à voir parfois celles qui m’ont rejoint lorsqu’elles ont débuté leurs études. L’absence de ces liens créés à mon premier lycée ne me manquait pas plus que ça, je vais dire que je faisais avec, ou plutôt sans.

Comme je vous l’ai dit, le hasard fait de jolies choses. Je pourrais ajouter le mot « parfois », mais dire que le hasard fait parfois de jolies choses, cela ne revient-il pas au même ? Je l’ai rencontré, cela vaut toutes les fois du monde. Mon premier amant. Mon premier sexe d’homme. Mon premier cœur qui bat. Il était plus âgé que moi, suffisamment pour me doubler de dix bonnes années. J’étais assise à une terrasse de café, accompagnée par Alexandre Jardin, sa gaieté et sa folie. Me revenaient les échos des enfants du jardin de ville, comme de vieux fantômes désormais apprivoisés. Un été qui ne serait pas comme les autres. Aujourd’hui j’ai le souvenir d’un personnage qui s’appelait Fanny. Était-ce bien cela ? Je revois une cabane ? C’était une histoire d’enfance, ou plutôt un rêve d’enfant, une passion enfantine pour adulte. Cela me plaisait, me dire que mon enfance n’était pas uniquement celle que j’avais vécu, mais qu’elle pouvait aussi être celle des prochaines années. Je sortais à l’époque avec un jeune homme, un jeune homme vite oublié finalement. D’ailleurs, plongée dans mon livre, ma menthe bleue avait un arrière goût pas assez sucré et pas suffisamment poivré lorsque je songeais à ce que je vivais avec lui, et ce que l’île des gauchers me soufflait. Je savais que ce jeune homme là ne survivrait pas à ma rentrée, de toute façon c’est presque comme s’il était déjà parti puisqu’il devait suivre ses parents loin de ma nouvelle ville. De fait, j’ai survécu à un autre homme. Il n’avait rien de très beau, mais il m’a plu. Il a osé m’aborder à cette terrasse de café, osé m’extirper de mon livre pour regarder autour de moi. Il m’a simplement demandé si c’était un livre que je pourrais lui recommander, cela avait tout du stratagème, mais à l’époque j’ai aimé qu’un homme puisse prendre le risque de la discussion littéraire. Ma béquille était à terre, cachée à sa vue, mes défenses allégées par l’humeur estivale.

J’ai levé les yeux, j’avais décidé de feindre l’agacement pour ne rien montrer de cette curiosité qu’il venait de faire naître. Un agacement que je n’ai su faire durer plus de quelques secondes. Il était comme moi. Un fauteuil, deux grandes roues, deux petites roues. Il était comme moi et il n’en savait rien. Cette seule idée me conquérait totalement. C’était comme s’il m’avait désignée parce que j’étais celle qu’il attendait, sans qu’il n’en ait conscience. Nous avons longtemps discuté, au point que nos mots sont devenus naturels. Je volais. Je me sentais grisée par une ivresse que je n’avais jamais connue alors. Certaine de ce que je pouvais faire, dire, penser, émancipée et rayonnante dans tout ce que je lui laissais voir. Nous nous sommes quittés ce jour là avec la promesse de nous revoir le lendemain, même lieu, même heure. Il est parti avant moi, de sorte qu’il ne savait rien de la branche qui s’était substituée à l’arbre de ma naissance. J’ai passé une nuit agitée. Ressassant mille questions, mille scénarios. Repassant notre conversation en boucle. Changeant des mots dits pour en dire d’autres, déviant la réalité vers d’autres irréalités. Participant au plus vivant des cinémas intérieurs. Cette nuit là, mes rêves de caresses ont pris véritablement chair pour la première fois. Mes rêves furent fiévreux au point de me laisser sans force au petit matin, exténuée par des jouissances qui n’avaient jamais eues pareilles égales. Je commençais à me sentir femme, enfin. J’ai alors sombré jusqu’à ce que ma mère vienne me réveiller, peu avant l’heure du repas. A table, bercée par mon ailleurs, je m’étais demandé s’il fallait que j’arrive avant lui, prolonger l’image première qu’il s’était faite de moi, une jeune fille comme toutes les autres jeunes filles, ou lui laisser voir que ma démarche flirtait avec un équilibre précaire, enroulant la hanche autour de l’axe prescrit par ma branche, balançant ma jambe vers l’avant, chaloupant à gauche, redressant la barre à droite.

Je n’avais pas réussi à choisir. Je suis arrivée à l’heure. Il était déjà là, attablé, un demi déposé devant lui, son regard à demi clos et aveuglé par le soleil qui lui faisait front. Pourtant, il m’a vu. Il m’a reconnu. J’ai vu sur ses lèvres un sourire se dessiner, un sourire irradiant son visage parsemé d’une barbe négligée. J’ai su qu’il craignait ne pas me revoir. J’ai su qu’il avait si peur que mes jambes fuient les siennes une fois la surprise de cette première rencontre passée. Il avait eu la même peur que moi et c’est cette peur que son sourire effaçait une fois pour toute pour laisser naître une complicité qui se consumera plus tard dans le brasier de nos folies passionnées. J’avais abandonné une fois pour toute la petite fille. Nos corps ne nous appartenaient plus, ils vivaient par et pour eux même. La nuit je ne dormais pas, je rêvais de nous, des images jamais vues, des instantanés reptiliens s’immisçaient dans mes rêves, glissaient les uns sur les autres en un fondu envoutant, parfois violent, parfois doux et tendre. Mon sexe palpitait au rythme de ces images, toujours plus libre, jamais essoufflé. Je le voyais lui. Je me voyais moi. Nous. Moi et d’autres. Lui et d’autres. C’était un monde sans fin, un ailleurs que nous prolongions et nourrissions le jour lorsque nos peaux s’apprivoisaient, lorsque nos jambes se heurtaient, se frôlaient, lorsque mes seins fondaient entre ses lèvres, tiraillées par le baiser doux amer prodigué par ses dents gourmandes, avides, dévorantes. Je n’avais que 16 ans, je ne faisais que m’abandonner instinctivement à ce que cet homme produisait chez moi. Évidemment nos étreintes passionnées avaient mis quelques mois avant de s’installer entre nous. J’avais du découvrir mon corps, il avait été patient, un guide sensible, attentif, aimant, il avait su m’aider à repousser mes barrières, accepter que mon corps puisse être source de désir, accepter que ma jambe vive.

J’ai souvenir d’une journée où, chez lui, nous avions fait l’amour d’une façon particulièrement… violente, crue, une baise dure, puis tendre, renouvelée encore, encore, encore… A l’époque je n’aurais pas osé parler de baise, cette animalité prodiguée et subie, je devais voir et vivre ces scènes avec les yeux de l’amour pour pouvoir les accepter. Pourtant, c’était bien de cela dont il s’agissait déjà. Être objet, objet d’attention, récipient de désir et de plaisir, disponible à sa guise, à l’affut des caresses pour nourrir mes sens, ses sens, faire sens. Il m’avait prise dès mon arrivée. J’avais ouvert la porte, refermée ensuite et je l’avais vu nu sur son fauteuil, ses jambes frêles immobiles, insensibles, son sexe droit, puissant, sensible, long et dur. Jetée ma robe à bas, en bas, ôté mon petit bateau, dégrafé en haut. Je m’étais glissée sur son pieu, soupirante. J’avais coulissé son sexe dans ma chatte, fiévreuse et glissante. J’avais posé mes mains sur ses accoudoirs, des mains fortes, stables. Il ne bougeait pas. Je ne lui faisais pas face. Ses mains caressaient mes hanches en agrippant ma longue chevelure sauvage. Je me suis empalée sur sa queue à n’en plus finir, gémissant à chaque descente, à chaque montée. Il m’emplissait si étroitement, si longuement que, 20 ans après, j’ai toujours tatoué en moi le serpent de son sexe, en mon sexe une empreinte toujours recherchée, mémorisée en mon corps, comme moulée en moi. J’en souriais d’extase et de bonheur, et j’en souris encore. Il était fait pour moi, j’étais faite pour lui. J’aime me sentir prise entièrement sans demi-mesure, pleinement et profondément. J’aspirais son sexe, ma chatte le dévorait, le suçait et le recrachait, je le dégustais infiniment, doucement, lentement, comblée d’une gourmandise grandissante. Je l’enveloppais irrémédiablement, millimètre par millimètre. J’aurais voulu que chaque haut et chaque bas dure le temps d’une heure. Je l’entendais souffler, je l’entendais prononcer des mots que je n’aurais pas pu accepter avant, des mots qui me rendaient paradoxalement femme, libre, des souffles étroits, des soupirs souriants. Il ne bougeait pas et je donnais le rythme pour mieux me donner à lui. Je présidais au cérémonial, reine du banquet promise à son prince. J’ai rarement vécu si grande osmose. Nos corps transpiraient, mes mains devenaient tremblantes, après un long et délicieux moment, nous avons échoué sur le lit de son petit studio aménagé pour ne pas chuter sur le sol. Nous y avons jouis longtemps, longuement, souvent.

La journée s’est passée ainsi, et nous avons profité de la fraicheur offerte par la fin de journée pour nous évader en centre ville, profiter de glaces aux parfums de la ville, chartreuse, goût bulgare, miel, le jardin tout proche de notre première terrasse. Prolongé notre enfance du jour, régénératrice et insouciante, naissance d’une jolie femme à construire encore. Dans le tramway qui nous conduisit au retour, nous avons dansé, nous nous sommes amusés de nos objets métalliques, carcans longtemps subis, dès lors détournés. La barre centrale du wagon devenait un tout autre arbre, une liane qui devenait ma branche, en appui sur ma jambe, je décrivais des courbes invisibles. Il était derrière moi, assis sur son fauteuil, prêt à me protéger si l’équilibre venait à être momentanément rompu. Je me laissais vivre, comme une gitane aux cheveux indomptables, mon sourire laissait voir mes dents du bonheur, éclatante et décomplexée, je vivais le bonheur aux yeux de tous. Il a fini par appeler mes hanches, posant d’abord seulement ses mains dessus, ressentant l’onde qui me parcourait, l’amplifiant en ne faisant que me communiquer sa chaleur. Je frissonnais de bonheur et de plaisirs futurs, encore renouvelés, ré-insufflés. Ses mains m’ont enfin attirées à lui et je me suis installée sur ses jambes. J’ai senti son sexe à nouveau dur sous les tissus qui nous séparaient. Je ruisselais de vie et de bien être. Nous nous sommes amusés de nos corps différents, jouant de nos écorces différentes pour faire croire aux personnes présentes dans ce wagon que ma position était précaire, qu’il me fallait bouger pour trouver une stabilité nécessaire au transport de mon corps. Je cherchais mon arbre, mon pieu, mon chêne, je voulais qu’il pousse au travers du tissu, qu’il prenne à nouveau racine en moi. Mon visage était radieux, je rayonnais d’une lueur aveuglante. Je cherchais le regard des autres pour leur montrer que j’étais femme, déjà femme. Pour leur montrer ce vertige que je vivais, pour leur montrer que la petite fille n’avait jamais été un poids mort. Ils ne voyaient pas que notre danse était un prolongement de nos étreintes du jour, des prémices d’étreintes à venir, une danse fertile et créatrice, une baise ludique, un pied de nez. Je jubilais car nos corps nous donnaient l’alibi d’être incapables de sensualité. Je jubilais de ce pouvoir, de posséder un secret, une arme qui me servirait à conquérir plus tard d’autres hommes, un voile qu’il me suffirait de lever pour inviter des hommes à me posséder, à me faire femme parfaite entre leurs cuisses, une sensualité riche, obsédante, intrigante.

- 36 ans -

Dans mon regard fiévreux, j’ai croisé le sourire d’un homme, à l’époque il devait avoir l’âge que j’aborde aujourd’hui  Il doit être proche de la soixantaine désormais. Le temps passe vite mais les souvenirs restent indélébiles. Il m’a regardé, m’a souri, simplement. Son regard était rêveur, doux, chaleureux, compréhensif. Cet inconnu fut le seul ce soir là à voir au-delà de nos corps, au-delà de la jeune femme qui naissait. Il a vu la femme que je serai. Vingt années ont passé, cet amour ne se conjugue plus qu’au passé, mais ce qu’il a fait naître me fait vivre. Quant à ce sourire croisé ce soir là, je persiste à le chercher parmi les hommes anonymes que je croise, je suis certaine que mon fantôme reconnaîtrait la femme qu’il avait deviné alors, la jolie pousse en devenir.

Monkey_terre

Commentaires


  1. Hmmm... La petite sauvage devenue Mademoiselle Liberté!
    Porteur de beaucoup de choses votre texte.

    Ne rien dire de plus et attendre la suite.

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    1. Et pourtant, je le relis aujourd'hui et je ne le trouve pas à la hauteur de ce que j'aimerais qu'il soit. Pas de suite, mais je vous l'ai déjà dit.

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    2. Oui... il y a quelques faiblesses par ci par là, mais le tout n'en souffre pas.
      L'exigence vous va bien!
      Zutalorspourlasuite!
      :)

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  2. Saisissant !
    Animale sexualité
    Initiation à soi
    Hymne au plaisir qui que l'on soit
    J'adore :)

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  3. Je me souviendrai toujours de cette jeune femme à la béquille et de cet homme en fauteuil, qu'ils étaient beaux !

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  4. j'adore tes histoires et ta façon de savoir se mettre à la place de... c'est rare !
    ça faisait longtemps que je n'avais pas pris plaisir à lire un blog.
    merci!

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