En pleine infusion de l'insoutenable légèreté de l'être, je me mets à tourner les pages de mon livre de poche. En une de couverture un Picasso aux reflets lugubres. A regarder de loin je n'y verrai que des couleurs. De près c'est l'éphémère, la mort. L'éphémère devient léger, pourtant la mort est lourde. Je suis assis sur le canapé et je n'y suis plus. La lecture m'accorde de la distance avec l'extérieur, elle me rapproche de mon intérieur. Un leurre ? Peut-être. Pour Franz, la plus grande des vertus est la fidélité. Pour Sabina, c'est la trahison. Pour elle, la trahison c'est être fidèle à soi, c'est vivre sa liberté. Pour Franz, la fidélité c'est être fidèle à soi et aux autres. Ess muss ein, il le faut. L'impératif diffère selon nos personnalités, nos histoires. Aujourd'hui j'ai l'impression que mon impératif est un brin schizophrène. La plus grande des vertus est (était ?) impérativement pour moi la fidélité, pourtant ma liberté semble aujourd'hui (demain ?) impérativement passer par mes trahisons. Serais-je plutôt un fidèle infidèle ou un infidèle fidèle ? A moins que je ne sois ni l'un ni l'autre. Je tourne les pages et tout m'apparaît limpide. Je ferme le livre et tout redevient opaque. Je suis légèrement ailleurs lorsque je le lis, et lorsque je pose le livre je redeviens lourdement ici comme une deuxième vague qui après la réflexion vient atteindre la sensation. L'âme et le corps, voici venu le théâtre de Théreza.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
De la "théorie" à la "pratique", il y a souvent un gouffre qui se nomme "contextes". C'est beau de considérer la trahison comme une vertu mais allez expliquer cela aux gens que l'on trahi. J'ai une démarche un peu similaire et une réflexion poussée sur l'idée de trahison depuis quelques jours (c'est curieux que cela apparaisse dans votre blog aujourd"hui). A l'heure actuelle, je sais que pour accéder à une forme d'accomplissement personnel, je vais être obligée de trahir des personnes (je ne parle même pas de trahison amoureuse) mais c'est le seul moyen pour ne pas crever avec des chaînes aux pieds... les trahisons, les gens s'en remettent et selon certains psychologues (rares), elles sont saines.. Oui, oui.
RépondreSupprimerJe ne sais pas quelle est pour moi la plus grande vertu mais la fidélité me semble totalement utopique maintenant que j'ai découvert beaucoup de plaisir dans l'infidélité. Je ne me sens aucune obligation à l'être. C'est plus un besoin vital pour me retrouver et continuer à avancer.
RépondreSupprimerUne liberté un peu entravée si on réfléchit à tous les compromis et le jonglage que cela entraîne. Mais c'est tellement satisfaisant que ça en vaut la peine.
D'ailleurs la lecture de bienheureuse infidélité m'a conforté dans mon opinion. A lire.
Pas toujours si bien heureuse que ça... Je connais le livre et je reste dubitative, bien qu'étant moi-même infidéle à mon conjoint.
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