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Articles

Affichage des articles du juin, 2021

La silencieuse Aubrac

 Tandis que je marchais sur le chemin de Compostelle, j'ai croisé lors de la première étape après le Puy une jeune femme. Cette jeune femme me rappelait une autre jeune femme que j'avais aimé. Une histoire sans doute impossible. Une histoire peut être à la Kundera. Plus simplement cette femme que j'avais aimé s'appelait Sarah. Malgré son âge plus jeune que le mien, six ans. Ce qui est peu. Cette jeune femme m'impressionnait par son approche du monde. Elle aimait beaucoup, semblait libre, avait vécu en Amérique latine en travaillant dans un orphelinat. Très libre dans ses moeurs, elle était pourtant profondément croyante, protestante. Ses relations étaient sans doute assez instables et le regard qu'elle portait sur elle lui disait que jamais elle n'aurait d'enfant. Moi, cette jeune femme que j'avais peu vue, alors que je vivais avec mon épouse, alors que j'étais père, et bien, spontanément, j'avais envie de lui faire un enfant. Je ne sais pas

Le champ du possible

 La nuit fut déchirée d'un cri. Une zébrure dans la cambrure de la lune. Elle hurlait son plaisir à en devenir folle. Il était 3 heures cette nuit-là. C'était une nuit où aucun d'eux ne savait vraiment quel jeu jouer. Celui de la lune, des nuages et peut être de l'éclipse. La délicatesse s'était unie aux confidences, la pudeur effaçait le désir. Les heures s'égrènaient lentement pour leur souffler qu'aucun d'eux n'était prêt. Il était 23h11 comme il avait été 11h11. Mais de cette voix aucun n'a su l'entendre, ils n'étaient déjà plus là. La ville aurait pu les accueillir pour une balade sous les lumières douces et les portes cochères, jusqu'aux murailles du Château. Il désirait cette nuit là, parce que déjà, c'était aimer vibrer voler comme un maraudeur, le petit écolier buissonnier. Elle n'avait pas voulu, il était trop tard. Étaient-ils encore si adolescents de ne pas oser s'abandonner à l'amour et à la baise. Ce dern

Kill Bill

 Je sifflote, joyeuse et terriblement excitée. J'imagine Beatrix sous mon joug et cela me rend joie. C'est une joie malsaine et c'est pour cela qu'elle me plaît cette joie. Bill m'a appelé, il m'a donné l'adresse, l'étage du service dans lequel Beatrix est immobilisée, hospitalisée, presque morte, mais pas suffisamment. La traînée, la traîtresse ! Ces mots-là me plaisent dans beaucoup de circonstances, lorsque je les formule à son encontre c'est pourtant un autre frisson qui parcourt mon échine, je sais que Bill lui a donné ses faveurs. Elle me l'a volé. Bill c'est mon maître, mon Dieu. Celui qui régit mon quotidien. Celui qui m'a fait femme. Celui pour qui je donne ma vie. Celui pour qui j'ôte la vie. Je sais que de toutes, je mérite bien plus son amour qu'aucune autre du détachement international des vipères assassines. Pourtant Beatrix me l'a volé, elle l'a manipulé, elle nous a toutes enfumées avec son air naïf de sain