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Le vertige

 Sous la pluie face au vent, face à la mer et là-bas je ne sais quel pays, au pied du fort dans lequel on ne saurait pénétrer, j'ai glissé ma main, tirant la matière élastique pour l'y loger, laissant mes doigts récolter l'iode de ton sexe bénitier. Mes baisers susurrant je ne sais quels murmures lubriques et mes mots salaces et mes gestes d'amour, j'ai craché dans ta bouche et bavé sur tes joues, recueilli ta mouille pour sur ton visage y apposer un masque de luxe. J'ai léché pour te démasquer, tes joues, tes yeux, tes lèvres, le lobe de tes oreilles, leur orée, jusqu'à vouloir boire ces quelques gouttes qui s'épanchaient de ton nez. J'étais l'animal à sang chaud, l'homme animal et l'animal fait homme serrant ton cou de mes mains à me délecter de ton souffle. Souffle qui irise la mer et qui entre deux coureurs de fond écarte les berges pour confier à ma main l'espoir d'être prise, prise par elle, envahie par elle, dévastée par elle. Il était là, le trou béant et ma langue sur tes lèvres. Il était là, le vertige, le vertige du parapet, dessous la ville, au-dedans la chaleur. Il était là, ton ventre espérant mon poing ce matin de février. Et je m'en suis gardé car le fort ne devait pas être pris. Pas cette fois. Je t'en prie.

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