Il a plu tout à l'heure. Il a plu et le ciel est bleu. Bleu comme ma peau est rose. Il a plu tout à l'heure et le ciel n'en a rien vu. C'était une pluie d'Amazonie. Un torrent jauni par la terre qui s'épanche dans la rivière trouble et terreuse. Il a plu d'une pluie chaude. Une pluie qui n'a rien de brûlant, rien de rafraîchissant, mais qui brûle autant qu'elle rafraîchit. Une pluie qui joue sur ma peau, sur mes jambes. Une pluie chaude qui pisse de larges ondées et qui transforme mes jambes en algues noires. Algues crasseuses comme des tresses d'ail terreuses soumises aux orages d'estives. Algues de poils noirs que tout à l'heure je frotterai contre toi, comme un crin qui démange et que l'on soulage vaille que vaille, comme un gant, un gant de crin de poils noirs qui rougira ta peau. Pris dans le courant de ta faille, j'inonderai le triangle de poils clairs sous la tempête de ton entrejambe, ce triangle que déjà je lèche, bavant sur la toison blonde, elle aussi crasseuse. La toison de ton sexe cramoisi, la toison de tes lèvres zinzolines, tes ourlets de chair que j'aspire à grand bruit, foutraquant ton con poilu à la recherche des gouttes de toi, des gouttes de pisse, gouttes de mouilles, traces des pluies épaisses de foutre qui tout à l'heure se sont abattues sur tes cuisses tandis que je te regardais, tandis que je serrais ma garde, tandis que je m'égarais la queue entre les mains, le regard greffé dans tes yeux à tordre mes aréoles et leurs vagues de poils bruns pour te dire le désir qui me vrillait les tripes, qui me brisait l'échine, me livrant béant à tout vent. Ma barbe râpe tes chairs flasques, t'arrache des râles alors que ma langue s'affaire comme un rat affamé dans son trou. Tu m'arraches à mes travaux en tirant ma tignasse grisonnante. Il n'y a pas plus laid pourfendeur de chair que moi. Je suis un animal, une boule de poil qui veut baiser, mordre, déchiqueter, bouffer ce qui lui tombe entre les pattes, mâcher jusqu'à l'os et goulûment le sang qui coule de ta chair. Et toi tu me branles, tu me branles et tu salopes tes mots, tu les dresses comme une crue subite qui emporte les grands arbres sur son passage. Voilà que mon foutre jute sur ma main. Voilà que j'ai faim. Voilà que je veux te dévorer ! Bon chien que je suis, affamé par presque rien. Cette main qui était en toi l'heure d'avant dans ta chatte à te faire hoqueter des bruits de gorges, râles, miaulements, japements, feuleries dans cette nuit de beuverie sexuelle, cette main qui porte mon jus à tes lèvres et qui étale le tout mêlé de ta bave et de la mienne sur tes joues, sur tes yeux, sur ton front, tout cela que je lèche, tes paupières, tes joues, tes oreilles, tout cela que je baise, que j'embrasse, que je suce, que je bois, tandis que les poils de ma barbe s'épaississent, gorgé de tant de choses, choses liquides qui s'agglomèrent, s'agrègent, se mélangent, se périssent, sans plus savoir quoi, qui, quand, dans le mélange recueilli de tes cuisses, de ta pisse, de ces autres fourtres, de mon sperme, de ta salive baveuse, nous ne savons plus qui nous sommes.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
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