Largue l'amarre, la main vissée, enchâssée, endiablée, la chair qui absorbe, la main qui prend et mes mots qui t'accompagnent, te bercent de houle, te perce de mouille, mouille baveuse, mouille argileuse et humide, collante et sale. Mots tantôt hauts, tantôt bas, tantôt faciles, tantôt profonds, tant d'eaux sous ma langue. Langue têtue, langue goulue, langue charnue. De consonne en voyeur, de voyelle en chapelet de vices, déviances putrides et si proches, prudes rarement. Espèce d'animal sauvage, nourri de sa vie propre à lécher ton cul, ton con, ton fion, à tracer le chemin au creux de ton oreille jusqu'au dedans, plus loin encore si libre elle pouvait être, à s'égarer dans le droit fil des replis de ta chair aux interstices de ton nombril, à l'orée de tes paupières possédées et palpitantes. Tes yeux que je suce jusqu'à la moelle. Caressant de la langue, ma langue sur la lande chaude et humide. La langue que tu manges, la cadenassant de tes dents, viendra le moment où tu assaisonneras de tes bruits de voix sous la main branlante, fichée loin dans tes entrailles alors que le plus long de mes doigts vient faire œuvre d'écriture, aspiré par ton cul, se pliant en toi sous l'étuve, rends moi ton souffle jusqu'au dernier. J'ai pour projet de te faire rougir, de te faire pleurer, de t'emporter vers la seule issue, le sommet des abysses. Alors, je te dis comme une césure, un jet de scalpel dans le rythme, la voix la plus douce et la plus tendre qui puisse être, mon doigt fiché dans ton cul et ma main dans ton sexe, je te dis, "je joue avec ta merde". Pour seule réponse, te voilà feulante. Larguons les amarres.
Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi. J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais. Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté ...
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