Trois
jours. Trois jours, trois matins. Trois fois ma main droite sur mon
sexe. Déposer le laiteux dans ma paume. Droite. L'apposer au bas de mon
ventre. Sensation froide sur ma peau, vite oubliée, vite absorbée par
le 37°2 du sang qui me donne vie. Plaquer la main gauche, rejoindre la
droite. Appliquer. En cercle s'éloignant de leur base, recouvrant mon
corps de traces blanches, mousses éparses sur ma nudité, deux mains qui
caressent. Circuit quotidien. Remontant mon corps pour venir au siège
de mes pensées, hypophyse stimulée, libido mode on, coulant sur mes
épaules pour tomber vers mon cul. La main gauche poursuis sur les
jambes, revient dans mon cul. La main droite ne s'est pas perdue. Elle
a pris queue. Ne la lâche plus. Elle serre la base, ne monte pas,
rétracte le membre, fait gonfler les bourses. Je sens une boule de
sensation. Infime mais déjà irradiante. Elle assiège mes songes et les
éclairs se font.
Toi.
Femme des légendes. Je te montre un arbre, un arbre au tronc fin, un
chêne, il rompt la pente et recueille derrière lui trois bûches. Sa
peau est râpeuse et tu l'enserres. Je baisse ton vêtement ample.
Décidé, je baisse ta culotte de jeune fille. Et ta lune se fait
caresser par l'astre automnal, juste pour nous. Derrière nous le ponton
et l'étang. Une branche blanche, légère, rigide. Trois fois. Trois
marques sur ton cul. Six parures rouges, blanche entre les parallèles.
Le bois se rompt. Je regarde autour. Je romps une branche, l'effile,
l'effeuille. Tu n'as pas bougé, tes bras t'unissent à la sève. Tes
lèvres dégorgent de jus. Je fouille en toi. Trois fois encore. Trois
coups cinglant, brûlant et ton corps qui ne tient plus sa place. Je
t'assois sur les bûches et je me branle face à toi. Mon sexe ample. Mon
gland gorgé de sang, de plus en plus. Regarde. Ma droiture. Je
contracte mes muscles, tend la peau et m'échappe en jets qui viendront
heurter ton haut noir. Blanc immédiatement bu par le tissu.
Inauguration. Je fais couler mon lait dans ma paume gauche. Ma main
droite serrant la base. Ma main regorge de vie, déborde et inonde le
sol. J'entends les goûtes tomber dans les feuilles mortes.
J'entends
les gouttes se noyer sur l'émail de la douche. Mes pieds ont pris une
couleur bleue. Écho des veines saillantes de ma queue encore animale,
assaillie de vie. Le gland est rouge, ma peau est rouge, une mousse
blanche parsème ma main, une écume entre le pouce et l'index, je
recouvre doucement mon souffle. La chaleur n'est plus en moi, elle est
en dehors, sur ma peau. Contraste avec la fraîcheur de la salle de bain
refroidissant eau et mousse sur mon corps. Je reprends le jet. Rince ma
peau pour devenir propre. Arrêt. L'eau ne coule plus que sur mon corps.
Je plie les bras, ramène mes mains sur mes épaules. Des gouttes roulent
sur mes avant bras, courent jusqu'aux coudes, je les place au dessus de
mon sexe et des gouttes fraîches viennent mourir sur mon sexe gorgé de
vie et de chaleur. Tu es là, ici, en moi, avec moi et pourtant tu vis
ailleurs.
Photo interceptée chez l'Aphrodite