Remake de l'extrait d'un chapitre de 50 nuances
Je sursaute. Cela me cuit. Je retiens un juron. Un juron de plus. Putain, qu'est ce que cela me porte loin. Un autre coup. Un autre. Au dernier contact sur ma peau, la branche flexible et verte se casse. Le bruit reste gravé dans ma peau. Je le regarde faire. J'aime le regarder faire. Il me tourne autour. Ses pas bruissent dans les feuilles mortes qui jonchent le sol à l'odeur d'automne. Il a choisi son arbuste. Sans le moindre effort, il casse une courte branche, flexible, souple. Il en fend l'air. Je vois dans son regard le jeu. Le plaisir du jeu. Peut être aussi, et finalement sans doute, le plaisir d'imaginer ce qui va suivre. Me violenter, me torturer. Il bande. Son sexe paraît lourd. Sanguin. Veiné de toute part. Dans la lumière du la nuit étoilée, un objet étrange, doté de sa propre vie. Je crois voir des gouttes tomber au sol tandis qu'il s'approche à nouveau de moi. Je savoure ce spectacle. Je savoure ce qu'il va me mettre. Ce qu'il va me faire. Et cela fuse sur moi, par petit coup, par petite touche. Une pluie fine recouvrant mes hanches, mon ventre, l'orée de mes cuisses, mon clitoris, je regarde sa main large tenir la baguette de bois aussi délicatement qu'une plume. Je regarde les muscles épais de son avant bras couvert d'une toison brune. Cette vision et cette sensation finit par m'emporter loin dans mes cris de jouissance. Offerte à ses griffes. Offerte à la nuit lunaire. Toute au plaisir de mes cris, bercé par cette jouissance subite mon corps fléchit. Rattrapé par ses bras épais, je n'ai pas le temps de tomber.
Il n'a pas fini. Il a faim. Très faim. Le voilà qui me plaque contre le large tronc du hêtre centenaire. Il cale mes jambes sur ses hanches. Deux colonnes poilues. Deux colosses de Rhodes. L'une de ses mains glisse dans son dos pour cheviller mes jambes et les refermer sur ses propres hanches. L'autre tient fermement mes poignets haut contre l'arbre. L'écorce s'enfonce en moi sous le poids démesuré de sa contrainte. Sa bite trouve d'elle même le chemin de mon sexe béant, ouvert, prêt à l'accueillir, le désirant plus que tout, espérant qu'il me déchire, m'ouvre de part en part, priant pour que mon buste s'écorche à en saigner contre la vieille parure du hêtre. Je veux prendre racine en lui. Voir ce qu'il a vécu. Rester sous la pluie à encaisser les tempêtes, la morsure du froid, la chaleur étouffante, le feu. Le feu aussi. Celui de mon ventre. Celui de son sexe qui maintenant me pilonne, m'arrache de nouveaux cris. Cris de femme. Cris d'enfant. Cris d'horreur. Cris au delà de la honte. Cris des premiers temps. Ses feulements. Je ne peux bouger. Et lui pilonne. Pilonne. Pilonne. Je m'abandonne à ses feulements. Mon regard se perd dans ses yeux noirs. Des yeux dans lesquels je vois des flammes. Flammes noires. Son visage est laid. Simplement horrible. Il est un diable atteint d'un cancer de la face. Mais il me baise. Il me baise avec tant de déchaînement et de diableries que sur sa corpulence démesurée, sa laideur se fait beauté étrange. Hypnose rythmée par les coups de boutoirs qui me heurtent, m'écrasent, me sondent profondément. J'entends son souffle. Je le vois s'extirper de l'écume de sa gueule difforme. La vague déferle de mon ventre et m'irradie toute en puissance. Je me fonds dans la nuit des temps. Il ne bouge plus. Pourtant, en mon antre, je le sens croître encore. Plus long. Plus dur. Plus épais. Brûlant mes entrailles. Il se retire subitement sans que ses mains ne lâchent leur proie. J'en ai le souffle coupé. Je me sens béante, vide. Son sperme tombe sur le sol en grande quantité. Il nourrit l'arbre. Il chemine à travers les feuilles mortes pour trouver enfin tels des lombrics aveugles la terre noire et visqueuse. Ses mains me lâchent. Je tombe au sol. Dans ma chute l'écorce rêche ouvre des plaies fines dans mon dos. Cela me pique, fourmille, me rappelle que je ne suis pas encore morte. Qu'il reste encore à faire. Voilà la trace ténue de l'idée qui m'habite. Il lui reste encore à faire. Je m'échoue pourtant presque sans vie. Par terre. Je ressens une chaleur, celle de son corps, massif, chaud, douceur de ses poils contre mon corps éteint sur le lit de feuilles. Il m'enveloppe totalement. Et je sombre. Ailleurs.
Je me réveille en sursaut. Combien de temps ai je dormi. Quelques secondes ? Quelques minutes ? Plus ? La nuit est toujours là. Massive. Les muscles saillants. Une corpulence démesurée. Il vient de me mordre. Le cou. Il ne me lâche pas. Ses dents serrent. Plus cette tension s'accroît, plus je sens mon sexe s'humidifier. Sa paume large et rugueuse fouille ma chatte. Le clapotis de l'étang boueux et trouble, voilà ce que j'entends. Je veux y voir mon reflet. Je n'ai plus de force pour cela. Je voudrais dormir. Je voudrais qu'il me baise pendant que je dors. Je voudrais qu'il me force quand je ne veux pas. Que la bête me satisfasse quand je le désire. Que le monstre me déchire quand je veux souffrir. Il me positionne à sa guise. Dans ses bras, je ne suis guère plus qu'un fétu de paille auquel il va mettre le feu de part en part. Le cul bien en l'air. Les épaules touchant le sol. Mes mains se calent contre un châtaigner. Des bogues viennent se planter dans ma maigre poitrine. Il se saisit de ma tignasse pleine de boue et de brindille. Tire ma tête vers l'arrière. Je m'ouvre avant même qu'il ne cherche à faire sa trace. Puis, en un coup sec, je le sens vriller en moi. Je hurle de douleur. Sa queue bestiale grouille de mille façons dans mon cul, elle croît, elle rampe, elle s'accroche. J'imagine les piolets d'un grimpeur venant dégager le schiste friable pour se prendre sèchement dans la pierre dure. Chaque coup le propulse plus loin en moi. Jusqu'où ? Je suis pleine. Il râle. Des filets de bave viennent caresser mon dos et pénètrent dans le rouge de mes griffures. Soudain je suis prise de panique. Je veux partir. Je veux que cela cesse. J'ai peur. J'ai horriblement peur de ce qui vit en moi. Mais son sexe est rivé au mien. Deux cadenas accrochés l'un à l'autre. Mon corps me résiste. Je gratte la terre. J'essaye de me dégager. Cela m'est impossible. Ses mains velues claquent mon cul, mes cuisses, mes épaules, il ne lâche pas sa prise. Les mouvements de son bassin massif accélèrent, son dos se voûte, noueux, monstrueux, il devient plus grand, plus large, à moins que je ne rapeutisse. Je sens son odeur de bête. Bête puante. Odeur de pluie mêlée aux poils. Odeur de cave et de fruit mûrs d'alcool. Pleine de son horrible queue et de son foutre brûlant, de mon cul à ma nuque, ma tête se libère de l'étau de la peur et mon esprit éclairci s'extasie désormais de cette étrange béatitude à venir. Celle qui pointe. Celle qui émerge de mon terreau fertile. La joue contre les feuillages, le visage empourpré de terre grasse, dans le silence de la nuit, mon corps se met à vibrer de son propre silence. Prise de tremblement, ses hurlements de bête fauve me terrassent définitivement et sans nuance.
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