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Évadés d'Eden

Ce soir le vent redouble d'effort. Personne n'ose sortir. D'abord il est trop tard. Ensuite, seuls des inconscients insomniaques oseraient se glisser dehors sous pareil temps. Les volets des maisons sont fermés. Il y a dans le ciel noir à peine quelques étoiles, des traînées de fumée qui s'étiolent à grands traits, traces mi blanchâtres à la lumière de la lune, mi jaunâtres sous l'éclat des réverbères, puis plus rien. Plus rien que le grand vacarme, d'un géant invisible arrachant et déchirant en vif craquements les grandes branches de son immense hargne. Plus rien que le grand vacarme du vent d'Ouest hurlant et sifflant sa rage à tous les vents. Plus rien que le grand vacarme des feuilles qui bruissent comme des cigales stridents et métalliques. Sur la place, Notre Dame la Grande fait figure de proue. Des rats traversent les pavés pour se réfugier à l'abri avant ce qui semble être la fin du monde. Un chat noir reste tapi sous une voiture malgré la cavalcade des rongeurs. L'église romane est ici un roc colossal ancré dans ses fondations, bravant le fouet du crachin d'ouest, les coups de bourrasques contre la porte ancestrale, les hurlements de l'air se jouant des figures médiévales sculptée sur la façade. Sous le bouc tête bêche montrant le trou de son cul aux deux bêtes à long cou, sous les trompes phalliques des éléphants mastodontes, il y a d'autres personnages qui s'abritent le chef sous ce lieu depuis des siècles et des siècles. Il y a Mélusine qui serpente sous le regard des hommes, Eve, le serpent et la pomme, la petite bite d'Adam prête à être dévorée par le serpent prêcheur. Au sommet du tympan, domine le fils de dieu sous le soleil et la lune, chevauchant a cru un taureau au sexe dru et aux bourses pendantes et lourdes du foutre terreau.


Et au pied de celui-ci deux êtres se foutraquant à la baise fiévreuse, le sang bouillonnant sous la tempête, les têtes vacillant sous le poids chaotique des désirs. Ils accompagnent le vent du feu du diable à lui sa bouche à elle, sa bouche avide de servir à quoi bon l'homme le décidera. Tantôt quelques doigts avides qui jouent des parois internes et douces de sa bouche tantôt un poing brutal qui cherche à prendre la place en rendant étanche cette suceuse de membre à l'air sifflant de la tempête. Le vent glacial martyrise les peaux à moitié dénudées, il pousse les corps à s'échauffer dans un rythme démoniaque. Ni l'un, ni l'autre ne s'appartiennent plus. La bave coule, les crachats pleuvent, les coups de langues lapant, les gifles happant le sang de la joue dans la seconde de l'impact et cette queue qui fourrage, progressant toujours plus, cherchant à faire du pubis poilu et sali de bave une bite plus longue à avaler, à suffoquer, à bouffer. La femme se branle, elle se branle la queue, le sexe et les bourses aussi bien pleines que les siennes. Et l'homme n'est pas en reste. Il enroule la longue tignasse dans sa main comme un serpent s'entourant au poignet et la relève pour aussitôt la plaquer contre la grande porte de bois. Le ciel se zèbre d'éclairs et les lumières de la ville s'éteignent sans crier gare. Il investit la bouche de sa langue et serre le cou dénudé qui a voulu s'offrir ce soir à l'homme. Aucune parole n'est échangée, mais la rage coule d'un sang noir et vibrant. L'homme plaque la gorge pour qu'elle soit fichée contre la colonne de pierre séculaire et de l'autre main serre les couilles de la dame, fort, il regarde sa folie furieuse s'épancher dans les veines jusqu'à irradier le ventre de cette âme damnée qui alors se met à revivre sous le doigté de la main. La main folle qui se met à astiquer sa queue et l'autre aussi, la pluie tempête, l'orage gronde. Tout un monde rampe et surgit du fond des âges, le bestiaire du tympan se mue pour fondre sur le couple, les figurines mâles et femelles accourent pour les ensevelir. La femme s'agenouille et avale le sexe, elle se met à le sucer comme s'il était là nécessaire de montrer à Dieu sa passion pour le foutre et la baise. Et l'homme foutraque encore tant qu'il peut baiser cette bouche dévoreuse et avide, avant de hurler lui aussi avec le vent, pris par derrière par les langues brûlantes de l'enfer, pris désormais dans sa bouche par des sexes fourchues descendus de l'autel, des sexes qui pénètrent leurs culs et fondent au travers de l'entrée du gland pour les fendre à jamais, inondés par la pluie, foudroyés par l'orage.

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