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Je suis un monstre

Face à la glace, nu. J'ai tondu la barbe. Cette barbe blanche, châtain, parsemée d'éclairs roux. Je suis plus laid ainsi. En ce moment, lorsque je ferme les yeux. Je vois des visages d'hommes. Menaçants. Souriants. Ce sont des monstres. Ils ricanent. Je ne dors plus. Je passe mes nuits sur le canapé. Je me branle devant des films pornos. Tout y passe. La nuit, je ferme les yeux et je les vois. Je suis comme eux. Je suis un monstre parmi les monstres. Je me caresse pour les faire fuir. Ma main sur mon sexe dur. Et cela marche, ils disparaissent dans ma nuit. Se transforment en lapin. En bottes de carottes et betterave rouge. En chats aussi. En lune. Je les vois elles, et j'oublie que je suis un monstre. C'est le plaisir que m'offre le contact de mon sexe frotté contre mon slip. Je suis allé brûlé le sapin. C'est la première fois. Je l'ai chargé dans la voiture. Je devais l'emmener en déchetterie. C'est ce que j'ai dit à ma femme. Elle jouait avec les enfants. Sur le trajet, j'ai fait un détour parce que je suis un monstre.
Je suis allé frapper à la porte de la rue Pablo Neruda. Elle était là. Elle m'a ouvert. Surprise. Je me suis jeté sur elle. J'ai senti ses seins durs contre mon torse. Son haleine chaude contre ma peau. Ses seins refaits pour combler l'âge passant. Je n'ai pas eu grand chose à faire. Elle a dégrafé ma ceinture et a sorti mon sexe pour le sucer. J'ai joui vite dans sa bouche. Je ne sais pas qui elle est. C'est une femme vulgaire. C'est une mère. C'est une épouse. C'est une femme aimante qui aime le parfum de ma ceinture. Elle était dans ma main ensuite et j'ai frappé son cul avec. J'ai inventé un petit jeu auquel elle se prête avec avidité. Sur le trajet qui me mène chez elle, je passe devant un radar qui affiche la vitesse, j'essaye d'aller le plus vite possible. Elle recevra le nombre de coup qu'affuchera le radar. Cette fois je suivais un tracteur. vingt trois coups. J'ai frappé et cela m'a fait bander. Je suis un monstre parce que je suis tout ce que je n'aime pas. Cela me fait bander. Cela me fait baiser. Toutes me disent que je suis un homme bien. Un homme parfait. Un homme merveilleux.
Plus elles le disent plus je m'éloigne. Je ne suis pas un homme parfait. Je suis un monstre et c'est ce qu'elle demande de moi. Que je prenne sans façon. Que je vienne sans prévenir. Que je fasse ce qui me plaira. Que je lui pisse dessus. Que je lui fasse bouffer mon cul merdique. Que je lui gicle sur le visage en lui demandant de laisser sécher et d'aller faire ses courses tout à l'heure comme cela. Que je lui crache à la gueule. Tout pourvu que je fourre ma petite queue dans sa bouche. Dans son cul. Dans sa chatte. Tout pourvu que je la foutre avec ma bite dure ou molle, avec les doigts, ma bouche, mes mains, ma langue. Quinze ans de plus que moi. Elle est vulgaire et elle me plait. Elle n'est pas intelligente et elle me plait. Elle est sans charme et elle me plait. Je suis un monstre qui l'esprit seul trompe. Ment. Fomente. Je suis un monstre qui se nourrit du vice, du vide. Je ne suis rien dans ces moments là. Pas le type que j'aime. Pas celui que j'aimerais être. Avant de repartir de chez elle après, je lui ai enfoncé ma queue une dernière fois au fond de sa gorge, jusqu'à la faire vomir. Jusqu'à ce que j'en jouisse. Elle s'est branlée ensuite. Et elle a joui. Nous avons léché ensemble la flaque qu'elle avait fait sur le carrelage froid.
Nous avons ri. Nous avons pris un café. J'ai croqué quelques caramels qu'elle avait préparé pour la Noël. Nous avons parlé des fêtes passées. Dans sa cuisine la télé diffusait un jeu télévisé. Nous étions dans son salon. Sur le canapé de cuir beige. Son mari allait bientôt rentré. Elle ne fait plus rien avec lui. A côté du canapé, il y a ce renard empaillé. Cette horreur qui me rappelle ces animaux de mon enfance. Elle le jetterait volontiers, mais son mari y tient. Je l'ai embrassée en fourrant ma main entre ses cuisses. Je n'ai pu m'empêcher de la branler. Je suis parti.
C'est en approchant de la déchetterie que j'ai eu l'idée de poursuivre ma route. Je me suis arrêté au magasin de bricolage. J'ai acheté de l'alcool à bruler. Plusieurs litres. Et des allumettes. J'ai repris la route vers un chemin de terre et j'ai roulé jusqu'à ce que la piste cesse. J'ai sorti le sapin du coffre. J'y ai foutu le feu. Et j'ai regardé. Le regard vide. C'était beau. Cela crépitait. Cela chantait. La pensée est revenue. Je suis un monstre. Je suis un monstre. Je suis un monstre. J'ai sorti mon sexe pour faire taire ces pensées. J'ai pensé à elle. J'ai pensé aux autres. Et je me suis branlé longtemps, jusqu'à ce que tout ai brûlé devant moi, jusqu'à ce que mon foutre jaillisse et s'échoue dans la cendre chaude. Alors, je me suis agenouillé. J'ai plaqué mes mains contre les cendres, j'ai pétri mon foutre. Et j'ai porté mes mains à mon visage. En hurlant. En pleurant. Me prenant la tête. Me tirant les cheveux. Le hurlement d'une bête blessée. J'ai divagué vers le cours d'eau glacé que j'entendais sur ma gauche, à travers le petit bois. Sanglotant. Glissant. Me rattrapant. Barbouillé de cendres. Me griffant le visage des branches mortes. Je me suis assis là. Le nez plein de l'odeur du feu et de la mort. Une biche est passée et m'a regardé. Elle n'a pas fuit. Je ne suis pas un homme. Je suis un monstre.

Commentaires

  1. C'est très beau ce Monstre, un Mr Hyde, et seulement Hyde.... En plein jour aussi, c'est beau le foutre et la cendre...
    L'histoire de la Dame au foyer, visitée et abusée en passant, il me semble bien l'avoir déjà lue dans une autre version, dans le temps et ailleurs, toujours chez toi et de toi.....

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  2. J'ai bien fait de repasser par ici

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