Accéder au contenu principal

Il neige

14h22, il neige de minuscules flocons.

Hier je me suis demandé à quoi ressemblait l'étang de l'enfant des sortilèges sous la neige qui était tombée ces derniers jours. Il neige et j'aimerais être ailleurs.

Il neige et j'écoute le bruit imaginaire des flocons qui tombent. Il neige et je me revois gamin à jouer avec mon frère, avec ma soeur. Je me demande si c'est le souvenir d'une photo ou le souvenir de ma mémoire. 

Il neige et je pars dans cet ailleurs, loin d'ici, pas tout à fait loin d'ici.

Il neige et je me souviens de ce que je lui ai écrit alors que je n'avais pas encore 18 ans. Il neige et je me souviens de cette chanson que j'écoutais alors même que la neige tombait. Il neige et je me souviens de tous ces réveillons où la neige attendue n'est jamais venue. Il neige et je me souviens d'un week end tombé à l'eau pour cause de routes ardéchoises inaccessibles. Il neige et je me souviens du premier jour où j'ai écouté Who can you trust ? dans ce minuscule studio où nous venions de passer un jour de l'an dans un nuage de H. 

Il neige et je me dis que la neige c'est de l'espérance et de la nostalgie.

J'écoutais "Who can you trust ?" hier et ce matin, est-ce un hasard qu'il neige ? Il neige et je vois les montagnes, Belledonne, Charteuse, Vercors, des montagnes illuminées par les couleurs du jour et de la presque nuit. Il neige et je me souviens de mon premier jour grenoblois, un 17 mars 1994, il faisait une chaleur presque estivale et autour de nous les montagnes étaient blanches. 

Il neige et je suis ailleurs dans ma vie.

Il neige et je refais en luge la pente des 2,5 km qui me séparaient de l'école, était-ce l'hiver 88 ? Il neige et je suis chaussé de raquettes, je descend une petite pente vierge de toute trace. Il neige et je revois Eternal sunshine of the spotless mind. Il neige et je me dis que voir Paris sous la neige, s'assoir dans un parc en belle compagnie et regarder ensemble la neige recouvrir les rues d'une vie secrète et apaisante, ce doit être une belle expérience. 

Il neige et je reviens ici.

14h48, il neige de beaux flocons.



Commentaires

  1. il neige aussi ici . grosse tempête même!!!
    c'est souvent comme tu dis, un mélange d'excitation très enfantine, de nostalgie, d'émerveillement, de bonheur...j'adore surtout le bruit feutré des choses à ce moment là.ça m'apaise :)
    Vers 88 , il y a eu effectivement une tempête où on avait eu 80 cm d'un coup et en plaine c'est rare. du coup , vacances !!!! car impossible d'aller à l'école et tout le monde faisait du ski sur la nationale :)

    RépondreSupprimer
  2. Il neige chez moi aussi
    Mais ce qu'il fait froid dehors
    Lorsque j'étais petite , j'imaginais que les flocons c'était les étoiles qui tombaient du ciel pour voir comment c'était sur terre et puis lorsqu'elles fondait je me disais qu'elle remontaient au ciel.
    Elles sont froides car là haut il n'y a pas de soleil pour les réchauffer.
    La neige c'est vrais apaise, c'est surprenant ce silence comme si ce n'est qu'a ce moment là que l'on se sent vivre pour de vrais.

    On se fait une bataille? ....Rires!

    RépondreSupprimer
  3. Allez, je m'en vais rejoindre la Reine des Neiges et vous souhaite une bonne continuation, ici ou ailleurs.
    Profitez de la magie de l'hiver, de celle de Noël, de Jul...il vous reste le petit grain d'enfance sacrée pour cela ;)

    Un doux baiser sur le front, cher R.

    RépondreSupprimer
  4. Il neige ici aussi...Je suis inquiète, pour ce camion qui doit arriver tôt demain matin, et emporter toutes mes affaires vers là-bas, inquiète de faire la route, seule, avec ma chatte Juliette dans son sac de voyage, 3 heures de route pour une minette qui ne connait pas la voiture...

    Il neige...et je me souviens de l'hiver 1978, mon père me faisait des igloos dans le jardin, nous allions à l'école vêtus de combinaisons de ski, chaussés de snow boots, le petit chemin qui descendait vers la maison avait été tellement obstrué par les congères que ce fut comme des vacances hors du monde pendant 3 jours...

    Il neige...et je découvre le ski alpin, j'ai 6 ans, ce que je déteste c'est voir mes parents s'en aller skier sans moi tandis que je suis inscrite aux cours de la station de Crest Voland,je voudrais pleurer, dire que je ne veux pas,mais je ne peux pas.Et les autres qui se moquent de moi, la petite Belge parmi les Parisiens.

    Il neige, mais ensuite il va geler, à pierres fendre, ma Maman va chuter sur le verglas, entre Noël et Nouvel An. Elle n'a pas de mal, mais on la fait hospitaliser malgré tout...Épiphanie...Il neige à nouveau, mais moi je ne le sais pas. Je nais. Trop tôt, et mes premiers flocons, je ne les verrai pas, yeux fermés, petit poupon prématuré dans son cocon de plexiglas...

    Il neige, ça fait un bruit particulier, les flocons qui tombent, un bruit de boules d'ouate qui s'empilent mollement..Odeur de glace. Silence givré...

    Il neige...Demain aussi, je crois. Et je vais tourner 39 ans de ma vie, après un voyage qui m'emmène ailleurs, non loin de lui.Et il m'envoie des photos de sa ville sous la neige. La ville. Ma ville...demain...

    RépondreSupprimer
  5. Pour moi aussi, la neige, c'est des souvenirs... C'est peut-être parce que le froid et les flocons me donne envie d'être blottie dans des lainages chauds, dans des bras aimants... J'aime la neige...

    RépondreSupprimer
  6. @ Dita : en fait, je me suis complètement embrouillé dans les dates, ça n'était pas 88, j'allais plus à l'école, c'était plutôt 84 ou 85, ou peut être 86 et qui sait peut être 87 ???

    @ Elyne : j'aime beaucoup votre très belle histoire, j'espère que vous y croyez encore quelque part, en fait je n'en doute pas

    @ Gaïann : merci d'avoir accru ma culture générale et surtout ravi de voir que votre commentaire ne vous empêche pas de rôder encore par ici.

    @ Cassandre : je n'ai pas pris le temps de vous écrire, je vous prie de m'en excuser, j'espère que la neige ne vous aura pas trop embêté pour débuter cette nouvelle vie avec lui. J'ai vu que tout s'était bien passé, j'en suis heureux. Baisers

    @ Ange Solaire : vous savez quoi, finalement vu ce que déclenche la neige en vous, je crois que vous êtes née où il fallait !

    RépondreSupprimer
  7. Oui, tout s'est bien passé, et vous êtes tout excusé :-)

    RépondreSupprimer
  8. Ouf ! j'ai frolé la correctionnelle !
    :p

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Le chemin et la terra incognita

  Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...

Linoléum

Dans l'ambiance masculine du restaurant, je regarde ses yeux. Ils sont chocolats et me disent ce qui est écrit sur ses boucles d'oreille. A côté de nous, deux hommes et une vieille dame. Je partage avec elle une cervelle de canut et une salade de lentille. Port de moustache autorisé, je me mets à regretter l'ambiance enfumée qui a du accompagner ce lieu si souvent. Pourtant je ne fume pas, je n'ai jamais fumé. Elle parle, bien plus que moi et bien mieux que moi. Je souris. Ces cheveux roux me rappellent sa nuque, l'implantation de ces cheveux dans sa nuque que j'ai trouvée si belle quelques semaines avant. Je ne lui connais pas de collier mais suis certain qu'elle les porterait parfaitement. Soudain, elle m'interrompt, se lève. J'ai l'impression que tout ce que je peux dire de sérieux est terriblement ennuyeux et quelconque. Ça n'est qu'une gêne passagère, je suis bien. Mes yeux se portent sur ses jambes. Je ne distingue pas ses bottes...

Un monde en soi

Chaque chose était vivante. Chaque chose était mémoire. Chaque objet était une part d'elle. Chaque objet était elle. Elle était ces objets. Ils étaient elle, sa propriété, son domaine, son monde à elle. Disposer des choses était une nécessité absolue de sa vie. Les faire siens c'était maîtriser un monde, un univers qui lui était propre, univers secret, inconnu, inabordable pour quiconque n'aurait pas été dans sa peau ou dans sa tête. Qui saurait déchiffrer le sens que prenait pour elle cette large tête sculptée qui trônait fièrement à proximité de son lit ? Travaillée dans un bois de noyer aux teintes ambrées, cette crinière sauvage prenait à ses yeux l'écho d'une chevelure de femme s'ouvrant partiellement sur le front équidé d'un animal aux naseaux puissants et au regard fier, un regard porteur de mythes aux chevauchées et aux combats fantastiques. Qui pouvait comprendre que l'anthracite et le gris de lave des tapis épais qui gisaient en rectangles séq...