Des mois, des jours, des années, peut être même des siècles, et des millénaires encore. Cela n'aura donc jamais de fin. Chacun de mes réveils me surprend ainsi. Une bête. Un monstre. Les lèvres emplis de stupre et de mouille. La bouche pleine de sperme et de sang. Le corps empli d'effluves de sueur. Membres disloqués, ventre bombé et sexe dressé, blesser d'avoir trop fait. Je suis des mêmes que ceux qui peuplent mes rêves. Cauchemars pour vous, rêves pour moi. Je suis ceux qui me hantent. Je suis ceux qui me chuchotent la nuit. Je suis de ceux qui rêvent jour et nuit. Je suis ceux qui n'ont plus de corps. Chaque matin, la même pensée, avant d'ouvrir le regard sur le monde qui m'entoure, je fais cette prière. Cette prière à personne. Cette prière de n'être plus rien. Cette prière d'être enfin autre chose. Être l'homme que je fus un millénaire de cela, un jour, un jour seulement. Mais au lieu de cela je suis de ceux qui savent la vile douleur et les vices souffrances. Je suis serpent. Je suis loup. Je suis glouton, prédateur, affamé, hyène, chacal, nul repas ne m'apporte satiété, nulle nuit ne m'apporte repos. Je suis la hargne persistante, le ventre qui grouille, la pression sur le coeur, le sexe furieux et le désir fiévreux. Je suis l'animal qui hurle, feule, grogne, rugit, crache, griffe, lacère et dévore. Les âmes sont mes repas et elles ne m'accordent nul repos. Je les fais miennes, leur ouvre les entrailles, y fourre mon corps, y plonge tête première, langue pendante, avide et baveuse, j'écarte les chairs, pénètre et prend ce que toujours l'on m'offre, ce que toujours je dévore. Et puis plus rien. Elles s'échappent. Toujours. Voilà ce que je suis. Le vide, le néant, le chaos, le monstre dans l'enveloppe, celui qui saccage, gargantuesque géant insatiable. Je suis le mal. J'en suis l'incarnation persistante. Chaque jour se levant forme l'espoir qu'enfin je ne sois plus cela, qu'enfin je puisse être l'un de ces êtres que je dévore. Chaque nuit s'écoulant je prie pour être l'autre. Celui dont la vie un jour se tait. Celui qui le matin s'échappe de ses rêves, celui qui parvient à faire taire ses entrailles, même juste un peu. Je ne demande rien d'autre, mais je suis tout autre.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
Alors ça c'est .... Wahouuuuuuuuuuuuu ... Puissant sans voix pantelante, recroquevillée entre ses pattes de devant.
RépondreSupprimer11 jours plus tard, je viens prendre de tes nouvelles. Tout va bien ? :)
SupprimerEt donc, merci