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Déviances

Du noir. Du néant qui jaillit de mon ventre. De ma bite. De mon cul. Je veux. Tout. Je veux tout et plus encore. Je veux encore. Je veux ce qui me passe par la tête. Embrasser petite folie. Courtiser belle démence. Sombrer dans les tréfonds. Le cul bien en l'air, aux quatre vents. Le trou béant. Du trou noir absorber la matière. Du trou noir, déplier mes chairs. J'ai perdu l'écriture mais je branle la plume. Combien ? Six ? Neuf ? Comme des lettres éparses, sans mot dire, sans compter. Il y a le cyclope. Fente miniature. Délicate. Fragile. Il y a mon doigt, enfoncé jusqu'à la racine de l'ongle. Il y a ce qui rentre en ma bite. Ce qui la fait dresser. Ce qui la contraint. Ce qui lui plait. Des images souffreteuses, des négatifs passés aux révélateurs, des toiles métalliques frottées à l'acide, déviances, déviances, déviances. Décortiquer. Ranger. Multiplier. Disséquer. Archiver. Dénombrer. Répertorier. Tout garder en mémoire. Tout extrapoler sans anesthésie. Matin 1, quatre heures du matin. Matin 2, trois heures trente. Main qui branle, qui caresse, qui frotte dans le noir, contre les drap, qui extirpe le désir. Le rendre palpable même dans le noir. Sans fin. Toujours en quête, le jour aussi. De ce noir, infini, moucheté d'étoiles toujours plus sombres, de soleil noir et de rêves déments. Prendre un tiroir. Celui-ci. Ouvrir et en revêtir l'ombre mauvaise, la cape qui me pare de nuit avant de m'enfermer dans le lourd buffet ciré. L'ombre au nez violent, au nez qui pue, au nez qui agresse, qui obsède.  Cette petite douleur abrasive, piquante que j'attise comme un damné. Cette urgence à me violer, à glisser des petits tubes impropres à leur destination pour cracher le noir qui doit sortir de moi. Sombre desseins. Sombrer. En urgence. Sans attendre. Un besoin pressent, l'incontinence de mes perversions. Projet lumineux. Beau geste. Le reste des jours sans béquille et risquer de ne plus se relever. Le mouvement d'un doigt. Qui rentre. Qui oscille. Pousse. Pénètre. L'auriculaire dans mon gland, à l'orée de ma queue. Ce doigt qui disparait. Compresse mes formes. Déforme. Je crois qu'il s'ouvre. Je crois que enfin je vais y parvenir à le voir ce putain de néant qui me pend au nez pour emplir ma fichue tête et qui me fuit sans cesse dès qu'il me semble pouvoir y mettre le doigt dessus. Ce putain de néant qui me bouffe le crane et le peu qui s'y trouve. Ce putain de monde qui s'agglutine et dégueule en moi pour commander mon cul. Montre le foutu néant. Mettons-y le doigt dessus. Dedans. Gland déformé comme une bouche trop pleine. Tu vas cracher ta salive fétide. Tu vas cracher ce liquide dangereux. Tu vas jurer et cracher. Tu vas me prendre le cul. Parce que là aussi il y a des ombres à revêtir. Plus encore que tu ne crois. Tu vas me baiser doucement d'abord. M'ouvrir les chairs. Préparer le passage. Enfonce-y ce qui te passe sous la main. Lèche l'ouverture et pousse de ta langue mes frondaisons. Ecarte les poils qui me cachent à ta vue. Sauvage reptation. Défriche-moi ce cul qui bat sauvage ! Rends-moi béant en toute chose. Fourre-le ! Ton doigt dans ma queue. Ta main dans mon cul. Oui. Je peux. Je veux. Je veux. Je veux encore. J'ai le cerveau qui constelle mes yeux de tâches noire. Le cœur qui crache. La bite qui bouge, qui se met à éructer alors que tu branles méchamment mon corps, le corps qui tend, et le gland qui explose en de nouveaux tremblements. Enlève-le ! Je te crie de l'enlever !Je veux voir mes déviances à l'air libre pour engraisser mon jardin damné.

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