Ce texte est issu d'un ouvrage d'Hélène Darroze, l'un des plus grands chefs français de sa génération, ouvrage intitulé "personne ne me volera ce que j'ai dansé".
Toute la nuit j’ai redouté la lumière du jour parce que je savais qu’à ce moment là je réaliserais que, la déraison passée, il faudrait assumer une relation qui serait condamnée par avance. Par les autres d’abord, pourquoi pas par nous un jour aussi.
Je me souviens de tout, de la lenteur de tes gestes, de la tendresse de tes mots, je me souviens d’avoir été étonnée par l’extrême douceur de ta peau, par tes cheveux fins qui glissaient entre mes doigts, par tes yeux sombres brillants de désir comme je ne les avais jamais vu et que pourtant je pouvais à peine regarder en face, peut être par peur de prendre entièrement conscience de ce que nous faisions.
Je me souviens aussi d’avoir été surprise au petit matin parce que j’étais heureuse d’être contre toi, que je ne m’étais jamais sentie tant à ma place dans les bras d’un homme et que j’aurais voulu que l’instant se fige, moi qui, la veille encore, me demandais comment habilement je pourrais te congédier.
Mais de cette nuit là au-delà des mots et des gestes, je me souviens de tes baisers, peut être simplement parce que lors de cette première intimité, je n’ai accepté de toi que tes baisers et rien d’autres, et que, patiemment, tu as respecté mon choix et ne m’as donné que des baisers. Toute la nuit tu m’as embrassé, jamais tes lèvres n’ont failli et aucune partie de mon corps n’a échappé à tes baisers.
Et tes baisers avaient le goût de truffe, de cette truffe blanche si rare que l’on trouve à Alba dans le piémont italien. Cela peut faire sourire, cela peut toucher à l’obsession gourmande, mais pourtant… Pourtant chaque fois que nos lèvres s’effleuraient, chaque fois que nos langues se mêlaient, je croquais une truffe d’Alba.
Est-ce parce que ce champignon est si rare ? est-ce parce que pour moi ce champignon est le summum du goût et qu’inconsciemment je l’associais à tes baisers qui me comblaient tant ? Est-ce que véritablement tu avais le goût de la truffe ? je ne sais pas. Mais même plus tard, je n’ai jamais retrouvé ce parfum sur tes lèvres, que pourtant tu me donnais toujours de la même manière.
De toutes les nuits que j’aurai passé dans tes bras, cette nuit restera pour moi la plus belle. Nous nous sommes aimés en contenant nos désirs, nous nous sommes aimés en nous respectant, nous nous sommes aimés le plus purement et le plus simplement possible. Notre plaisir a été sublimé par la retenue que nous y mettions.
Je me souviens aussi d’avoir été surprise au petit matin parce que j’étais heureuse d’être contre toi, que je ne m’étais jamais sentie tant à ma place dans les bras d’un homme et que j’aurais voulu que l’instant se fige, moi qui, la veille encore, me demandais comment habilement je pourrais te congédier.
Mais de cette nuit là au-delà des mots et des gestes, je me souviens de tes baisers, peut être simplement parce que lors de cette première intimité, je n’ai accepté de toi que tes baisers et rien d’autres, et que, patiemment, tu as respecté mon choix et ne m’as donné que des baisers. Toute la nuit tu m’as embrassé, jamais tes lèvres n’ont failli et aucune partie de mon corps n’a échappé à tes baisers.
Et tes baisers avaient le goût de truffe, de cette truffe blanche si rare que l’on trouve à Alba dans le piémont italien. Cela peut faire sourire, cela peut toucher à l’obsession gourmande, mais pourtant… Pourtant chaque fois que nos lèvres s’effleuraient, chaque fois que nos langues se mêlaient, je croquais une truffe d’Alba.
Est-ce parce que ce champignon est si rare ? est-ce parce que pour moi ce champignon est le summum du goût et qu’inconsciemment je l’associais à tes baisers qui me comblaient tant ? Est-ce que véritablement tu avais le goût de la truffe ? je ne sais pas. Mais même plus tard, je n’ai jamais retrouvé ce parfum sur tes lèvres, que pourtant tu me donnais toujours de la même manière.
De toutes les nuits que j’aurai passé dans tes bras, cette nuit restera pour moi la plus belle. Nous nous sommes aimés en contenant nos désirs, nous nous sommes aimés en nous respectant, nous nous sommes aimés le plus purement et le plus simplement possible. Notre plaisir a été sublimé par la retenue que nous y mettions.
Je sais que pour toi cette nuit restera gravée à jamais, tu en reparles si souvent. Je sais qu’elle a été à la fois souffrance et jouissance. Je ne sais par contre quel souvenir tu en garderas. Ce souvenir n’appartient désormais qu’à toi. Quant à moi, je sais qu’avant tout ce qui me restera de notre première nuit d’amour est le souvenir de baisers délicieux au goût d’une truffe bien mûre.
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