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L'instant drapé

 Le voile de la nuit qui s'estompe, le drap qui remonte sur les peaux, la fraîcheur qui naît de l'après, l'âpre combat qui a fini en abandon, le coeur battant et les corps cuisants, la morsure de la chair et les langues qui fouissent, les voeux que l'on arrache à grands coups de caresses, les cris que l'on exsude à force d'étreintes, j'étais cette nuit plus moi que jamais grâce à la liberté offerte, la complicité amoureuse et tes désirs salaces, le combustible offert à ma flamme, nourrissant la tienne plus vorace que la mienne, la mienne plus dantesque que la tienne, la flambée miraculeuse, l'incendie rongeant les amarres, le temps suspendu et tes yeux que je veux lécher, au dehors la nuit glaciale, la fonte des neiges, au dedans toi et moi sans avoir défait les draps, le vice en édredon, les cheveux en bataille et la queue poisseuse dans ta main, j'aimerais bien que tu la détaches et que tu l'offre à ma bouche, que tu me mettes en abyme avant que le jour n'en finisse, je me sucerai en te regardant te branler, ensuite je la prendrai à pleine main pour te la ficher dans les reins, ton visage étouffant sur l'oreiller, j'ai fini par perdre la tête mais pas tout à fait le conte, parce que cette nuit il n'y eu d'autres ponctuations que nos exclamations, nos soupirs, nos murmures, le froissé du tissu, nos rires, la tête de lit cognant contre le mur, nos bruits de bêtes et nos sourires rayonnants, tous deux virgules enchâssées l'une à l'autre, les draps froissés, souillés, humides, sueur et vice, ta mouille et mon sperme, nos langues jamais rassasiées, nos lèvres si effrontément lovées, enfin terrassés quelque part dans le monde des songes où ton sexe enveloppe ma main tandis que je m'effondre, aspiré par ton souffle, cotons et douceurs, s'offre ainsi l'instant drapé, un nouveau jour sans le moindre point final, 

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