Marcher. Marcher pour évacuer. Pour disparaître au monde et être présent à la vie. Marcher pour ne rien penser. Pour ne rien songer. Se couper du monde pour mieux recevoir encore et faire le plein de beauté simple, étrange et merveilleuse. Près de 48h pour arriver. Rien à l'échelle du monde. Abandonner les artifices, laisser tomber les oripeaux, être le même et être différent, accepter. Je laisse là des mots, qui font sens et qui parfois se brouillent. Des moments de vies limpides et qui parfois se troublent. Je suis tout cela, nous sommes tout cela. Parfois je sais, parfois je ne sais plus. Je bascule de l'un à l'autre au fil des conversations, des rencontres, des découvertes, au grès des vents. Cela peut être rapide, mais cela reste toujours lent. Parce que c'est le chemin d'une vie et qu'une vie en soit ce n'est rien à l'échelle du monde. Mais cette vie c'est beaucoup parce qu'elle est aussi en prise avec d'autres vies, avec les vôtres, même si c'est peu. Peu de choses. Peu de mots. Parfois je ne sais plus qui je suis, cela arrive souvent lorsque je regarde trop loin en moi, à moins que ce ne soit seulement parce que justement je ne sais plus regarder en profondeur. La lenteur. J'en ai ramené un peu de mes deux années en Calédonie. La lenteur, j'en avais déjà beaucoup en moi, parce que je suis lent en toutes choses manuelles, parce que je préfère manquer un avion et reporter un voyage de 24 heures pour ne pas me bousculer et prendre mon temps, parce que j'aime marcher et regarder une carte, une grande carte qui me dit le chemin est encore long, mais déjà longtemps je marche. J'aimerais ne jamais m'arrêter. Sans me presser. Pas à pas. J'aimerais inviter tant de personnes aimées à marcher avec moi. Je l'ai souvent fait, mais je sais aussi que ce n'est pas une bonne idée, parce que, bien qu'étant un être social, j'ai besoin aussi d'éprouver la lenteur du temps en étant seul. Les saisons évoluent doucement. Les heures les plus sombres ne sont jamais loin, celles les plus lumineuses sont rares, elles arrivent lentement et s'écoulent rapidement. Mais elles sont là, en nous, quelque part en toutes choses. Je veux le croire. J'irai marcher c'est décidé. Mercredi. Samedi. Dimanche. Sur les hauteurs de l'île. Dans les forêts tropicales. Dans les pentes du volcan. Au bord des falaises noires, en bordure des flots. Où mes pas me mèneront. J'y serai seul, bien que dans doute accompagné. Je veux aussi y être pour vous. Pour vous que je connais. Pour vous que je ne connais pas. Nos fêlures sont richesses lentement découvertes. Nos fêlures sont reliefs lentement éprouvés.
https://youtu.be/29gOHmidswU
Fort à propos..
RépondreSupprimerJ en ai les larmes d'émotions.. merci, je vous souhaite de belles marches lentes et douces pour cette nouvelle année
Merci. Marché est vital par moment. Je vous souhaite à mon tour de beaux chemins
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