Je me couche un soir et me réveille un autre. Je me plonge dans sa vie, caresse son encre et devient le buveur de vice, son buveur d’encre. J’apprécie les encres sombres, celles dont on ne distingue les formes que lorsque la flamme gît contre, celles dont on ne parvient à saisir la morsure que lorsque la cire pourpre vient s’écraser en cadence et iriser la surface en un mouvement d’onde aléatoire mais ordonné. Mes journées sont grises et mes nuits blanches, ma maîtresse est de jais, elle a du naître obsidienne tant ses reflets sont noirs, elle est sombre et le reflet qu’elle me donne m’habille de son art démentiel, élégant et pervers. Mes maîtres mots sont des lettres de sang qui ont pris naissance un jour où cherchant ce que je pouvais lui offrir m’est venue l’image troublante et le désir anxieux d’une main gauche dont la diagonale était traversée par la lame lumineuse d’un couteau de cuisine affuté. J’aurais du couper, trancher à vif comme ce jour où par accident la lame a dérapé ...