Je suis dans la steppe, mes pas effleurent le sol, à
peine un son, à peine un souffle, je retiens tout. Je retiens mon cœur,
je cache tout. Je retiens mon souffle, apnée, fine inspiration, faible
expiration. Je retiens la vie. Ne rien ébruiter, ne rien froisser,
glisser sur la steppe, une flèche fine dressée vers sa cible. Il fait
froid, le ciel est noir, encre totale. De lourds flocons tombent du
ciel. Etoiles mouvantes, tombant du grand néant. Un son domine le tout.
Bruit de coton, froissement sourd des cristaux sur la steppe. Aux
aguets, à l’affût, j’entends le soupir sifflant du vent nocturne, la
caresse mordante des herbes lames, le battement furieux des cœurs
alentours. Il n’y a que mon cœur que je masque. Glisser sur la steppe,
un fauve, âme fantôme, prédatrice, conquérante.
Un étang glacé, blanc mystérieux presque bleu. Aucune ombre, je me cache, me parant des joncs figés par le givre. Seul reflet, le blanc charnel, couleur de lune. Lune pleine. Lune masque. Lune silencieuse derrière les nuages sombres. Et partout ce froid, ce gel, tout est figé dans l’obscurité glaciale de cette vie nocturne. Seul, j’avance. Un but, un objectif, une proie. Elle. Approche secrète, silencieuse. L’attente débute. Corps dénudé, peau esseulée, des flocons éternels pour parure. Paraître invisible. Réduire le tout. Réduire le souffle. Réduire l’afflux. Veiller le corps parenthèse, garder l’esprit au vif. Observer. Deviner. Anticiper ses mouvements. Respirer sa peau. Lire derrière ses paupières clauses. A la lune masque, dépasser le clair de lune, déchiffrer l’autre visage.
Imaginer le piège, le tendre, l’attendre. Fendre la nasse noire, en un éclair, éparpiller le ciel d’encre, lorsque le temps se présentera. Libérer le clair, obscur désir, illuminer la lune, culte au plaisir. Filer, droit, l’atteindre, arquer, muscles bandés. Taille fine, ventre dur. Un regard. Un mot. Silence. Flux du sang, odeur de chair. Peur de se faire prendre. Peur de s’offrir. Peur de perdre. Désir secret de prendre, d’offrir, l’interdit. Les masques tomberont. Pour l’heure, l’instant prime. Retenir encore mon souffle. Contraindre les battements qui veulent s’échapper. Les faire taire, glacial, ne laisser rien, n’offrir que le masque. Souffle coupé.
Souffle de neige. Le mien. Le sien. Je ne vois plus que son corps, princesse sacrificielle, vierge noire, pensées secrètes. Lune à deux faces. Blanche comme noire. Le vent souffle, le ciel s’ouvre à sa lumière envoutante. Conquise. Il est temps. Bas instincts vers le haut. Le fauve jaillit, saisit, prend de toutes ses forces le sujet de sa chasse gardée. Sur l’étang glacé, dans la steppe endormie, deux corps se battent, au même rythme, jeu de proie, jeu de masque. Clair de lune pour deux corps essoufflés. Ascenseur vers le ciel des profondes renaissances. J’ai le cœur marin, accroché à ses cils, je ne vacille pas, je l’étreins, les lèvres sèches d’un baiser en suspend, mille jours, déjà. La pulpe des doigts bouillonnant, flux sanguins palpitant, elle et moi. Fauves ou fantômes. Ames rêvées, en un instant, vécues. Premier baiser au clair de lune, le retenir, dernier souffle, inspirer sans le laisser mourir.
Un étang glacé, blanc mystérieux presque bleu. Aucune ombre, je me cache, me parant des joncs figés par le givre. Seul reflet, le blanc charnel, couleur de lune. Lune pleine. Lune masque. Lune silencieuse derrière les nuages sombres. Et partout ce froid, ce gel, tout est figé dans l’obscurité glaciale de cette vie nocturne. Seul, j’avance. Un but, un objectif, une proie. Elle. Approche secrète, silencieuse. L’attente débute. Corps dénudé, peau esseulée, des flocons éternels pour parure. Paraître invisible. Réduire le tout. Réduire le souffle. Réduire l’afflux. Veiller le corps parenthèse, garder l’esprit au vif. Observer. Deviner. Anticiper ses mouvements. Respirer sa peau. Lire derrière ses paupières clauses. A la lune masque, dépasser le clair de lune, déchiffrer l’autre visage.
Imaginer le piège, le tendre, l’attendre. Fendre la nasse noire, en un éclair, éparpiller le ciel d’encre, lorsque le temps se présentera. Libérer le clair, obscur désir, illuminer la lune, culte au plaisir. Filer, droit, l’atteindre, arquer, muscles bandés. Taille fine, ventre dur. Un regard. Un mot. Silence. Flux du sang, odeur de chair. Peur de se faire prendre. Peur de s’offrir. Peur de perdre. Désir secret de prendre, d’offrir, l’interdit. Les masques tomberont. Pour l’heure, l’instant prime. Retenir encore mon souffle. Contraindre les battements qui veulent s’échapper. Les faire taire, glacial, ne laisser rien, n’offrir que le masque. Souffle coupé.
Souffle de neige. Le mien. Le sien. Je ne vois plus que son corps, princesse sacrificielle, vierge noire, pensées secrètes. Lune à deux faces. Blanche comme noire. Le vent souffle, le ciel s’ouvre à sa lumière envoutante. Conquise. Il est temps. Bas instincts vers le haut. Le fauve jaillit, saisit, prend de toutes ses forces le sujet de sa chasse gardée. Sur l’étang glacé, dans la steppe endormie, deux corps se battent, au même rythme, jeu de proie, jeu de masque. Clair de lune pour deux corps essoufflés. Ascenseur vers le ciel des profondes renaissances. J’ai le cœur marin, accroché à ses cils, je ne vacille pas, je l’étreins, les lèvres sèches d’un baiser en suspend, mille jours, déjà. La pulpe des doigts bouillonnant, flux sanguins palpitant, elle et moi. Fauves ou fantômes. Ames rêvées, en un instant, vécues. Premier baiser au clair de lune, le retenir, dernier souffle, inspirer sans le laisser mourir.
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