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Articles

Affichage des articles du septembre, 2024

La guerre sainte

Texte écrit sur le thème de août 2024 "une porte s'ouvre" du groupe fetlife Passion Écrire  ---------- Aujourd’hui nous sommes l’Assomption. Je devrais me réjouir de fêter notre Sainte Vierge. Mais aujourd’hui, j’ai peur. Ça fait 20 ans que je n’ai pas quitté ma piaule. Je l’appelle mon chez-moi depuis pas mal de temps maintenant. Parfois j’oublie pourquoi on m’a placé là. Parfois, je me dis juste, c’est chez moi. Ça n'a pas toujours été comme ça. Ma mémoire me rappelle encore des moments durs, des moments à me fracasser la tête contre les murs, à foutre en l’air le peu de chose que je pouvais balancer. Faire exploser l’horloge et ses aiguilles narquoises qui marquaient du bruit insoutenable des secondes tout le volume de la pièce. J’ai cru devenir fou. Je l’étais, sinon je ne serais pas là. La solitude a fini par étouffer toute once de rage en moi. Le temps, la solitude, le silence. Tout cela a fini par me laver, là où cela aurait pu me tuer. J’aurais voulu mourir, m...

Chienne

 Je suis allongée sur le dos Confortablement installée  Le crâne enfoncé dans la profondeur des plumes du coussin  Tu me regardes Je te regarde Je suis nue  Je bande fort parce que j'ai envie de toi  Je bande fort parce que ma bouche et ma langue se sont enfouies dans ton sexe à te dévorer  Je bande fort parce que voilà plus d'une heure, peut-être deux, que je suis absorbée par tout ce que je fais, tout ce que je te procure. Je suis chienne Tu me regardes  Je garde le silence et te regarde  Plongée en toi Tu es agenouillé entre mes cuisses  Tes genoux viennent toucher la peau de mes couilles Tu te mets à sourire dans le silence  Ce sourire vicieux qui fait rire tes yeux et illumine ton visage Tes seins sont beaux, ils pointent Le désir de les lécher et sucer en est douloureux Et ton sourire Est-ce que tu lis dans mes pensées ? Ce sourire qui me rend chaude  Je souris à mon tour Je veille à tenir ton regard Mes bras sont relevés au d...

Deux peaux

 Deux corps exténués par la longue journée de marche. Ils ne se sont pas mélangés sur le chemin, se frôlant par instant, se touchant par accident aussi, s’éloignant, se retrouvant, tanguant au gré des pas, pris par la houle du mouvement. Deux corps, deux êtres singuliers, différents, se reconnaissant sans trop de mots et se trouvant par instant, se rapprochant pas après pas, le temps s’écoule en nuages, en pluie, en forêt d’eucalyptus, en chatagnier séculaire, en paroles confiées, en moments de vérité. La pluie tombe, sous l’abri, ils se plongent, prennent soin dans l’allongement du jour, l’un de l’autre. Del cielo cae agua. Lluvia poderosa. Lavame lamente con agua fria. Y saca la pena de mi memoria. Deux corps l’un contre l’autre après une journée sous les nuages au bonheur de trouver les choses belles, simplement belles, possibles, souhaitées, sans trop de mots. Dans l'alcôve, bercé par le fracas des vagues sur la plage, dans la chaleur réconfortante de la chambre, une peau contr...

Je veux sucer

 J’aimerais sucer ma bite. Elle est douce, sa taille est sobre, elle est chaude et la caresser fait fleurir en moi toujours une sorte de quiétude, d’abandon serein et parfois d’excitation fiévreuse. Elle tient dans le creux de ma main. Le pourtour du gland est délicatement ourlé, il prend de l’ampleur après avoir joui. Elle m’apparaît démesurée dans le désir plein, lorsque je ne veux qu'une chose, jouir à n’en plus pouvoir. À la base du gland, le frein est formé d’un amas de chair, tendre et malléable, héritage de l’enfance et de la circoncision tardive, petit amas de chair aux sensations fulgurantes. Queue sensible à la moindre émotion. Je me saisis parfois du frein et le tire pour emporter toute ma chair. L'entrée du conduit urétral est une invitation à fourrer une langue. Lorsque la fièvre me prend c'est mon petit doigt que je viens parfois fracasser dans mon gland, l’aplatissant par le haut. Forcer le passage n’est pas une veine masturbation, dans ce délire là, quand il...

Popinée

 Clarysse distille les mots La parole douce et ténue Au compte goutte Elle écoute, elle l'écoute Sa parole tenue et le regard doux S'écoule dans ses yeux mangrove Protection de palétuviers Sourires timides et apaisants Retiennent l'eau douce et salée D'un regard de fougères  Tous deux obligés aux refuges Aux cachettes, aux baisers Secrets abrités du clan des tribus Elle a revêtu sa robe popinée Clarysse ne s'appartient plus

Tes larmes de joie

 Texte écrit pour la contrainte d'écriture du moi de mai 2024 [https://fetlife.com/groups/71593/posts/27350818][Terre] du groupe [https://fetlife.com/groups/71593][Passion Écrire] ------------------ J’ai plongé mes mains dans l’eau, puis dans le sable et enfin dans la terre. Abraser ta peau. J’ai recueilli la boue froide et collante sous mes pieds ainsi chaussés. Écraser ta joue. J’ai creusé au pied de l'arbre pour enserrer ses racines mises à nue, sous mes ongles son jus noir. Fourmiller ton ventre. J’ai frotté ma joue contre les écorces de mousse, à la base des arbres, à sentir le parfum de résine et d’humus. Lécher ton sexe. J’ai marché jusqu'à Sienne pour voir in situ la terre faite peinture, celle que j’applique sur ma main, pour la poser sur la toile encore blanche. Étaler ton foutre. J’ai gardé les traces orangées, violettes et noires du maquis minier calédonien, frottant encore et encore sans que rien ne parte. Te cracher au visage. J’ai rêvé pieds nus au contact du...

La mue de la langue

 Le réveil et ma langue, le réveil et ma queue dressée tendue, l'envie de souiller mes sous-vêtements à me branler de ta peau, de la respiration de ta peau, ta peau que je touche, ta peau sable mouvant qui m’engloutit comme une plante carnivore, me fait disparaître à lente digestion, me recouvrant de mille sucs enivrants, étouffants, sucs délictueux et monstrueux. Je vois ta peau et ta grotte. Je vois la paroi de ta cavité. J’en visualise la couleur, la texture, je sens son odeur. Et j’y glisse ma langue. Je ne peux rien faire face à ça. Je suis langue. Langue sur ta peau. Gueule de loup à la langue pendue. Tout mon être accueilli dans le douloureux forage de ma langue. Ma langue qui baise, ma langue qui te baise autant qu'elle me baise, je te bave. Je te bave la peau de ma langue que je détache de mon palais, ma langue que je dévisse de ma bouche et que je dépose sur ton corps. Je la regarde faire, non pas comme un spectateur, pas même comme un voyeur. Je la regarde faire et j...

Ta peau île

 Ta peau serpent engloutit mes derniers mots dans quelque chose qui les triture, les déforme, leur donne nouvelle forme et de ça je suis totalement liquéfié. Je deviens la lave qui s'écoule sur la croûte, ce n'est pas que j’en viens à l'effacement, non, c'est, je crois, une épiphanie. Je dis le mot sans le comprendre, sans être certain de sa définition, le cerveau et les plis du cortex encore sensibles de tes coups de queue, de ta langue animale, de tes griffures sur mon corps. Est-ce que je vais redescendre un jour ? Je suis dans ta peau, je m'y glisse si aisément et pourtant c'est difficile parce que cela me prend de toute part, cela m’emporte, loin et haut. Je me fonds en étant une version de moi au centuple, une boule d’émotions qui submerge et engloutit toutes mes pensées, je n'ai plus de limite, plus de barrière. Je me répands et devient la peau sur ta peau, la peau de lait que le feu fait frémir. Qui sommes nous, de quoi sommes nous faits pour être si...

Peau serpent

 Peau serpent orvets entre les foins Se lovent au creux de ma main Se niche là dans les multiples recoins Les yeux fermés sur les délices morsures Les yeux fermés sur tes lèvres gorgées Pissent autant que puisse dans ma bouche Sexe fouisse entre les plis suant de murmures A la surface plonge en profondeur Dans les odeurs de bois de fumée Court sous ta peau serpent affamé Me dévorant jusqu'à ce que de moi Il ne reste plus que toi Joie

Tes sous-bois

 Ta pisse a le goût des effluves boisées et lorsque je renifle ta main je plonge dans la forêt dans les senteurs de la terre, à la surface de ta peau, ta peau faite pour ma main, ta peau modelée sous mes doigts, ou la paume de ma main, mon empreinte faite pour se gorger de l'épaisseur de ta peau, ta peau dans laquelle, sous ton invite, je me fonds, je me forge, je me tapis, je fais terrier, nid, refuge, halte, léchant à l’envie, tapissant ton sexe de ma langue, ensevelissant tes chairs de la salive, j'enduis ton sexe. Ton sexe, tes aisselles, la paume de tes mains, tes cheveux, tes pieds que je lèche et déguste sont parfums de bois, fumée de hêtre, bois de cèdre, je te renifle, je te respire, je te sens, je te suis à la trace, je darde mon nez contre le tendre de ta peau, ma truffe devenue humide de tes sucs mêlés de salive, je respire à plein poumon et je lèche, je mordille, je te mange et me procure à la hâte un passage tendre entre tes poils, les poils de ton sexe, les poils...

En s'en calciner les neurones (entre sapio, se fourrer les mots)

Viens en moi, là Insère tes doigts, juste là, Entre les deux hémisphères, oui. Fais pénétrer tes mots Profondément dans mon cerveau Sers-toi de tes doigts Pour t'insérer en moi. Sucer mes doigts pour les fourrer de mots, les enfouir profondément dans ma gorge pour curer le fond de la besace, là où les mots s'entassent, sont sales, gratter, racler. Au bout de mes doigts des amas, des grappes de phrases, de son, d'images, des œufs prêts à éclore et des bombes incendiaires prêtes à te brûler le fond du cortex. La voie tu l'as offerte, tu l'as ouverte, mais j'écarte les chairs pour que ce ne soit pas facile, j'écrase les sillons de ton cortex, je dépose entre tes deux hémisphères toute la substance visqueuse qui s'est répandue de l'extrémité de mes doigts jusqu'à la pointe de mon coude. Rien n'est facile, ça frotte, ça brûle, ça déchire et te file des extases pas possible. Je te fiste le cerveau pour que, profondément, je parvienne à m'insére...

Se nouer le ventre

 L’attention à son comble, je ne pouvais te toucher, je n'osais te toucher, je ne dormirai pas, je ne te toucherai pas. Si ce n’est du regard, de l’écoute, de la plongée quelque part dans un monde. Dans l’ombre douce de la chambre tiède, au bruit de baise des voisins qui auraient pu aussi être ici avec nous, je t’écouterai respirer. Plus loin que les chants des oiseaux maritimes, j’écouterai ton souffle, je me délecterai des nids que tu crées, chatte cherchant à faire couche de la couette, rêveuse à ton confort. De ton visage et de ta peau je verrai peu de choses, trop d’ombres, trop sombre, ainsi va la nuit. Pourtant, je me fendrai les yeux à t’épier, fermant les miens par instants pour trouver un peu de repos et me nicher entre la brise de tes lèvres. Tantôt allongé sur le dos, à l'affût de tes bruits, je rêverai d’un cauchemar pour avoir le prétexte de poser ma main rassurante sur ton bras. Parfois, je me rapprocherai de la frontière de nos lits, des falaises pour un saut qu...

Graine pour la canopée de tes cris étouffés

 Texte écrit pour la contrainte des [https://fetlife.com/groups/71593/posts/27046321][23 mots] (ici en gras) du mois d'avril 2024, pour le groupe Passion Écrire  ------------- **Souvenir** de la nuit de demain émotions qui prennent **gorge** regorgent virevoltent **arrivées** sur le fil le saut vers la **gorge** escarpée les crocs acérés sur la corde en amas d’étourneaux qui prennent vol sans détours en nuages en torrents noircis d’eaux fortes sombres lourdes grondant lourds encore sans un tour pas même vers la **lumière** las comme cela allongée sur le banc pieds mollets cuisses jambes écartées étrange **désinvolture** offerte au voisinage du moment de l’instant de l’homme qui confie le sexe dans la main aux confins entre les doigts le poids qui glisse sans méprise l’emprise qui coupe la **morsure** sur le muscle l’intérieur de la cuisse le bleu fin arrondi presque tendre entre le pouce et l'index peau parsemée de **points** de croix de fils badines cousus plusieurs fois répé...

Un soir après 25 années de vie commune

 L'épouse : Je ne suis pas belle. Le mari : Tu es belle. Elle : Non, je ne suis pas belle. Lui : TU ES BELLE. Elle : Je ne suis pas belle. Lui : Pourquoi dis-tu cela ? Elle : Parce qu'à bientôt 48 ans personne ne m'a jamais draguée. Lui : Aurais-tu oublié ton amant éphémère ? Le client d'il y a quelques mois ? Cet autre jeune-homme, il y a quelques années. Elle : Je ne suis pas belle Lui : Pourquoi tu n'es pas belle ? Elle : Parce que personne ne me drague. Lui : Pourquoi personne ne te drague ? Elle : Parce que je ne suis pas belle. Lui : Ok, admettons que ce soit une hypothèse pour une partie des gens. Mais,.pour l'autre partie des gens qui te trouvent belle, pourquoi, comme tu sembles le penser, est-ce qu'il ne cherchent pas à te séduire ? Elle : Parce que je ne suis pas belle. Lui : Fais un effort. Elle : Je ne vois pas Lui : Est-ce qu'une hypothèse pourrait être liée au fait que tu ne les vois pas ces gens ? Que tu leur semble inaccessible ? Et que ...

Maximes

 Tout vient à point à qui sait le tendre Du passé faire table basse Loin du beurre loin des meuh L'amour et ta gueule ! Deux mains et un autre lourd Bien mâle assis ne profite jamais Reculer pour mieux saucer Se laver du pied moche  Prendre son lent Souffler l’air sous le pied Être haut comme trois tomes Avoir quelque chose sur le bout de la hanche Fallait pas le fendre pour un tronc Prendre des vessies pour des panthères  Être pris en flagrant délice  Se faire des feux au cerveau Ils ont égarés la hache de terre Faire l'amour comme un lieu Muet comme une harpe Un rien vaut mieux que deux tuent le rat  A l'impossible nul n'est venu Baiser comme un câlin Embrase-moi idiot

Satyagraha

 Votre souffle vos abandons je vois la chaleur lapée de la peau la fente mouillée humide pleine gonflée en bordures je ressens la tension l'abandon l'attention au coeur battre les lèvres j'ouvre les mots caresses les images venir en désordre je projette le cinéma du désir déchirer les pantomines défricher les ombres les poupées déshabillées je me dresse en chien siffle et ramène les grands les gros leurs sexes je presse les glands rouges carmins carnassiers et grenats leurs langues pendantes lapent lèchent bouffent dévorent les monstres fendent l'âme j'écoule le sang dans le noir et les recoins envahis le corps la dorure à l'ombre parer porter enlever le soulèvement jusqu'aux cris haut par delà les pics dans les profondeurs aux abysses je cède.

Jour de pluie

 Jour de pluie. Dehors il n'y a même pas de vent. Il pleut. Pluie tropicale qui tombe raide. Il pleut. Je travaille dans le salon. De toute façon, il n'y a rien d'autre à faire. Dimanche pluvieux. Triste. Il y a comme de la tension dans l'air. C'est qu'il fait lourd aussi. Et la pluie n'étanche rien. Pas même la soif. Pas même l'ennui. Je suis concentré sur mon écran. Rien de trop compliqué à faire. Sur la table basse devant moi, il y a deux bouteilles. L'une est vide, l'autre à moitié pleine. Toi tu es debout et tu danses d'un pied sur l'autre. J'essaye de rester concentré. Tu restes debout. De l'autre côté de la table. Face à moi. Moi, je travaille. Et lorsque je travaille, je ne suis pas d'humeur à faire des détours. Je dis ce que je veux. Et tu fais ce que je veux. Ce matin, j'ai pris le temps de préparer le thé, le laisser infuser, fraîchir dans le réfrigérateur. Tu dormais encore. Je me suis levé avec le soleil. 4h d...

Après la pluie

 Après la pluie La pluie de sable Traces de pas entre les bananiers rouges et les forêts de coco Parfums exhumés sur le chemin de la Reine Hortense, grenadier nain et niaouli Pas de transe des anciens récifs coralliens Système des racines entre leurs griffes S'abandonner aux frangipaniers sous le sable matelas propice Le rebond des pas, l’enfouissement de la peau, la fraîcheur du rivage Avant la roche noire et dure La pointe des pins colonnaires sous la brise À terre, leurs queues de rats, le fracas de la grande barrière Le silence à son comble  L’heure du premier jour Sous la lumière tendre Après la nuit  Dévorante 

L'inversion du monde

 Texte écrit dans le cadre de la contrainte d'écriture de février 2024 du groupe Passion écrire - [https://fetlife.com/groups/71593/posts/26300431][l'inversion des pôles] --------------------- Tu t’es endormi et je n’ose pas bouger. La fenêtre est ouverte. Elle donne sur les bois de fer. Ton corps est chaud. En comparaison, ma peau est fraîche. Elle est retombée de sa tension. Je laisse courir mes doigts sur ma hanche, à l’orée de mon pubis, à l’orée des poils de ta cuisse dont je me joue. C’est une caresse discrète. Elle me transporte. Elle me transporte au dehors. La petite brise d’été qui fait chanter les feuilles après le passage de l’ondée. Le chant des perruches de la Chaîne en cette fin de journée, tout à l’heure, laissera sa place aux grillons des temps anciens. Il y a longtemps que je n’ai pas vu de lucioles. Existent-elles encore les lucioles de mon enfance, celles qui illuminaient la nuit tandis que je marchais pieds nus devant la terrasse ? La maison qui, aujourd...

Le glissement vers ma nuit

 Ma main posée sur mon ventre L'autre sur mon sexe La nuit venue sous vos mots Si vous étiez canine, sachez-le J'étais langue Langue léchant votre peau Lapant vos saveurs Langue cherchant la mémoire du goût Happant la substance de votre présence  Vous étiez canine J'étais canin, j'étais chien Je vous léchais en mots Mot qui nappaient mon esprit Drapant le glissement vers ma nuit

De nous triturés (déformé)

 Passé minuit les doigts Dans le marc de café Où ? Ce qu’il en reste Je ne sais rien Lire de l’avenir Et replonge en passé Trois doigts Du petit au plus grand Passés sur mes lèvres Ornés de lumières En reflets Gravé en tes sillons Un peu de l’eau Naissance à  ma bouche Epaisse, chaude, duveteuse Presque C'était après Plongée Langue entre mes dents Susurrant là des sésames Petites graines sachantes Déjà  Toute ouverte du dedans Grand clerc de lune Devins succombant À l'envie au toucher Peaux pyromanes Main dans ton ventre À la tienne aux entrailles Ma terre Encore  Doigts cajolant Fond de la tasse Époussetant rêveuse Quelques grains éparses Entre Faïence et pulpe Débordement des grandes eaux Traces de chair Abandonnées Comme des morceaux entiers De nous triturés .

De nous triturés

 Passé minuit les doigts dans le marc de café ou ce qu’il en reste, je ne sais rien lire de l’avenir mais je replonge dans le passé. Trois doigts, du petit au plus grand, passés sur mes lèvres, tous ornés de lumières en reflets. J’ai gravé en tes sillons un peu de l’eau que tu fais naître à ma bouche, épaisse et chaude, duveteuse presque. C'était après que tu eusses plongé ta langue entre mes dents, susurrant des sésames en petites graines sachant que tu voyais bien que, déjà, j'étais toute ouverte du dedans. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que nous allions succomber à l'envie au toucher de nos peaux pyromanes à la main dans ton ventre à la tienne aux entrailles de ma terre. Ce n'était pas encore mes doigts cajolant le fond de la tasse, époussetant rêveuse quelques grains éparses entre faïence et pulpe, c’était pleinement le débordement des grandes eaux et les traces de chair toutes abandonnées comme des morceaux entiers de nous triturés.