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La mue de la langue

 Le réveil et ma langue, le réveil et ma queue dressée tendue, l'envie de souiller mes sous-vêtements à me branler de ta peau, de la respiration de ta peau, ta peau que je touche, ta peau sable mouvant qui m’engloutit comme une plante carnivore, me fait disparaître à lente digestion, me recouvrant de mille sucs enivrants, étouffants, sucs délictueux et monstrueux. Je vois ta peau et ta grotte. Je vois la paroi de ta cavité. J’en visualise la couleur, la texture, je sens son odeur. Et j’y glisse ma langue. Je ne peux rien faire face à ça. Je suis langue. Langue sur ta peau. Gueule de loup à la langue pendue. Tout mon être accueilli dans le douloureux forage de ma langue. Ma langue qui baise, ma langue qui te baise autant qu'elle me baise, je te bave. Je te bave la peau de ma langue que je détache de mon palais, ma langue que je dévisse de ma bouche et que je dépose sur ton corps. Je la regarde faire, non pas comme un spectateur, pas même comme un voyeur. Je la regarde faire et je ne la vois plus. Je ne la vois plus parce que je suis ma langue dans ta peau. Ma langue comme un serpent sur ta peau serpent. Langue qui se roule, qui serpente, qui copule avec ta peau serpent. Il n’y a pas un sexe engrossant l’autre. Il y a mille peaux serpent et millions de sexes écailles qui déversent leurs sucs, leur semence, leur bave en se frottant l’un contre l’autre. Ma langue serpent, ta peau serpent. Je suis ma langue. Je suis langue. Langue de pute et chienne baveuse, je te fourre, je me fourre, je creuse le trou et tu creuses en moi. Ma langue rampe et se glisse entre les interstices, sous tes aisselles qu’elle savoure, sur la pointe de tes seins et partout encore autour, elle suce, elle mâche, elle lape et je crois en cet instant qu’elle va dévorer ta poitrine parce que je vois bien qu'en moi je veux lécher ce qu'il y a dessous, parcourir le pourtour de tes côtes et laper l’air de tes poumons, embrasser ton cœur et le cajoler de toute la largeur de ma langue. Ma langue sur ton cœur. Je ne parle pas de l’âme ou de l’amour, je ne parle pas des sentiments, je parle juste de ma langue organe détaché de moi, serpent vivant se mettant à ondoyer dans ton ventre, dans ta cage thoracique, trouvant le chemin de l’organe vital. Branlant tout ce qu’il y a branler, grattant dans les moindres recoins, frottant les os, tétant les muscles, se lavant sous les cascades et cavalcades de ton sang. Langue serpent. Langue assourdie par le vacarme qui se passe dans ce monde, nos mondes invisibles, le bruit de machinerie du sang qui pulse, sang recraché, sang appelé, rythme de serpent pour ma langue, rythme qui appelle la dévoration, le serpent langue se niche là entre l’aorte et l’artère, entre la valve et la veine, je te lèche, je te suce, je te savoure et te recouvre du jus de moi, je m’avale et m’engloutit, me dissous, me fais membrane de tes organes, forant, fourrageant, fouillant, baisant. Je te recouvre de ce qui n’est plus baise, je te recouvre de peau jusqu'à ce qu’inévitablement le serpent se transforme en larmes, pluie, orage, onde ventricule et ventre repu. La langue retrouvant son palais avant la prochaine mue.

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