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La nuit peut débuter

Septembre. En attendant l’automne. Elle m’a convoqué. Minuit passé et me voilà. La queue entre les jambes, bien trop dans l’attente de ses sévices pour lui refuser quoi que ce soit. J’habite dans son quartier. Un message sur mon téléphone.

Rapplique-toi petite pute, tu as 15 minutes pour te trouver derrière ma porte au moment où je l’ouvrirai.
Je n’ai pas le temps de réfléchir. Il va falloir que je cours, et vite. Il va falloir que je pédale, et vite. Je sais qu’elle se foutra royalement de l’heure. Je sais qu’elle peut ouvrir sa porte avant les quinze minutes. Je sais qu’elle peut très bien ne jamais l’ouvrir. Si c’est le cas, je sais que je resterai derrière sa porte, l’oreille collée à la porte, la bite collée dans mes mains, mon sperme collé à mes doigts. Je le sais. Elle le sait.

J’arrive. Suant à grande goutte, essoufflé comme un bœuf. Je choisis l’escalier, je n’ai pas le temps d’attendre le vieil ascenseur tout grinçant. Trop pressé, je trébuche, sur la dernière marche. Mes genoux heurtent le sol. Un juron m'échappe. J’ai mal. Je n’ai plus de souffle. Je sens ma nuque ruisselante.

La porte s’ouvre. Elle est là, m’imposant toute sa stature. Moi à ses pieds. Je dois être encore moins beau qu’à l’accoutumée, le visage déformé par l’effort et ce dernier accident.

Elle a revêtu une combinaison de vynil. Je ne l'avais jamais vue parée ainsi. Comment lui résister ? Fermée jusqu’au cou. Ses pieds sont nus sur le sol. Je les regarde. Trente minutes avant je fumais. Et là, je regarde ses pieds. Ses pieds qui ne bougent pas et qui dansent. Ces pieds statiques que me font la danse du ventre à m’en remuer jusqu’au tréfonds. A cet instant là, je les aime et veut leur prouver mon adoration en les léchant, en les suçant, en les embrassant. Je sais qu’elle me regarde un sourire en coin. Elle me laisse venir à elle commentant amusé ma position lamentable et ma peau ruisselante de sel. Elle est contente de ses effets. Elle parle à ma queue. Lui dit des mots cajoleurs. Ignore ma personne et parle à l'objet. A peine quelques baisers déposés sur sa peau et la voilà me tournant talons, je me relève et la suit un peu honteux de lui céder si facilement. Mon dos est imprégné de sueur. Je dois faire peine à voir et paraître l'ombre de ma virilité.

Je ferme la porte, elle me regarde. Elle effleure la fermeture éclair de sa combinaison. Droite. Adossée contre le mur. A ce moment je vois en elle la force du désir d’un homme. Dans ce regard, il y a l’éclat des orages les plus noirs. La pièce elle-même rayonne de cette tension violente.

Tu veux voir ? Non, ne dis rien. Bien sûr que tu veux voir. Branleuse. Sors ta queue. Branle-toi. J’obéis à chacune de ses paroles. Autant de pauses et de silence avant que ces mots brefs et impérieux n’éclatent dans ma caboche de drogué du cul.
Elle ouvre. Je plonge en même temps que sa main qui dévoile la peau, dessous elle est nue. Je vénère ses seins. Je me caresse avec douceur. Enchâssant le rebord de mon gland avec tendresse et légèreté. Je découvre son buste entre ombre et lumière. Elle écarte de sa main droite le pan de la combinaison pour dévoiler totalement la pointe de son sein. Son regard ne me lâche pas. Je regarde, je me remplis de ce spectacle. Fierté retrouvée. Elle me regarde comme les quelques mecs qui parfois me matent dans la rue. Avec les hommes, je me sens salis. Avec son regard, je ne me sens pas plus beau, pas moins sale, mais je bande fièrement. Elle est une femme phallique, un homme vaginal, et moi je suis une salope de peu de choix mais de bon goût qui bande comme un porc lubrique lorsqu’elle me mate comme ça. Ça bouche est rouge, pourpre, je veux qu’elle me marque de ce rouge, profondément. Elle pourrait maquiller mon petit trou de cul tout à l'heure avant de le baiser tout en son aise, moi à mon mal. Cela me plairait. Je suis fier d'être sa putain qui rapplique au doigt et à l'œil.

Tu bandes bien. T’es gentil comme gars. Je ne sais pas pourquoi, un petit rire s’échappe de moi. La beuh, sans doute. Je me sens bien. Trop bien. Son regard insiste, il me pénètre progressivement. Je sens sa poigne. Je pense à mes bourses, à sa main les serrant sans hésitation.
Gifle-moi !
C’est sorti comme ça. J’arrête de me caresser. Désarçonné. Je ne peux pas. Je ne peux pas la giffler… En fait, j’ai peur de ce qui suivra après.

Gifle-moi ! Montre-moi l’homme que tu es.
Non, dis-je la voix tremblante. Je ne peux pas.
Tu me gifles, ou tu fous le camp tout de suite et tu ne remettras jamais les pieds ici.
Il y a quelque chose en moi qui gronde. Elle est sérieuse. Cela m’énerve. Ça monte. J’ai couru à sa suite, pour qu’elle me baise, pas pour qu’elle me vire. Elle ne baisse pas son regard. Elle ne change pas sa main droite de position. Sa main gauche elle va fouiller entre ses cuisses. Je m’avance.

Alors, tu vas le faire ? Tu as les couilles de le faire ? Toi la petite pute qui rampe devant ma porte d’entrée ? Non, tu ne le feras pas. Je sais que tu n'en es pas capable. Parce que tu as peur que je te dévore après. Tu vaux pas mieux que tous ces connards qu’on croise à chaque coin de rue ! Elle sait que je vais le faire.
Je reçois ses mots accompagné d’un crachat qui vient couler sur mes lèvres. Elle me pousse. Me provoque de son corps, de ses gestes, de son dédain, de sa suprématie. Elle sait que je vais le faire. Je vais le faire.

Ma main part, un mouvement brusque qui s’écrase sur sa joue. Ça claque. J'aurais pu faire plus, mais je suis déjà surpris de la force que j'ai trouvé à y mettre. Sa tête part un peu de côté. Mais elle revient vite. Son regard ne m’a presque pas lâché. Elle sourit. Et son regard dit toute autre chose. Voilà l’heure du désir monstre. voilà ce qu'il dit. Voilà l'heure du fracas des corps, des os qui tremblent. Sa main fouille dans son con. J'entends son bruit. L’autre main part à la volée et vient gifler mon visage. J'entends son bruit. Une fois, deux fois. Ça fuse. Trois fois. Chaque fois plus fort. Le sifflement persiste. Et moi, la queue à l’air je bande plus fort encore. Combat rapproché. Je ne fais rien pour parer. Mais mon regard n'est plus en elle, il est vers ses cuisses, vers ses seins lourds et étouffants. Je transpire encore. Le ventre chamboulé. Sueur froide, corps brûlant.

Elle me prend à la gorge et ses yeux noirs brûlent ce qui reste de ma conscience. Elle me baise de son regard comme jamais elle ne m’a dévoré. Voilà mes couilles enchâssées. La nuit peut débuter.

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