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Le champ du possible

 La nuit fut déchirée d'un cri. Une zébrure dans la cambrure de la lune. Elle hurlait son plaisir à en devenir folle. Il était 3 heures cette nuit-là. C'était une nuit où aucun d'eux ne savait vraiment quel jeu jouer. Celui de la lune, des nuages et peut être de l'éclipse. La délicatesse s'était unie aux confidences, la pudeur effaçait le désir. Les heures s'égrènaient lentement pour leur souffler qu'aucun d'eux n'était prêt. Il était 23h11 comme il avait été 11h11. Mais de cette voix aucun n'a su l'entendre, ils n'étaient déjà plus là. La ville aurait pu les accueillir pour une balade sous les lumières douces et les portes cochères, jusqu'aux murailles du Château. Il désirait cette nuit là, parce que déjà, c'était aimer vibrer voler comme un maraudeur, le petit écolier buissonnier. Elle n'avait pas voulu, il était trop tard. Étaient-ils encore si adolescents de ne pas oser s'abandonner à l'amour et à la baise. Ce dernier mot lui ne savait pas le dire. Il n'osait pas. Il était plongé dans le puits sans savoir accueillir pleinement l'oubli des nuages volutes. Elle ne le souhaitait peut être pas. Pourtant son poing entra en elle, dans les plus étranges profondeurs de l'être. Jusqu'à disparaitre et renaître aveugle, saisi à la base du poignet, enserré. Son corps se souleva en tout sens et elle perdit pied, s'abandonnant à ce qui l'emportait loin, loin de lui, parfaitement en elle. Un cri dans la cambrure de la nuit. Lune et terre flamboyantes au cœur de l'étrange candeur voyageuse.

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