Mars, l'hiver est là. A l'approche du printemps il tempête son dernier souffle, plus glacial que jamais. Dans le cœur d'une femme : le printemps. Lui, s'est installé et ne cèdera pas au froid des terres de l'Est. De petits bourgeons éclosent déjà, toujours plus nombreux, toujours plus résistants, offrant à son visiteur une myriade de couleurs, premiers jets printaniers d'une saison vouée à l'éternité. L'offrande est intimiste, une femme, un arbre, un homme, un soleil. La femme se nourrissant de l'homme, l'homme s'abreuvant de la femme. La sève s'écoule sans perdre sa force, vigoureuse et magique. Autant de pensées semblables, autant de battements similaires, heureux d'avoir croisés leur chemin, un terreau d'où jaillira des fleurs aux parfums uniques.
Le cérémonial peut commencer, froid glacial dehors, chaleur enivrante en elle. La maison est vide. Elle est seule et peut enfin se consacrer à son amant de toile. Elle ne songe a rien, rien n'est prémédité. Poussée par une ferveur qui la comble chaque jour comme chaque nuit, elle pose sa main sur la fermeture de sa robe et glisse vers le bas. Le tissu s'échappe comme l'eau de source des hauts sommets, rafraîchissant la roche supposée impénétrable, dévalant les vals, dépassant toute retenue. La femme apparaît ainsi à son visiteur, parée d'une fine lingerie pour plaire à l'homme comme à elle. Des fleurs bleues lumineuses enveloppant ses seins, soulignant ainsi le balcon offert à la vue de son inquisiteur. Elle s'incline, prends la pose, joint ses jambes, pose les genoux à terre prolongeant l'assise. Image sensuelle d'une concubine s'offrant à son conquérant.
Sa peau s'irradie de la chaleur de cet homme, présence immatérielle. Elle abaisse ses paupières, incline la tête. Entrevois une pluie d'or fécondant mystérieusement ce qui vit en elle. La sensation est douce, l'esprit apaisé et le corps affamé. Il est son soleil, la lumière qui étreint si tendrement ses songes. Déployant ses rayons, moulant les courbes de cette femme fleur et fée. Le sortilège va s'accomplir, elle l'attend, offerte, à ses pieds. Son regard se pose sur elle. Elle le sait, elle le sent. Il n'y a pour eux aucune frontière, aucun monde qu'ils ne sauraient fouler ensemble. Il la découvre, la détaille. Ses cheveux, des fils de cuivres amassés sur l'épaule. Sa peau, opalescence ponctuée de rousseurs virginales. Son visage, harmonie radieuse renforcée par son grain de beauté. Ses épaules, stables, puissantes, conférant à sa ligne une assurance troublante. Une boucle d'oreille, soulignant la descente vers ses seins pour boucler le chemin.
L'offrande est belle, irrésistible. Il pose sa main sur sa peau. Chemine lentement s'accaparant sa douceur et provoquant dans l'instant une foule de frissons inaltérables. Elle, le visage toujours incliné, les yeux clos. Elle n'ose regarder de peur que sa présence ne soit qu'un rêve éphémère. Il se joue de cette crainte, rêve de ces longs cils sensuels, contemple le contour de ses yeux, quelques stries pleines de charmes. En cet instant, agenouillée, elle pourrait être soumise. Mais à ses yeux elle est plus que cela. Elle est femme. Attendrissante, captivante, envoûtante, féerique, mystérieuse et rayonnante. Elle s'offre à lui presque nue. Naturellement invitante, si intensément désirable. Il est temps de cueillir cette fleur printanière. Le semeur de songe s'agenouille à son tour, dépose un baiser sur les paupières de la fée. Un second sur les lèvres entrouvertes. Elle a su captiver le regard de cet astre. Elle est le reflet de son âme. Avec elle il est Homme. Avec elle il s'évade. Avec elle.
Commentaires
Enregistrer un commentaire