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Affichage des articles du mars, 2020

La Grande Terre

Grande Terre 1878 Nous sommes à bout. Les français nous étouffent. Ils ont volé la terre. Le lien avec notre terre est indéfectible. Il est en nous. Dans les cases, entre les clans, au cœur de la mangrove, dans le lagon, les profondeurs de l'océan, dans notre terre, dans la forêt, sous les pierres, dans le règne animal, tout nous relie par le sol que nous foulons, la terre que nous creusons pour l'igname, l'eau qui inonde le taro, le feu qui brûle dans nos cases, la nourriture que nous prélevons, le vent qui porte la poussière, nous appartenons à la terre. Les français viennent de nul part. J’ai entendu parler du récit de ceux qui ont été montrés là bas. Ceux qui ont vécu les étranges saisons de leur pays. Ils ont parlé à nos clans, à nos ancêtres. Ils nous ont dit la cupidité décuplée, les cases de pierre froide et plus grande que nos grands kaoris, cités obscures, les fumées des cheminées gigantesques, les femmes qui se payent, les enfants qui n'appartiennent

Un autre homme tout en restant cet homme

Un soir je rentre. Je rentre plus tôt que prévu. Dans le bus, il y a son parfum. Son parfum de partout. Son parfum comme la tâche indélébile de la culpabilité. Parfum prégnant, non équilibré, parfum qui embaume son corps, qui m'étouffe lentement. Il y a ces images. Elle dans le parking sous terrain. 15 ans de plus. Je n'en ai que 28. Elle est vulgaire. Son sourire est doux. Ces yeux sont noirs. Elle a une petite moustache sur la lèvre supérieure. Un petit grain de beauté et quelques poils plus sombres là. Sa peau est douce, dorée. Elle est légère. Mes mots la rendent miel, liqueur. Je suis grisé par celui qui se dévoile en moi. Celui qui prend, qui cède à son plaisir, qui prend la place, devient le motif central de ses rêves, de ses pensées. Nous sommes dans ce parking sous terrain, contre sa voiture, une 206 coupé cabriolet. Cette femme aime l'apparence. Cette femme aime se montrer, se faire draguer dans les supermarchés, se faire offrir par son mari. Ce mari ne lui a pas

Les contrastes de ta lumière

Sous la lumière du matin, il y a le thé que tu as pris dans tes mains. La chaleur d'un soleil qui te berce comme le refuge d'une respiration. La caresse de la brise qui là haut au sommet de la montagne nous accorde sa douceur. Le silence du vallon dans le désert des chartreux et mon sexe qui respire sous l'écorce des arbres. Le sommeil dans l'herbe en terrasse face à la vieille ville millénaire, toi à côté quelque part dans tes pensées. Les lumières de la ville qui donnent la teinte orangée à la soirée que nous passons sous l'épais brouillard des perceptions multipliées. La blancheur de ta peau et tes souffles heureux qui fourmillent d'émotion sous le phrasé de mes doigts. La fraîcheur bienvenue des rues presque désertes qui nous offre la halte d'un citron qui s'ancrera dans nos mémoires longtemps. Les routes entre col, vallées et plaines et la journée que l'on allonge sans fin, sans se presser, prendre le temps sans baiser, sans étreinte, laissant à