Ta peau serpent engloutit mes derniers mots dans quelque chose qui les triture, les déforme, leur donne nouvelle forme et de ça je suis totalement liquéfié. Je deviens la lave qui s'écoule sur la croûte, ce n'est pas que j’en viens à l'effacement, non, c'est, je crois, une épiphanie. Je dis le mot sans le comprendre, sans être certain de sa définition, le cerveau et les plis du cortex encore sensibles de tes coups de queue, de ta langue animale, de tes griffures sur mon corps. Est-ce que je vais redescendre un jour ? Je suis dans ta peau, je m'y glisse si aisément et pourtant c'est difficile parce que cela me prend de toute part, cela m’emporte, loin et haut. Je me fonds en étant une version de moi au centuple, une boule d’émotions qui submerge et engloutit toutes mes pensées, je n'ai plus de limite, plus de barrière. Je me répands et devient la peau sur ta peau, la peau de lait que le feu fait frémir. Qui sommes nous, de quoi sommes nous faits pour être si puissamment assemblés disloqués quand je te sens, quand je te sens les aisselles, quand je renifle à grandes inspirations tes cheveux courts, quand je te mords te griffe, quand ma rage émerge et que la bête veut sa part sans pouvoir l’avoir ? De quoi sommes nous faits quand tu me fourres de tes doigts dans mon cul, dans ma bouche, quand de deux doigts je viens branler ton gland qui se cache au tréfonds de ta tanière. Ton terrier que je gratte et dans lequel mes mots fleurissent emportés par des eaux, l’eau de ta peau qui traverse la roche, l'eau de ta peau qui te stalactite qui illumine la nuit noire et que tu pars loin en résurgence quelque part. Une part qui se fiche dans mon ventre dans ma peau, une part qui prend toute la place de mes sensations. J’ai pleuré. J’ai pleuré de joie et de beauté, j'ai pleuré tant ce qui m’arrive dévaste tout ce que je croyais, tant j’ai peur du manque de ta peau qui va suivre, j’ai pleuré de l’immense cadeau de vie et de la dévastatrice jouissance sur ton sexe perdant toute assise et rentrant encore un peu plus dans la ferveur de ta peau. Toi qui est si beau, toi qui est si puissante et moi qui me niche en tout cela et qui devient beau et puissant à mon tour, creusant mon terrier dans les trous de ta peau dans leur moelleux et leur épaisseur, là où je sème des mots et des étreintes, des morsures jetées contre tes digues là où je fiche ma gueule enfouie entre tes cuisses, ma langue et mes doigts pour te dévorer la peau et te bouffer tandis que ta peau serpent enlace, force, prend, arrache. Ta peau serpent dissout le monde, elle gorge ma peau d'écume salée qui lèche sans cesse les rivages dantesques de ton littoral, @J0Y_ , ta peau île.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
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