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Articles

Affichage des articles du octobre, 2022

Lit défait

Sucre glace éphémère volatile saupoudre L'impalpable glacis de la chair embrasée L'homme s'effiloche traînée de voile et de transe Coeurs lueurs palpitent de crème fouettée Chantilly à l'anglaise café affogato en nuage Au comptoir sur le zinc les lèvres enchâssées Souvenirs épars souffle court doux cotons En une file tressée dragibus perles dragées  Flotte lent l'après songe rêveur l'eau de mer L'après vague océan s'époumone dans nos failles de grès  L'appât apposé délicate framboise sur la langue Une danse de miel au seuil de la porte opposée Dans les cieux et plus loin de rêves en creux Ganaches en guimauve en bonbon bergamote Là sous le pont de tes yeux jeux d'enfants Chocolat sous la langue enivrant le palais Lovés caramel beurre salé Lit défait

Adriatique

Il y avait sur sa peau des grains de peaux comme des framboises. Ici ou là, assaisonnées sur l'épaule dénudée, dans le tendre décolleté ou ailleurs à la commissure des lèvres et des petites rides souriantes. Nous avancions en âge et il greffait sur nos peaux des marques de tendresse qui nous dessinaient avec douceur. Lorsque je trouvais refuge au creux de sa nuque, je m'enivrais de son parfum aux allures de vanille et d'une touche discrète et poivrée. J'aimais la regarder cuisiner, hachant finement l'ail, les feuilles vertes et charnelles du basilic, celles que j'avais cueillies pour elle derrière l'appenti qui conduisait au jardin de rocaille. Elle incorporait le tout aux quelques copeaux de basilic qui étaient disposés sur le plan de travail de granit froid. Il y avait encore des traces de farine de la ciabatta qui cuisait dans le four. La cuisine était une source miraculeuse d'odeur charnelles, douces et captivantes. Je m'approchais d'elle, to

Dans un verre de lait

Dans un verre de lait Plonge la main nacrée Pour quelques perles volées Déposer sur la langue Fondre comme neige sur la lande Au silence de lac et de brume Enlacés de contours effacés A pas lents se lance l'ondée Impalpable et sucrée Qui plume duvet S'étiole au jour naissant. 

Une histoire vraie

Un soir d'août  L'écriture ne viendra pas ce soir. Pourtant écrire quelque chose de pas trop mal (si possible) m'aiderait sans doute à retourner au lit afin de chercher à retrouver le sommeil. Je constate que j'ai de plus en plus de difficultés à écrire des choses développées, à raconter des histoires. Ça vient parfois, mais pas si facilement que ça. Je crois que je m'enferme parfois dans un style d'écriture, ça dure un peu. Peut être jusqu'à une mue. Mais alors une mue dont je ne m'aperçois pas, ou pas tout de suite. Et ça m'embête un peu de m'enfermer dans un style d'écriture. Au début c'est bien, j'ai la sensation d'ouvrir des portes. Mais ensuite, j'ai l'impression que ce sont les mêmes motifs qui se réécrivent sans cesse sans que je ne parvienne à m'en échapper. Je force sans doute le trait. Aujourd'hui, il me faut du temps pour écrire des fictions imprégnées de vécu, encore plus pour des fictions pures. Il me

Johnny belle gueule

La nuit ici, on peut pas dire que ce soit calme. Il y a toujours du bruit. Des engueulades. Des cris. Des hurlements. Des portes qui claquent. Des gonds qui grincent. Le bruit des pas sur le sol. Des gens qui parlent, qui hurlent ou qui chuchotent, qui s’invectivent ou s’insultent. Au début, de toute façon on ne dort pas. Alors qu’importe le bruit. Le silence pourrait être de cathédrale, cela ne changerait strictement rien. C’est impossible de dormir au début. Tout défile. Tout. On se repasse le film. Est ce que j’aurais pu faire autrement ? Et toujours la même conclusion. “J’y suis”. Et ce j’y suis ne laisse pas beaucoup de place. D’abord parce qu’il n’y a de place ici pour personne. Ensuite parce que le corps est retors, il ne s’efface pas. Où que l’esprit aille, ici le corps est là. Avec ses limites. Des limites physiques. Le couloir. Le réfectoire. La cour. L’autre cour. Les barreaux et le corps qui ne parviendra jamais à s’évader. Et toujours le regard des autres. Constamment. Cel

Dérive

Ce matin, j'ai omis de glisser la dérive Qu'importe, même sans, je dérive, je glisse Qu'importe, je navigue mieux sans cap Ce matin, j'ai revêtu sous cape le sextant Peut-on vivre sans ciel d'étoile et voie lactée ? Le goût du lait, l'enfance sous la langue, Les parfums de chocolat et le goût des baisers ? Ce matin, je ne savais pas que ce soir Je me noierai dans une goutte de lait Après tout, sans dérive, pas d'esquive Le soleil esquisse le pourtour du ciel Un autre rivage, sans dérive, en désir

Blesser

 30 juin Ce soir, au repas, tu avais l'air loin, ailleurs. Je t'ai demandé où tu étais. Tu étais au lit. Pas pour dormir, as tu précisé. J'étais surpris que tu puisses visualiser à cet instant une ou des scènes de baise. J'ai voulu savoir. Je n'ai pas eu de réponse. Était ce avec moi ? Quelqu'un d'autre ? Tu as tourné ce quelqu'un d'autre en dérision. J'aurais aimé que tu m'en parles, que tu puisses partager avec moi, pas nécessairement tes images, ton ressenti, déjà. Qu'est ce qui faisait que dans tes yeux tu semblais loin, rêveuse et nostalgique, un peu triste ? Tu m'as répondu que, là en cet instant, cela aurait été bien d'être au lit. Tu as refusé d'en dire plus. Moi j'aurais aimé comprendre ce bien être là. C'est difficile que tu ne dises rien. Je ne peux pas croire qu'il n'y avait rien à en dire. Que ce soit avec moi ou une autre personne, je ne peux vraiment pas croire qu'il n'y ait rien à en dir