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Mon mal

J’exècre, fou de rage, je crie, je hurle mon désespoir, je cours, toujours courir, courir à me brûler les poumons. Aveuglé de larmes, aveuglé par ma folie, je me hais, je me déteste, crier, cracher mon mal, déchirures, explosions, violence. Un mur, mon poing serré, ongles plantés, chaires meurtries, je frappe, encore, encore, je me frappe, j’explose, je déchire mes cordes vocales, que ma voix disparaisse ! Ma main en sang, ma peau striée. Toujours pas de douleur, pourtant je veux souffrir, mon dieu, faites moi souffrir, arrachez moi la peau, labourez moi mes chaires, tailladez moi les veines, poignardez moi le ventre ! Pitié faites moi mal, rendez moi au centuple ce que je lui ai fait. Je ne la mérite pas, je ne mérite l’estime de personne. Je veux disparaître, ne plus exister, ne plus ressentir, ne plus faire de mal, ne plus…, plus jamais, je ne veux plus de moi, c’en est trop, je ne peux pas être comme cela, ce n’est pas moi.
 
Je crie, j’exècre, fou de rage, je hurle, je cours, je ne m’arrête nulle part, rien ne m’atteint, des pare-chocs m’évitent, écrasez moi, frappez moi ! Je vois la montagne, je veux grimper, j’entame ma marche vers le sommet, mes pleurs m’inondent, je garde le rythme, les muscles me tirent, mais ce n’est pas assez, je veux les brûler, les carboniser, ne plus penser, ne plus agir, marcher, marcher encore, toujours, plus haut, jusqu’au bout. La nuit m’envahit, sombre, il n’y a rien au bout, rien que de la violence, angoisse, oppression, tout cela par ma seule volonté. Non je ne te mérite pas, rejettes moi, tues moi s’il te plait, je t’en prie, prends ma vie, je ne veux plus te faire de mal ! Ce n’est pas moi, cet être immonde, pilleur, violeur, saccageur d’âme, pourfendeur de corps, te meurtrir pour le plaisir, mais je suis fou, qu’ais je fait ?… Je hurle ma haine de moi à m’en rendre sourd. Mes tempes battent le rythme de la marche, pente abrupte pour un sommet de vertige.
 
Fou de rage, j’exècre, je hurle, je crie, le sommet, enfin… tout s’arrête, tout doit s’arrêter, je reprends mon souffle, je veux que ce soit le dernier, je contemple la ville endormie, des lumières de feux, des nuées de fous, et moi le roi de ces fous, le monstre le plus vil, avide de toi à me perdre à jamais. Je prends, je me sers, je te prends, je ne demande rien, je ne te donne rien. Rien, voilà ce que je suis, rien, une merde, une sombre merde qui ne pourra jamais être digne de toi. Toi, si belle, si innocente, si douce, si fragile, si pure et moi qui te détruis en intraveineuse, je distille mon mal, tu te dissous en moi, je plante mes crocs, je te vide de toute substance, te vampirise, te manipule, te fouette, t’humilie, t’annihile. Je suis ton Maître, ton poison, je suis un fou, fou, c’est tout, c’est simple, c’est moi, rien à faire, rien, non, plus de suite, juste une fin, là maintenant !

Je hurle, fou de rage, j’exècre, je crie, me conspue, je suis faible, je veux mourir, disparaître, le néant, je ne dois plus te voir, plus personne, je n’ai qu’un pas à faire, le saut, un si petit pas et enfin tout s’arrêtera, tu renaîtras, tu retrouveras ta liberté, tu m’oublieras, tu regarderas l’avenir, tu reprendras pied, tu soigneras les cicatrices que je t’ai infligées. Tout à l’heure je voulais être toi, je voulais fusionner, toi plus moi, juste un. Pour cela je t’ai attachée, caché tes yeux pour ne pas les voir comme à chaque fois, j’ai écarté tes jambes, accroché tes liens, tes chevilles à chaque pied du lit, tes mains, tes bras tendus à l’extrême, X, tu étais en croix, mon calvaire. Tu étais confiante et apeurée, tu me connais jamais je ne te ferai de mal, et pourtant combien de fois t’ais je humiliée, ignorée, rabaissée, violentée ? Et pourtant je te fais du mal ! Et moi, queue dressée, membre dur, et toi mouillée, humide, fiévreuse. Mais qu’ais je fais ? Sur quelle rive t’ais je donc conduit pour avoir pu te piller à ce point impunément ? Quelle est cette folie qui m’inonde à chaque fois ? Je deviens fou, je suis fou. Cette fois je voulais, te prouver que tu étais mienne, que toi c’était moi et inversement, je voulais me prouver que j’en étais capable. Maintenant j’en vomis, il faut que tout ressorte.
 
Je crie, j’exècre, fou de rage, je hurle, j’ai pris notre fouet aux lanières de cuir, j’ai caressé d’abord, puis j’ai levé mon bras, sur tes seins, sur ton sexe, ton ventre, tes cuisses, tes bras, j’ai frappé, frappé, encore, toujours plus cinglant, toujours plus violent, plus profond, rose, rouge, sang, mon bras m’en faisais mal, tu criais ta douleur mais tu ne voulais pas que je m’arrête, continues ! Continues ! Je t’ai caressée, un fleuve, mon dieu, tu ne peux pas ressentir de plaisir, c’est impossible, je te frappe et toi tu m’aimes. Je suis fou, immonde, cabossé, un monstre, laid. Enragé, je t’ai prise de toute la puissance que j’étais capable, tu criais ton plaisir, mais pourquoi ? Pourquoi ? Je t’ai giflée pour que tu te taises, et toi tu continuais à jouir, et moi j’ai joui comme jamais, si fort, si intensément, tu es ma drogue, mon mal, mon héroïne, je suis ton mal. Mon dieu je t’ai frappé comme ses hommes vils, faibles, violents, lâches, ce n’est pas moi, ce ne peut pas être moi, et pourtant je l’ai fait, c’est moi, rien d’autre, non rien…

Une brise légère, je ne peux plus, un pas, et le vide…

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