"Je me dis que tous ces instantanés, nos enfants les regarderaient un jour avec émerveillement, pensant que leurs parents avaient vécu des vies calmes, bien ordonnées, stables comme sur les photos, et qu'ils se lèveraient le matin pour marcher fièrement sur les trottoirs de la vie, sans jamais imaginer la folie déguenillée ni le tumulte de nos vraies vies, de notre vraie nuit, l'enfer que c'était, le cauchemar insensé de la route. Tout cela dans un néant sans fin ni commencement."
Jack Kérouac, Sur la route.
Je me dis qu'à leur tour ils deviendront adultes, et à leur tour ils sauront.
Je pense qu'ils sauront et qu'ils... comprendront... comme nous (je) avons su et compris... peut-être...
RépondreSupprimerJe me sens aussi interpellée par ces instantanés, tellement rassurants mais aussi culpabilisants par la suite, quand les enfants deviennent grands et prennent aussi des instantanés qui occultent "les tumultes de nos vraies vies".
RépondreSupprimerJ'aimerais que nous poursuivions cette réflexion :)
J'ai lu cet été un livre qui m'a beaucoup touchée, c'est La pluie avant qu'elle tombe, de Jonathan Coe. Où une femme tente de restituer à une autre tout le passé dont elle a été privée, son identité. L'originalité de l'histoire est que la destinataire est aveugle, donc les photos sont décrites avec minutie sur des cassettes. Et il me semble me rappeler des passages ainsi, où la narratrice décrit ce qu'on ne voit pas, justement.
RépondreSupprimerEt oui, les enfants auront leur propre route une fois adultes et alors ils sauront et ils comprendront.
Photos différentes de la réalité, mais qui ont le mérite d'exister et de faire exister les personnes qui y figurent.
Le pire que j'ai vu (enfin le pire selon moi, et cela n'engage que moi), c'est ce qui est arrivé à qqu'un de ma famille, ouvrir un album de famille (celui de sa grand mère en l'occurence) et s'apercevoir qu'il ne figure nulle part... on se sent complètement renié.
Pour compléter le message ci dessus, je dirais que ce qu'on devine ou se rappelle, sans le voir sue les photos, provoque un certain malaise, mais qu'il n'est pas nécessaire de tout stigmatiser(ou montrer) non plus... parce qu'avec le temps on porte toujours les blessures en nous, mais normalement elles deviennent moins vives... ou plus gérables...du coup je me demande si tout voir serait si souhaitable ? je ne crois pas...cela nous renverrait tout à la figure de manière criante.
RépondreSupprimerPuis les photos, même imparfaites, c'est quand même notre histoire, aussi douloureuse soit elle.
"Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.
Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants". Marcel Pagnol
le pire a été lorsque les parents ont présenté leur vie comme étant un idéal à suivre, et que maintenant, je comprends l'enfer dans lequel ils ont dû être plongés l'un et l'autre. J'aurais préféré qu'ils me fassent confiance pour faire mes propres expériences plutôt que me présenter leurs propres impasses comme un idéal à suivre. Et pourtant, au milieu de cela, ils ont su transmettre des graines de vie. Ou la vie a germé malgré tout... je ne sais pas comment formuler cela.
RépondreSupprimerPour celles et ceux qui le souhaitent, la conversation sur la question a repris chez moi
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