Passé minuit les doigts dans le marc de café ou ce qu’il en reste, je ne sais rien lire de l’avenir mais je replonge dans le passé. Trois doigts, du petit au plus grand, passés sur mes lèvres, tous ornés de lumières en reflets. J’ai gravé en tes sillons un peu de l’eau que tu fais naître à ma bouche, épaisse et chaude, duveteuse presque. C'était après que tu eusses plongé ta langue entre mes dents, susurrant des sésames en petites graines sachant que tu voyais bien que, déjà, j'étais toute ouverte du dedans. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que nous allions succomber à l'envie au toucher de nos peaux pyromanes à la main dans ton ventre à la tienne aux entrailles de ma terre. Ce n'était pas encore mes doigts cajolant le fond de la tasse, époussetant rêveuse quelques grains éparses entre faïence et pulpe, c’était pleinement le débordement des grandes eaux et les traces de chair toutes abandonnées comme des morceaux entiers de nous triturés.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
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