Grande Terre 1878 Nous sommes à bout. Les français nous étouffent. Ils ont volé la terre. Le lien avec notre terre est indéfectible. Il est en nous. Dans les cases, entre les clans, au cœur de la mangrove, dans le lagon, les profondeurs de l'océan, dans notre terre, dans la forêt, sous les pierres, dans le règne animal, tout nous relie par le sol que nous foulons, la terre que nous creusons pour l'igname, l'eau qui inonde le taro, le feu qui brûle dans nos cases, la nourriture que nous prélevons, le vent qui porte la poussière, nous appartenons à la terre. Les français viennent de nul part. J’ai entendu parler du récit de ceux qui ont été montrés là bas. Ceux qui ont vécu les étranges saisons de leur pays. Ils ont parlé à nos clans, à nos ancêtres. Ils nous ont dit la cupidité décuplée, les cases de pierre froide et plus grande que nos grands kaoris, cités obscures, les fumées des cheminées gigantesques, les femmes qui se payent, les enfants qui n'appartiennent ...