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Les petites boites

Elles n'appellent rien, semblent anonymes. On les dit carrées, pourtant elles sont rectangles. On les dit surannées, pourtant elles seront toujours dans nos esprits. Ces petites boites que nos grand-mères utilisaient pour y mettre le chocolat meunier à donner aux petits enfants, ou les carreaux de sucre pour le café des grands. Elles m'ont fait voyager, les dentelles du Puy, les madeleines de Nancy, la tour Eiffel, l'arc de Triomphe, Carcassonne, le vieux port, des paysans en sabots, aux coiffes des bigouden, des lys d'or sur fond bleu à ceux noirs de la Bretagne. J'aimais ces petites boites pour ce qu'elles m'offraient de secret, d'imaginaire. Quels secrets renfermaient-elles en réalité ? Je les voyais sur l'étagère qui longeait le poêle à bois d'un trait souligné de fausse dentelle en plastique un peu gras. Il y avait dessus les petits pots d'un blanc de porcelaine de Limoges ou sans doute d'ailleurs, des roses délicatement dessinées, ici des campanules au bleu violet, comme figée dans le temps qui passe. Il y avait encore ces quelques boites que l'on ouvrait en s'efforçant à dépasser la légère résistance du pli métallique et ce petit bruit si caractéristique qu'il me serait difficile de parvenir à le décrire. Lorsqu'elles s'ouvraient c'étaient toujours des parfums sucrés, des odeurs d'enfances qui se mêlaient imperceptiblement à l'odeur légèrement rance des nappes en plastiques et des meubles en formicas, une odeur citronnée, comme le jaune exceptionnel du sirop de citron de l'Abbaye d'Aiguebelle, ou son pendant rouge grenadine à verser dans les verres arcopal ou durex. Ces petites boites, elles sont un peu de mon enfance, comme le clown triste qui ornait l'appartement de mon autre grand-mère, ou les dessins de Peynet d'une époque qui s'estompait au fil des jours. C'est une de ces petites boites qui hier m'a emportée loin faire un voyage sur les hauteurs du Taj Mahal pour finalement me ramener sur les marches de la butte Montmartre, sous les marches de la belle basilique gardienne des cœurs. J'étais sous le soleil, et je m'y suis allongé, j'étais à Paris sur les pentes engazonnées, je me suis échappé de la foule des beaux-jours pour vivre un tête à tête avec ce lieu, j'ai regardé de loin les vies des passants, de ceux qui montaient les marches comme de ceux qui communiaient en ce temps pascal. Je n'y étais pas, mais j'étais dans votre regard, cherchant à prendre de la hauteur, à imaginer toutes ces vies. Plus tard je me suis endormi, la tête dans les pissenlits, les yeux perdus dans le bleu du ciel. C'était une belle journée. Une journée simple à rêver.

Commentaires

  1. Ce blog est une petite boîte. Une boîte furtive, où chaque clic découvre un univers. Une photos instantanée à ranger rapidement dans la boîte à souvenirs de notre mémoire. Une boîte à poésie aussi éphémère qu'un coucher de soleil, aussi impalpable d'un paysage qu'on ne saurait retenir. Une boîte à rêve dont le souvenir s’envole le matin au réveil.

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  2. et une boîte dans laquelle j'ai égrainé des fautes d’orthographe :$

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