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Affichage des articles du octobre, 2021

L'homme nuit

 Il était l'homme fait nuit, s'invitant dans mes songes et glissant au creux des ondes. Il était l'homme recouvert de pluie, flottant où l'on ne sait, quelque part dans la profondeur de mes cieux. Il était celui que je n'ai jamais vu mais qui pourtant à mes côtés se baignait dans le lit des rivières calmes et cristallines. Il était celui qui n'a pas de visage et qui pour moi en a un, le reflet de la lune dans le lagon, la blancheur des cierges, et le calme toujours dans la tempête, au long des étreintes solitaires et cotonneuses. Il était avec moi, me donnant la main lorsque plus rien ne devait me porter, m'enveloppant de son voile, et m'offrant ses baisers d'étoile dans la langueur estivale. Il suffisait de prêter attention à mes soupirs pour que l'homme nuit dise tout de ce qu'il était, il me confiait alors tout de ce qu'il devinait, et je laissais voler au delà de mes rêves le langage que me soufflait sa présence, râles, soupirs ou mot

La nuit

 Aux confins des heures folles L'une rêve l'autre se cache Se soustrait ou s'échappe Chantonne l'étrange mélodie de l'homme nuit Point de rire sous la cape Mais des sourires, eux oui Et tes soupirs, eux aussi Flirtent à l'allant sur sa peau faite nuit Miroir sans teint et reflets d'obsidienne Obnubilent ses si sombres désirs Ligne de fuite à l'envie ligne de vie S'écoulent sans fin son offrande à la nuit

Le chant de la Secrète

 La nuit est profonde. Je n’entends pas un bruit au dehors. Pas même le chant d’une chouette effraie, pas même le bruit du vent dans les arbres. La neige est tombée. Beaucoup depuis quelques jours. Il y a quelques jours, au début de la neige, dans une matinée grise, tandis que je me recueillais en prière dans ma cellule, entouré du parfum immuable des meubles de pin et de la fraîcheur de la pierre séculaire, j’ai vu un geai posé devant ma fenêtre. Abrité de la neige tombante par l’encorbellement de la fenêtre que mes frères ont un jour érigé ici en ce désert, il s’afférait à briser de son bec un petit gland volé au parterre d’un des chênes alentours, sans doute encore préservé du tapis blanc qui désormais à tout recouvert d’une épaisse douceur. Je ne suis pas parvenu à poursuivre ma lecture et mes prières. J’étais captivé par ce spectacle enchanteur, et lui a fait comme si je n’étais pas là. Je voyais une vie, et je me suis abandonné à sa contemplation. Totalement. Lui qui s’est mis a

Festin de lune

 Tu avais dans tes bras une bordée de fleur, comme un tapis fait à ton ventre tout de rouge dévêtu Des parfums d'attente, des parures aux lèvres et des mains papillons faits en un souffle envolé Tu as enfin levé le voile qui nous sépare de la nuit, déchire donc les étoiles, qu'elles deviennent notre jardin tout de noir vêtu Donne moi ta main, celle au parfum de fleur. Donne moi ce que tu peux m'offrir. J'en ferai festin de lune.