Les banalités peuvent sembler des banalités pour certains, mais pour
ceux qui les vivent c'est toujours plus difficile. La différence entre commenter et le vivre. Entre le dire et le faire. Ces derniers temps,
je ne sais pas si je vais bien, je ne sais pas plus si je ne vais pas
bien. C'est une sorte d'oscillation assez fluctuante où j'ai la sensation de vivre un certain bonheur (ça c'est quand je me dis que le bonheur c'est simple) et l'instant d'après la certitude que ce bonheur n'existe pas pour moi.
Ce matin, la route a plongé dans un ciel d'un gris presque noir. J'ai eu la curieuse sensation de plonger dans quelque chose d'attendu, de désiré, un néant en somme assez attirant pour envisager de se foutre en l'air, ou a minima de se faire bien mal, de se faire mal comme jamais je n'ai eu mal. J'avoue être un tantinet douillet. Je me suis dit, tiens, ça ferait une belle scène de cinéma si j'appuyais sur l'accélérateur de façon à partir dans le fossé. Dans ces instants, j'ai toujours l'impression que je théâtralise un peu trop. A nouveau la distinction entre le dire et le faire. J'écris ces mots et ce n'est plus une impression, c'est une certitude, je théâtralise beaucoup trop. Au fond c'est assez banal de ne pas se sentir heureux. Lire Kundera, Houellebecq coup sur coup, ça aide à se convaincre de nos propres légèretés et inconstances. Un bien pour un mal ? Ou un mal pour un bien ?
Pour ceux qui me connaissent, vous n'avez jusqu'à présent pas eu beaucoup l'habitude de lire ce genre de réflexion sur mes pages, en général je préfère ne pas trop y penser, ou, si j'y pense, le garder pour moi seul. C'est mieux d'être le propriétaire exclusif de mes idées noires, ça cause moins de souci aux autres. Nous dirons donc qu'aujourd'hui c'est relâche. On m'a dit parfois que j'étais un homme merveilleux, si je suis persuadé que ce que me disent ces personnes est véritablement sincère, je suis certain que cette sincérité n'exprime pas une réalité, elle n'exprime qu'un reflet. Je suis un homme banal et peu bavard. Je suis un homme généreux, j'aime à le croire, mais je ne suis pas certain de donner pour des bonnes raisons. J'ai tendance à me laisser porter par la vague, pas par fainéantise, juste pour ne pas déplaire.
Ma vie s'est faite sur des non choix, elle s'est faite par des choix par défaut ou pire encore parce que ce qui se présentait à moi avait la cohérence rationnelle d'être dans la continuité, des choix pour les autres. Je constate avoir une certaine admiration pour celles et ceux qui décident par eux-même, qui ne se laissent pas faire, voire même qui foutent tout en l'air, comme ça juste parce qu'il y a un truc qui ne leur convient pas. Moi, quand ça ne me convient pas, je fais abstraction, je concède, je prends sur moi et ça passe.
Ceci dit, je constate que ces personnes là ne sont pas plus heureuses que moi. Cela ne me console pas, mais cela me donne envie de les consoler, mieux, de les aimer. Là encore, je ne suis pas certain que ce soit très généreux de ma part. Alors hier, et sans doute pour quelques jours encore, je me suis dit, et si tu prenais pour une fois la décision la plus radicale et la plus difficile que tu pourrais prendre ? Mettre fin à onze années d'idéal conjugal non choisi. Pas simple. Pas simple du tout. En somme cela reviendrait à tout détruire, à anéantir ce que j'ai patiemment construit et accepté, devenir odieux, dire merde à tout le monde, juste pour l'euphorie libératrice de l'instant.
Mais mon côté raisonnable est vaillant et indéfectible,la certitude de ne pas être plus heureux après, voire même moins heureux encore reste encore un sacré frein. En fait, je me dis même que cette question est absurde, cette vie là est globalement positive. C'est pathétique d'essayer de se satisfaire de ce qui est globalement positif, ça manque de panache et d'exubérance, mais je suis un homme banal, alors c'est dans l'ordre des choses, et cette conclusion là ne me plait pas, mais alors pas du tout.
ça va devenir urgent de partager un bon vin ensemble.
RépondreSupprimer:)
Don't worry, il n'y a pas d'urgence, ce ne sont que quelques pensées éparses sans grande signification. Demain, je devrais être capable d'écrire à peu de chose près exactement l'inverse.
RépondreSupprimerVoila des mots surprenants à decouvrir pour a première visite dans votre nouveau chez vous....
RépondreSupprimerCher Raphaël, je suis à vos cotés mais vous le savez....tout comme vous savez ou me trouver.
Baisers doux
Tout foutre en l'air, j'y ai longtemps pensé. Et après ? recommencer ? Mais recommencer quoi? Car on finit toujours par faire moultes concessions.
RépondreSupprimerLe premier qui m'a fait devenir adultère, ou devrais-je dire adulte ? - m'a fait découvrir que je n'étais pas toute seule.
Aujourd'hui je regrette de ne pas avoir plus d'activités "parallèles" car au final, malgré toute l'ambiguité qu'amène ces situations, ca m'aide à trouver un équilibre.
Maintenant, je ne me vois pas demander au premier que je trouve séduisant de faire un bout de route (enfin quelques 5 à 7) avec moi.
Tout ça pour re-équilibrer la balance que je suis.
Un temps fou de Laurence Tardieu, l'avez-vous lu ?
Toutes mes excuses, je suis très décousue ce soir.
------'-(@)
Humeur de saison ? Moi c'était novembre, là c'est passé...
RépondreSupprimerMais ca reviendra... et vous, ça passera ! (Je vous le souhaite).
Les questions comme ça, ça peut durer longtemps, jusqu'au moment où l'on décide de trancher, ou de faire avec. Et comme vous dites, de ne pas être sûr que c'est mieux. Parfois il faut prendre le problème à l'envers : se demander ce qu'on regrettera le moins d'avoir décidé...
Bon, ça ne résout rien sans doute, tout ça, mais c'est amical.
C'est beau ce nouveau chez vous... malgré le brouillard sur la route !
@ L'insoumise : tout va bien, ne vous inquiétez pas ;o)
RépondreSupprimerEn fait, vous auriez du passer plus tôt, ç'aurait été plus joyeux. Mais aujourd'hui est un autre jour, au passage, je vous invite à lire le Parquet.
@ NoOsicAa : Laurence Tardieu, non, je ne connais pas, mais si ce que j'écris vous fait penser à ce livre, peut être vaudrait il mieux que je m'abstienne de le lire. A l'inverse de votre réflexion, moi je me dis que ces vies parallèles ne peuvent pas m'apporter de stabilité, du rêve, de l'évasion, de la passion, oui. La réponse est en moi, comme dirait Robert accoudé au comptoir devant un petit muscadet.
@ Ambre : heureux que mes petits nuages ne vous fassent pas fuire.
Tiens, en vous lisant, j'ai l'impression d'être une femme banale.
RépondreSupprimerLa fidélité et son contraire font couler beaucoup d'encre (et de sang?), les partisans du pour et du contre. Jusqu'au jour où le choix nous confronte. On n'est en fait jamais seul dans ces moments là, il y a l'objet de la tentation (pas nécessairement célibataire, comme nous d'ailleurs...). Alors, ne pas faire seul, ce choix...
Je n'aime pas le titre de ce billet.
RépondreSupprimerAu jeu de la comparaison, nous serons toujours perdants... Il y aura toujours quelqu'un qui brille plus que nous, qui pousse l'impudeur plus loin, qui vit ses envies et ses désirs plus intensément que nous...
Mon petit soleil, il me semblait bien terne en comparaison avec celui que je voyais briller ailleurs. J'ai fermé les volets. J'ai cessé de regarder par la fenêtre... J'ai fait un peu de ménage, chez moi, et je me rends compte que mon soleil, il me chauffe la peau... Et c'est bon...
Parfois, il faut oser se regarder dans le miroir, vraiment... Pas ce que la société nous renvoie comme image, mais soi, avec ses faiblesses et ses blessures...
Je serai là, si vous avez envie de parler... Mais ça, vous le saviez déjà...
Des baisers tendres.
Toi, je ne vais rien de dire de plus que je t'ai déjà dit, mais nous avons tous des hauts et des bas, des envies de tout foutre en l'air, juste au fond pour qu'on nous haïssent en somme.
RépondreSupprimerC'est tellement plus simple d'être détesté qu'aimer... Tellement plus simple de passer pour le salaud de service... Mais il y a du soleil, et tu sais quoi... Même dans le ciel le plus sombre, on arrive quelques fois à croiser une tite flamme tout aussi noire que soi même mais qui les deux réunies donnent une lumière douce et chaleureuse à l'âme.
Oui je sais que tu ne dois pas tout comprendre, mais crois moi le plus beau et le plus facile est de sourire... et je te souris Raphaël
Je t'embrasse
Prends soin de toi
Beav'
Rester en vie, accepter de continuer une situation non choisie c'est aussi faire des choix. La question serait plutôt pour quoi faire? mais on n'a la réponse que quelques années plus tard.
RépondreSupprimerIl me semble que tu as trouvé avec l'écriture une de tes réponses.
Mais peut-on tout dire , tout écrire et pour qui? Mon fils peut-il lire ce que j'écris? Dois-je m'interdire d'écrire? Oublier vingt ans de plaisirs et d'amour fou ou le raconter?
Dans l'Histoire, les libertins ont eu quelques démêlés avec leurs contemporains.
Nous sommes uniques mais nous avons plusieurs facettes: au boulot, en famille, en dominatrice ou en chienne je suis tres différente, pourtant les uns et les autres se completent.
Faut-il déguiser l'intime pour l'écrire au risque qu'il perde sa saveur?
Houelbecq et Kundera en quelques jours ça fait beaucoup évidemment.
Ce qui me plait chez Kundéra c'est sa manière de puiser ouvertement dans ses expériences de vie pour alimenter sa réflexion et son écriture.
Pour Houelbecq dont j'adore l'écriture , pour l'avoir croisé c'est un type très ordinaire, pas attirant du tout, pas sexy rien. Pourtant son écriture me passionne.
Tes textes,comme celui du parquet, m'apportent bien du plaisir.
Bises
@ Miaa : banale et sublime, ça doit pouvoir aller de paire, non ? :)
RépondreSupprimer@ Ange Solaire : au début je me suis dit en vous lisant que nous ne parlions pas de la même chose, après réflexion, si, nous parlons exactement la même chose.
@ Beaverstef : bon, je suis tes conseils, je souris.
@ Li : voilà longtemps que je ne vous avais lu, bienvenue à vous ici. Je ne me considère pas comme libertin, le mot ne me plait guère, cela crée trop de séparations, trop de démarcations, du moins c'est la façon dont je le ressens. De toute évidence il y a des choses que l'on ne peut dire à certains, cela ne peut les concerner car ce n'est pas ce qu'ils attendent de nous.