Ce texte est issu d'un ouvrage d'Hélène Darroze, l'un des plus grands chefs français de sa génération, ouvrage intitulé " personne ne me volera ce que j'ai dansé ". Toute la nuit j’ai redouté la lumière du jour parce que je savais qu’à ce moment là je réaliserais que, la déraison passée, il faudrait assumer une relation qui serait condamnée par avance. Par les autres d’abord, pourquoi pas par nous un jour aussi. Je me souviens de tout, de la lenteur de tes gestes, de la tendresse de tes mots, je me souviens d’avoir été étonnée par l’extrême douceur de ta peau, par tes cheveux fins qui glissaient entre mes doigts, par tes yeux sombres brillants de désir comme je ne les avais jamais vu et que pourtant je pouvais à peine regarder en face, peut être par peur de prendre entièrement conscience de ce que nous faisions. Je me souviens aussi d’avoir été surprise au petit matin parce que j’étais heureuse d’être contre toi, que je ne m’étais jamais sentie tant à ma...