Accéder au contenu principal

Madame Cache Cœur

 Dans la penderie Madame Cache Cœur joue les reines parmi les étoffes de tissus. Suspendue dans les airs, dans la pénombre du petit réduit, c'est à qui pourra profiter de son aura. Chacun se presse autour d'elle. C'est que Madame Cache Coeur, sait parfaitement trancher avec la soyeuse peau blanche de la femme qu'elle habille. Alors autant vous dire qu'elle fait bien des envieux et des envieuses. Cela provoque souvent quelques cohues, c'est à qui profitera pleinement de sa proximité. Les chemisiers se pressent pour trouver place, mais ils sont souvent coiffés sur le poteau par les autres robes qui ici assouplissent le tombant, les discrètes, les colorées, les chaudes, les légères, les sexys, ou les très straights, toutes n'ont d'yeux que pour elle. Parfois un chemisier noir tente d'attirer un peu de lumière en disant

- Voyez, moi aussi j'offre un beau décolleté à notre délicieuse porteuse à l'anneau de pouce. Moi aussi, je peux être écarté, et même pleinement ouvert pour laisser aux grains de peau tout loisir d'éblouir ses admirateurs ! Moi aussi mon noir sublime la blancheur laiteuse et délicate de notre belle propriétaire !

- Certes, certes, certes. Tu n'es pas mal dans ton style petit chemisier et j'avoue que ta coupe me plaît. Mais enfin, toi, l'on ne peu retrousser tes jupons pour te faire détrousser. Alors oui, t'es pas mal, mais il te manque quelque chose, quelque chose dont moi je ne manque pas. Lui répondit le cache-cœur. 

- C'est vrai, tu as raison, réplique mi triste mi taquin le chemisier, mais cela me va bien ainsi. Et je crois que muni d'une jupe comme toi ma belle robe, et bien… cela ne m'irait pas tellement.

- Chut ! J'entends du bruit. Alerte la longue chemise bleue.

Toute la penderie cesse immédiatement ses volubiles chamailleries. Chacun cherche à se défroisser au mieux. Les couleurs se préparent à illuminer, les chemisiers à se dévoiler, les robes à s'étirer, les jupes à se raccourcir, les tuniques à se ceinturer. Quant à l'étoile de la penderie, la belle robe cache le cœur, sûre de ses charmes, elle ne cherche qu'à rester tout à fait naturelle. Et c'est en effet elle qui vient à être choisie par la jolie main délicate pénétrant sans hésitation dans le dressing.

Déposée sans façon sur le lit, un peu ébouriffée par cette valse qui la fit atterrir de la penderie au lit, la voilà qui s'extasie devant l'absence de sous-vêtements de sa jolie porteuse. Cela lui plaît à Madame Cache Coeur de pouvoir caresser cette peau douce sans obstacle. La voici vite à son office. Pourtant, ses rêveries ne durent guère.

Quelqu'un sonne à la porte.

Un homme est là. Tout à leurs baisers. Un courant d'air suffit à libérer le galbe d'un sein. Voilà qui plaît au cache-cœur. Un autre souffle, et s'ouvre le pli du tissu au niveau des cuisses. Le cache-cœur est ravi, car ici aussi c'est un joli cœur qui bat. Mais le jeu a tôt fait de cesser pour elle. À peine le temps de reprendre son souffle et la voici déjà au sol, sans autre point de vue que la poussière sous le lit.

Alors, Madame Cache Coeur se sent un peu triste et seule. Heureusement il y a les chaussettes du monsieur. Elles ont de l'humour celles-ci… mais cela ne suffit pas à redonner le sourire à la dame. Alors la robe qui ne cache plus rien écoute les souffle et les râles, le bruit des draps sur la peau et se met à envier l'assurance des grandes drapées.

Voyez-vous, si la robe cache-cœur est la Reine de la penderie, c'est parfois embêtant et un peu fâcheux.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

PornographieS

 Texte écrit pour le thème du mois de juillet 2024 "Pornographie" du groupe fetlife "Passion Écrire" ---------------- # Porno \pɔʁ.no\ Adjectif. Relatif à, qui appartient à la pornographie ou à l'extrême violence. Caractère obscène d'une oeuvre d'art ou littéraire. Nom masculin. Film pornographique ou d'extrême violence. Représentation (sous forme d'écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l'intention délibérée de provoquer l'excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées Porno vice, porno star, sur le canapé les yeux ébahis. Je veux voir. Voir ce qui ne se voit pas. Toujours regarder, sans plus cesser. Des hommes, des femmes, des cris et des râles, simulés, amplifiés, réels, au-delà de l'écran, le néant, l'anéantissement de toute volonté. Le néant qui dévore sans fin, qui te mène en bordure de toi, qui t'empare et te désempare. Panti...

Je veux sucer

 J’aimerais sucer ma bite. Elle est douce, sa taille est sobre, elle est chaude et la caresser fait fleurir en moi toujours une sorte de quiétude, d’abandon serein et parfois d’excitation fiévreuse. Elle tient dans le creux de ma main. Le pourtour du gland est délicatement ourlé, il prend de l’ampleur après avoir joui. Elle m’apparaît démesurée dans le désir plein, lorsque je ne veux qu'une chose, jouir à n’en plus pouvoir. À la base du gland, le frein est formé d’un amas de chair, tendre et malléable, héritage de l’enfance et de la circoncision tardive, petit amas de chair aux sensations fulgurantes. Queue sensible à la moindre émotion. Je me saisis parfois du frein et le tire pour emporter toute ma chair. L'entrée du conduit urétral est une invitation à fourrer une langue. Lorsque la fièvre me prend c'est mon petit doigt que je viens parfois fracasser dans mon gland, l’aplatissant par le haut. Forcer le passage n’est pas une veine masturbation, dans ce délire là, quand il...

Deux peaux

 Deux corps exténués par la longue journée de marche. Ils ne se sont pas mélangés sur le chemin, se frôlant par instant, se touchant par accident aussi, s’éloignant, se retrouvant, tanguant au gré des pas, pris par la houle du mouvement. Deux corps, deux êtres singuliers, différents, se reconnaissant sans trop de mots et se trouvant par instant, se rapprochant pas après pas, le temps s’écoule en nuages, en pluie, en forêt d’eucalyptus, en chatagnier séculaire, en paroles confiées, en moments de vérité. La pluie tombe, sous l’abri, ils se plongent, prennent soin dans l’allongement du jour, l’un de l’autre. Del cielo cae agua. Lluvia poderosa. Lavame lamente con agua fria. Y saca la pena de mi memoria. Deux corps l’un contre l’autre après une journée sous les nuages au bonheur de trouver les choses belles, simplement belles, possibles, souhaitées, sans trop de mots. Dans l'alcôve, bercé par le fracas des vagues sur la plage, dans la chaleur réconfortante de la chambre, une peau contr...