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Le partisan

Sous le Sénépi, aujourd'hui, il y avait une tombe, un peu plus haut que la dernière ferme de la route. Deux hommes Mandel et un Steiner assassinés par la barbarie nazie un 30 mai 1944. Étaient ils liés à la ferme plus bas, étaient ils au Vercors ? La tombe est sur le bord du chemin, c'est une longue route bordée d'arbre, une longue route où l'on ne distingue plus les paturages, le soleil donnait de belles percées. L'air était chaud sans être chaud, il était doux et serein. Le bourdonnement des insectes était il le même il y a 75 ans ? Quelle était la quiétude et la fraicheur de l'air ?
 Mon grand père paternel avait déserté pour s'engager dans le maquis du Vercors. Je me souviens d'une photo de lui, avec le béret tombant façon chasseur alpin. Je n'ai pas connu ce grand père là, il est mort d'un cancer alors que j'avais quelques mois. Mon père ne m'a jamais rien dit de lui. Mon grand père maternel lui n'a pas fait cette guerre, ni aucune autre, il était soutien de famille. Son père n'étant plus il s'occupait des autres frères et soeurs de la famille. Il est décédé alors que j'avais 23 ans. C'était un homme bon, un homme simple. Je ne sais pas s'il n'a jamais pu s'acheter de tracteur ou s'il n'en a jamais voulu. Il allait labourer la maigre terre du Serre ou de l'Ubac avec ces deux boeufs et sa vieille charrue. J'ai connu les boeufs, leur étable sous la feunière, la maison perchée au dessus de l'Eyrieux. Il faisait la sieste dans les champs ou sur une grande pierre, toujours son litron de rouge dans son bleu de travail. Je crois qu'il était un peu dans son monde à lui. Ma grand mère, elle, s'occupait de tout. Un homme qui se laissait rêver, voilà ce qu'il est à ma mémoire.

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