La lumière absente de l'aurore, au bout du bout de la nuit. Je suis nu. Nu à arpenter la rue. L'asphalte et les gravillons sous mes pieds. Taillant ma peau de leurs petits glaives. Me voilà devant la grille de fer forgé. Je m'en saisis à main pleine et je sers. Je serre pour que la rouille s'émiette dans mon sang. Je serre jusqu'à vouloir le voir couler. La grille est fermée. Je tire, je pousse, je secoue et je hurle nu sous la lune. Derrière il y a le parc. Le parc où j'ai sucé ton sexe pour la première fois. C'était un autre temps un autre monde. Nous n'étions plus innocents. Le petit ruisseau est devenu torrent, avalanche. J'escalade la grille parce que je veux revoir le ruisseau celui où je t'ai mal aimé. Celui où tu as enfoui ton sexe dans mon cul parce que je le voulais. Parce que je voulais avoir mal tant ta laideur m'attirait. Nous l'avons fait sous la pluie, dans le noir sous les cris étranges des chouettes. Et putain qu'est ce que c'était bon d'être pris comme cela, investi, plein de ton membre épais et long. Je n'ai pas su dire qui de l'homme ou de la femme j'étais encore à cette heure. J'étais une chose, un pantin et cela me plaisait foutrement. Au diable ma virginité. Tes mains agripaient mes hanches, tes ongles sales lacéraient mes épaules, tes doigts fouillaient ma bouche tandis que tu me baisais comme un porc en toute hâte, soufflant à n'en plus pouvoir, suant comme un boeuf. Cette nuit c'est moi qui vais te dévorer. On s'est donné rendez vous dans le parc en bons satyres que nous sommes. J'ai abandonné les habits dans ma voiture, le long du trottoir, le long du parc. Et j'ai hâte. Je sens la crue monter. Je sens la violence insidieuse, l'envie de te faire mal. De te faire très mal. Je plaquerai ton visage dans la boue. Arracherai tes frasques et te pourfendrai a cru comme une bête. Je sens l'herbe mouillée sous mes pieds et j'aperçois ta silhouette sous le saule. Mes pas me rapprochent, je n'ai pas froid, je bous de mille désirs. Je vais te faire femme la gueule pleine de terre et tu finiras par jouir de toutes mes vicieuses cruautés, ma queue démente fendant ton fruit mûr comme une jeune pousse que rien ne saurait arrêter. Et tu couleras de murmures et de pleurs, de jouissance, de vie et de mort. Si le ruisseau est assez profond, je pourrais même enfouir ton visage sous l'eau glacée et voir si tu te laisses encore baiser par le fourmillement de ma queue vicieuse, là à côté du chemin, là sous l'odeur âcre de l'humus. Si j'avais deux sexes je t'étoufferais deux fois avec mon sexe d'homme fiché dans ta bouche demandeuse et avec mon sexe de femme colmatant cette même bouche qui attend impatiemment son heure, ici sous la lune. Jolie mort tu me diras.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
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