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Affichage des articles du juin, 2023

Vrille-moi plus encore

 J'amasse sur moi quantité de peaux Je fais face à l'hiver à la glace Les neiges éternelles Cela me tient chaud dedans dehors En profondeur Après je gratte je creuse et j'invite  Creusez arrachez fourrez déchirez J'écarte je m'écarte j'ouvre grand toutes portes ouvertes  Vas y entre glisse tes mains là entre mes omoplates Il y a la peau dessus et dessous il y a la chair Laboure creuse le sillon amasse les chairs sous les peaux  Baise-moi sous la peau Vrille-moi plus encore 

Les mots qui ne se voient pas

 Je cherche sous la peau quelque chose qui ne se voit pas, peut-être une chose. Peut-être bien mille. Ou qui sait, rien. Et pour chercher le prête-nom du désir, je n'ai pas de mots. Pas assez. Jamais assez. Alors je prends le sac, le grand sac, celui où il y a toutes les lettres. Je le soupèse. Il est lourd. Ça claque à l'intérieur. Ça s'entrechoque. C'est comme un grillot. Cela doit faire naître des contes, des conteuses et donc des conteurs. Je défais le noeud et je les déverse, les répands, comme ça. En vrac. Sauvages. Jetés. Parsemés. Tous les mots. Tous. Un peu partout. Dans la prairie.  Paisibles, des grillons cachés strient à l'abri des hautes herbes. Et s'ils étaient des mots eux aussi ? Mots à six pattes. Ils se tairaient au passage d'une phrase. La nuit, ils chuchoteraient à l'oreille. Cela ferait des rêves. Des caresses. Des mains qui branlent. Il y en a aussi qui s'enfoncent. Sous la peau. Des mots fléchés pour creuser des galeries. Des m

La chambre des rêves (communion d'un Ange ou d'un Fou)

  Bande son : Handel - Giulio Cesare in Egitto, HWV 17, Act II, scène XIII : Aria-largo "si pieta di me". Interprète : Sandrine Piau https://www.deezer.com/track/92369954 —-----------   Bilbao. Au coeur del Cerco Viejo, tout proche de la Plaza Nueva, non loin del Nervion, il y a une petite rue, des odeurs légères et trainantes de tortillas, de chipirones frios, des éclats de voix, ceux des enfants qui jouent, ceux des adultes qui s'apostrophent dans le brouhaha tout proche, des bruits de vaisselles, celles que les serveurs lavent à la va vite avant de les remplir de pintxos gourmands et généreux. Franchir le passage, c'est se noyer dans le coeur battant de la ville, dans la foule et la vie sociale, l'alcool et les rires, le plaisir de l'instant et les amitiés braillardes. Restons en bordure. Au numéro uno de cette petite kalea servant de desserte à la dizaine de bar à pintxos de la Plaza, avant le chao des hommes, il y a une porte dont seul les rêveurs ont l&#