Ce soir l'orage guette. Il gronde. Se rapproche. Mauvais à n'en pas douter. Il est là sous la paume de ma main. Irradiant l'air que nous respirons. Il est là dans tes yeux. Tes yeux chargés de hargne. Tes yeux bleus qui se vident de lumière et ma rétine qui s'enferme dans l'ombre. Le crépuscule se fait, il n'y aura plus de jour. Plus de jour. Plus de ciel. Des nuages où se perdre. Des nuages et des éclairs, des tempêtes et des lames de fond. De répits, aucun. Voilà la nuit. Voilà ce que sera notre nuit. La nuit qui se propage, qui rampe sur les murs, court sur ta peau, dernière lueur avant le déluge. La nuit qui me fait peur, qui appelle le monstre, le monstre tapi sous le lit, dans l'armoire, dans mes veines, dans le sang qui afflue à mes tempes. Rythme violent, assourdissant, que le battement de mon sang. Le battement de ton sang. Ton visage déjà s'efface dans la nuit et je ne vois plus que la masse de tes cheveux hirsutes. Cette tignasse que je serre