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Vint le déluge

 Nos mains s'effleurent tandis que nous marchons côte à côte. Elles jouent de caresses discrètes parce qu'ici nous n'avons pas d'autres choix que de ne rien montrer. Le désir monte, doux et haut. Le désir bat, rythme nos pas et s'électrise lorsque la tranche de ta main vient se coller à la mienne, ton petit doigt cerclant un bref instant le mien. Il y a du monde, beaucoup de monde autour de nous. Sur l'escalator je reste deux marches derrière, je regarde ton cul ample et généreux et vient l'envie d'y enfouir ma tête jusqu'à ce que tu viennes à m'étouffer dans une ultime jouissance conjointe. Tu le feras un jour, et il faudra que je me force à ne pas me laisser mourir de ce plaisir pour te signifier de me donner de l'air. Je passe devant et tu me suis. C'est moi la putain, le gigolo qui va te baiser. Et tu vas me payer. Je ne te demanderai pas de me payer, mais tu vas le faire. Oui, tu vas me payer, cher. Parce qu'il en a toujours été ainsi toi et moi. Quel sera le prix que tu fixeras après nos ébats ? 50, 100, 200, plus ? Je compte bien fixer sans le dire un tarif que tu ne te seras jamais permise. Mieux, peut être me donneras tu ta carte bleue en susurrant à mon oreille de retirer ce que je veux.

J'ouvre la porte de la chambre d'hôtel que j'ai réservée pour l'occasion. Chambre grand luxe pour quelques heures. Lorsque tu refermes la porte, je suis déjà contre toi, la queue tendue au travers de mon jean venant se lover contre tes fesses, te plaquant contre la porte, te baisant déjà sans même baiser. Je veux que tu me payes bon prix parce que j'ai bien l'intention de te baiser salement et de te baiser joliment. Je vais t'offrir le déluge. Ma main droite empoigne tes cheveux et serre ta tignasse raide sans même la tirer en arrière, fortement, et déjà tu gémis. Ma main gauche s'enroule à ton cou et resserre le noeud, et déjà tu gémis.

Serre. Serre. Serre. Serre. Voilà ce que tes lèvres laissent glisser amoureusement. L'enlèvement de la princesse et son meurtre, cela ferait de jolis titres en ville. Tu en jouirais en un ultime râle, une ultime jouissance, explosion inégalée et à jamais inégalable. Je pourrais aller jusque là, et folle d'ivresse comme tu es, tu t'y laisserai conduire toi aussi, mieux, tu me le demanderai, tu me prierais pour cela, moi dieu Hadès pour cet instant. Putain de pensées déviantes, elles m'envahissent, elles grossissent en moi jusqu'à prendre toute la place de ma foutue tête, jusqu'à venir bander mon corps dans ses moindres interstices, il faut que j'évacue cela parce que j'ai peur en effet d'aller en une ultime folie jusqu'à passer à l'acte, au delà de  l'acte, te tuer vraiment. Alors je desserre enfin ma main sur ta gorge, il y a dans ton râle un regret, il y a entre tes cuisses un fleuve, peut être même un océan. Je te retourne, te gifle et te crache dessus, rapproche mon visage du tiens et mes lèvres se mettent à baiser les tiennes, ma langue lèche ton visage, la commissure de tes lèvres, tes joues, tes oreilles, tes yeux, ton nez. Je lèche. Ton nez coule et je le lèche. Tes yeux pleurent et je les lèche. Je place ma bouche contre ton nez, mes deux mains enserrant ton visage et je te bave dessus, et te voilà à gémir encore, et te voilà à frôler la jouissance par cette seule salive qui se met à couler sur ton visage, tes joies, ta bouche, ton menton, ton cou. M'aimerais-tu si j'étais un chien bavant à n'en plus pouvoir, éjaculant sans discontinuité, te fourrant de sa queue difforme ? Parce que je suis un chien ! Un putain de chien dépravé ! Un putain de monstre qui va finir par nous engloutir toi et moi, jusqu'à la mort. Je te baise. Je te bave. Cette bave que tu cherches à recueillir en ouvrant ta bouche comme une auge à remplir. Je colle ma main entre tes cuisses sur le tissu élastique de ton legging et je te branle comme cela ma petite branleuse, mon pantin à ma guise. Je tire les ficelles de tes désirs délicats et nourriciers parce que tes pensées sexuelles suppurent à n'en plus finir. Qu'il est bon de lécher tes plaies, d'aspirer ton pus. Comment veux tu que je te résiste ma petite chatte ? Viens, viens, suis moi, suis moi dans la vaste salle de bain. 

Agenouille toi et regarde moi. Regarde-moi.

Regarde-moi.

Regarde-moi !

Regarde-moi !


Je dois te le dire plusieurs fois parce que je sais ce qui se joue dans ta tête, tu ne t'aimes pas et c'est un tort parce que tout en toi réclame l'amour, tout le mérite. Et c'est moi, tout ce que je désire te donner. Non pas parce que je t'aime, parce que je ne sais pas si je t'aime, même si je t'aime de mille façons. Parce que je t'aime, là, à cet instant.  Parce que je t'aime comme un adorateur païen dans sa transe folle porte culte à la terre. Je te dis tous ces mots, ne contrôlant plus rien. Je sors ma queue après avoir défait ma ceinture de cuir noir, après avoir déboutonné les boutons de cuivre.  Je te parle. Je te dis tout cela. Je te dis comme tu es belle. Je te dis la générosité sans fin qui est la tienne. Je te dis que tu es une douce sauvagerie. Un amour de petite chatte que je vais réchauffer et cajoler avec toute la tendresse du monde. Toi ma petite déesse qui me fait dieux de tes cieux orageux. Oui, tu es belle ma petite puce. Tu es aimante comme peu de femme, volcan humide et vivace. Regarde comme tu es belle et désirable. Dis moi que tu es belle. Dis le, dis le. Et pendant que je te dis tous ces mots dévots, pendant que je forge cette prière, ma pisse se déverse en ondée chaude sur ton visage, coule sur tes vêtements, inonde ton sexe et ravage tes entrailles. Ma pisse se fait douce caresse et tu la bois comme tu bois mes mots, mes mots qui t'irriguent, ma pisse qui t'océane, mes mots qui t'aiment là en cet instant de communion, ma pisse qui te fait Christ en croix, lavant le monde de ses péchés, répandant sur le sol nos péchés. Ceux de ceux qui sont infidèles, volages, adultères, ceux de ceux qui ne craignent plus ce qui vibre en eux et se répand dans nos peaux, ceux qui se droguent de leurs abandons démentiels, ceux qui savent qu'en eux demeurent la vie, la folle vie qui pisse sur nos âmes pour les rendre plus belles encore, plus vives, plus brûlantes, je suis fou et tu le dis enfin, tu me dis je suis belle, tu me le dis plusieurs fois. Et moi je pisse, et moi je pisse et je sens le tremblement, l'avènement d'autre chose, je suis ivre et je te dis enfin que je t'aime et ce n'est plus ma pisse chaude et dorée qui te coule dessus. C'est mon sperme, mon foutre, la semence qui féconde ton visage, qui passe à l'acte et engrosse ta jouissance ravageuse. Et je m'effondre à tes côtés en pleurs, comme toi. Défait, perdu, les jambes coupées. Et je ris et je pleurs. Et tu fais de même. Ivre toi aussi de cette folie démente, du mélange de la mort, de l'amour et de la vie.

Plus tard, après t'avoir lavée avec délicatesse, nus l'un contre l'autre, le désir toujours là, ce sera d'abord la tendresse que nous partagerons, pour soigner et panser le déluge passé. Plus tard, c'est la douceur de nos peaux et la légèreté de nos baisers qui s'étreindront loin du tumulte du monde. Avant que l'orage ne nous prenne à nouveau et s'amoncelle en un déluge qui nous emportera une fois encore là où le regard ne porte pas.

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