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Articles

Affichage des articles du août, 2019

Sables mouvants

Un pied après l'autre hors des sables mouvants Que j'étais rassurée sous ses plages étouffantes La voix à mon oreille me murmurait la suite Et même si la suite c'était l'assaut des côtes Le sable des poumons et la fin des émeutes du sang Je savais et je me laissais prendre Oh j'aurais suivi N'importe qui N'importe qui Oh j'aurais suivi N'importe qui oh oh oh oh Qu'il a fallu de grâce pour qu'enfin je m'étire Et retrouve comme un morceau de glace oublié dans ma bouche J'ai craché j'ai trouvé L'amour trop long Et les hommes pouvaient marcher, marcher sur l'eau Je voyais transparents leurs algues et leurs boyaux Mais je voulais me donner Je voulais m'arrêter de comprendre Oh j'aurais suivi N'importe qui N'importe qui Oh j'aurais suivi N'importe qui oh oh oh oh Dis moi, quand j'écris, ça s'efface aussitôt sous les vagues Ou c'

Le partisan

Sous le Sénépi, aujourd'hui, il y avait une tombe, un peu plus haut que la dernière ferme de la route. Deux hommes Mandel et un Steiner assassinés par la barbarie nazie un 30 mai 1944. Étaient ils liés à la ferme plus bas, étaient ils au Vercors ? La tombe est sur le bord du chemin, c'est une longue route bordée d'arbre, une longue route où l'on ne distingue plus les paturages, le soleil donnait de belles percées. L'air était chaud sans être chaud, il était doux et serein. Le bourdonnement des insectes était il le même il y a 75 ans ? Quelle était la quiétude et la fraicheur de l'air ?  Mon grand père paternel avait déserté pour s'engager dans le maquis du Vercors. Je me souviens d'une photo de lui, avec le béret tombant façon chasseur alpin. Je n'ai pas connu ce grand père là, il est mort d'un cancer alors que j'avais quelques mois. Mon père ne m'a jamais rien dit de lui. Mon grand père maternel lui n'a pas fait cette guerre, ni auc

Loin sous la ligne de flottaison

Nous nous laissons flotter dans l'eau chaude du lagon. Tous deux assis, côte à côte, les pieds dans l'eau, dérivant doucement sur le paddle confortable. Nous avons choisi de nous éloigner du rivage. Il n'y a pas beaucoup de monde. Mais c'est déjà trop. On ne dit rien. Ou plutôt si, nous disons, nous sommes bien. Passé le milieu d'après midi le soleil ne mord plus. Il chauffe, il dore, il caresse. L'eau, elle, ne varie pas. Elle est accueillante toujours. Sous nos pieds nous regardons la colonie des poissons électriques, des balistes Picasso affolés par notre présence, des loches mouchetées immobiles entre les patates de corail. Un petit pointe noire passe dessous notre embarcation. Nous l'avons vu arriver de loin et savons qu'il poursuivra son chemin sereinement. Tout est paisible, jusqu'à la petite brise qui nous caresse. J'hésite à revenir sur cette nuit. À lui dire, comme elle m'a emplit de belles choses, à lui égrener tout ce que j'a

Le festin du roi et de la mort

Je suis parti d'Aiguèze hier. J'arriverai avant la fin du jour en Avignon. Je n'y pouvais plus tenir. Cela fait déjà plusieurs semaines que j'hésite à aller la chercher. J’ai parfois l’impression d’avoir rêvé. De m’être fait jouer par la queue de Mélusine en personne. Ici tout le monde se pose la question de partir, s’éloigner, fuir la rumeur grondante. L’âme du village résiste, l’âme des hommes ne résistera pas longtemps à la peur. J'ai eu des nouvelles de la cité des Papes par un voyageur qui fuyait la ville. Il s'est arrêté au pied des portes pour trouver abri pour la nuit froide. On ne le laissait pas entrer, pas plus que rester. Le garde voulait le tuer. Le Mestre l'a rossé pour cela, il ne voulait point d'un mort noir au pied des murailles. En plus, il pouvait être juif, on ne pouvait pas avoir confiance en lui, même par-delà la mort. Je suis sorti par la petite porte de l'escale pour l'en trouver, il a fallu que je joue sur les bords de fa

1010

Chambre 1010. 10ieme étage, vue sur la baie des citrons. C'était la première fois que je louais une chambre en daily. La jeune femme de l'accueil a tenu à m'expliquer les consignes de l'hôtel, comment fonctionnait la télé, le wifi, le parking. Derrière elle son manager la pressait. Laisse tomber. Le monsieur s'en fout de tout ça. Donne lui sa clef, fait le payer. Pour un peu, elle me demandait ma pièce d'identité et une garantie carte bleue. C'était ce qu'elle m'avait expliqué la veille au téléphone. Pourquoi pas, s'il fallait en passer par là. Chambre 1010, un appartement, deux fauteuils, un canapé, une cuisine, une chambre (l'essentiel), et la vue sur la mer de corail. Impressionnante vue. J'allais donc la baiser ici. SMS, chambre 1010. 10 minutes plus tard, elle entre, ferme à clef. J'aurais volontiers regardé la vue plus longuement, je l'aurais volontiers prise contre la baie vitrée, voir contre la rembarde du balcon. J'a