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Punition #2

Le repas se passe le plus normalement du monde, comme si nous n’étions que deux amants tout à fait légitime, comme si entre nous il n’y avait ni captive ni tourmenteur. J’aurais pu lui demander par surprise entre l’entrée et le plat de résistance de jouer la geïsha pour moi. J’aurais pu lui dire « file aux toilettes mauvaise fille, je te rejoins », oui j’aurais pu lui dire et lui faire toutes sortes de choses, là dans ce restaurant, tellement sa beauté me rendait sensible. J’aurais pu… mais je n’en ai rien fait, je voulais qu’elle oublie que ce soir était un rendez vous punition. Et je crois qu’elle n’y a vraiment plus songé. J’aime voir ses yeux scintiller, j’aime la savoir gaie, enivrée par les effluves alcoolisés de ce Condrieu que j’avais commandé. Je crois que je pourrais la saouler pour le seul plaisir de voir cette petite flamme aguicheuse qui vacille au fond des ses yeux lorsque les verres se sont succédés. Le repas se déroule de la plus charmante façon, nous flirtons, j’aime, c’est agréable.

Une fois la note payée, Virginie et moi sortons sur le trottoir. Je lui prends la main. Nous marchons. Il ne fait pas encore trop froid, la ville a su garder la chaleur printanière de cette journée. Je la fais rire. Un homme, une femme, main dans la main. Les passants pourraient imaginer assister au spectacle d’un couple uni et amoureux sans imaginer la punition que depuis quelques jours j’ai monté de toute pièce avec la complicité de Lise. Nous marchons, je sens que Virginie a complètement oublié que nous ne marchons pas sans but, et pourtant… Moi je ne cesse d’y penser. J’oscille entre la crainte de sa réaction et la turgescence que fait naître l’idée de la rendre voyeuse. Enfin, nous y sommes. L’atelier où j’ai offert Virginie à Lise, il y a plus d’un mois déjà. Virginie semble se réveiller enfin. Elle vient à l’instant de comprendre où nous étions. Ce n’est que la deuxième fois qu’elle foule ce lieu, la première fut celle d’une offrande des plus troublantes. Rétive d’abord, elle s’est ensuite donnée aux caresses de Lise. Je scrute le regard de Virginie à la dérobée. Elle ne se doute de rien, elle n’imagine sans doute rien d’autre qu’elle et moi dans cette vaste chambre au milieu des peintures amoncelées. Nous parvenons à l’entrée de la chambre. Virginie est devant moi. Elle s’arrête nette comme figée par une vision inattendue.

Elle se retourne, mi-apeurée, mi-interdite. Je dépose mon index sur ces lèvres. Autoritaire. Elle se laisse faire et ne dit rien, c’est comme si mon contact réussissait à l’apaiser. Je connaissais ce pouvoir de mes mots, mais je n’avais encore jamais pris conscience de ce pouvoir physique. Je pose une main délicate sur sa hanche et imprime le mouvement. Virginie rentre dans la pièce. Lise nous détaille d’un air amusé. Elle a choisi pour l’occasion un corset rouge et noir tout à fait magnifique, très aguicheur, j’ai envie de la soumettre, j’ai envie de serrer ce corps pour faire ressortir sa taille, pour la rendre caricaturale, j’ai envie de la rendre objet. Une belle érection s’est installée en moi. Virginie ne semble pas déceler l’ambiance de luxure qui émane de cette situation. Comme prévu, la punition débute, je l’installe dans ce fauteuil où je me suis assis la dernière fois. Ce fauteuil qui m’a fait vivre par procuration l’orgasme que Lise a si merveilleusement donné ma Captive. Virginie s’assoit, son regard est presque absent, c’est à peine si elle m’interroge, mode automate, interdite, peut être subjuguée, je l’espère.
« Quoiqu’il arrive ma chère, je vous interdit de vous lever de ce fauteuil… »

Elle acquiesce l’air toujours aussi absent. Je ne suis pas certain qu’elle comprenne le sens de mes paroles, elle semble me boire comme un breuvage dont la soif ne disparaît jamais. Je distingue pourtant quelques points d’interrogation dans l’expression de son visage. A coup sur elle ne se souvient pas que cette soirée doit la punir de son insolence passée. Son regard me dépasse en direction de Lise qui se trouve derrière moi. Virgine frissonne. Ses yeux se ferment. Je sais qu’elle a ce besoin de s’isoler pour mieux ressentir les choses. Je me retourne vers Lise, cette fois assise sur le bord du lit, les jambes écartées. Cette salope est déjà en train de se caresser, elle se masturbe avant même que les réjouissances n’aient débutées. Lise me surprendra toujours par le naturel de ses caresses. Il me faut oublier mes penchants de voyeurs pour me détourner de Lise et revenir à Virginie, le regard toujours clos.
« Ouvrez-moi ces grand yeux jeune fille !! »

Cette fois nos regards se rencontrent, je dépose un baiser sur ses lèvres, je la sens réagir, je sais que si mes lèvres restent collées aux siennes, sa langue va se faire invitante, impérieuse, je n’arriverai pas à lui résister. Je romps le contact et me place derrière le fauteuil où se trouve Virginie. Mes mains sur ses épaules, elle ne peut que contempler le spectacle que Lise continue de nous offrir agrémenté de quelques très légers gémissements. Ma voix se fait toute proche, les boucles de ses cheveux ondulent sous le souffle léger de mes mots.

«  Dites-moi… quelle serait la pire des punitions pour vous à cet instant précis ? Vous, soumise aux moindres désirs même les plus fous de Lise… ? »


Virginie me répond sur un ton encore une fois absent, pas du tout convaincu par ses paroles, somnambule
« non, s’il vous plait… »

Je reviens face à elle, pour voir le choc des mots que je vais prononcer. Ces mots que j’ai pensé tant de fois aujourd’hui. Je veux qu’ils soient électrochoc. Je veux qu’elle se réveille, qu’elle ait conscience de mon emprise, de mes désirs.
«  Et que pensez-vous de Lise, soumise à mes moindres désirs… prenant votre place ?  Lise Ma captive d’un soir… là juste devant vous… ? »

Sa réaction est immédiate, piquée au vif, je sens son corps se raidir devant le supplice que je lui réserve. Virginie sans être possessive n’est pas de celle qui partage. Je sais que mes mots l’ont bousculé. Faire d’une autre Ma captive, voilà exactement l’idée qu’elle ne peut accepter. Elle n’aurait à mon sens eu aucun mal à prendre plaisir à me voir posséder une autre femme. Mais lui dire qu’une autre allait le temps d’une soirée prendre sa place entre mes mains… Son visage exprime une certaine douleur, une détresse que je ne lui connaissais pas. Elle ne dit rien mais elle me supplie. L’idée suit son chemin, toujours aussi inacceptable pourtant pour rester précisément cette captive que j’espère en elle, elle se doit de l’accepter pour moi. Elle ne proteste donc pas, résignée. Elle est consciente du sens de cette punition. Elle m’avait allumé en étant dans l’incapacité de me satisfaire, je me satisferai donc d’une autre pour évacuer le désir qu’elle avait fait naître.

L’idée de cette punition m’était venue naturellement ces derniers jours et Lise avait semblé enthousiasmée. Je me disais que cet enthousiasme cachait quelque chose qu’elle ne disait pas. Je crois que plus que l’idée de s’offrir à moi devant Virginie, elle espérait un peu plus, elle espérait tout simplement pouvoir revivre un peu du plaisir que Virginie en vierge innocente lui avait donné lors de notre dernier trio. Je m’approche. Lise n’a cessé depuis tout à l’heure de se caresser le plus naturellement du monde comme si Virginie et moi n’étions que deux personnages de télévision, présent, mais parfaitement absent. Je me colle au plus près de Lise, de côté. Je sens son parfum. Exaltant. Angel. Ce parfum qui me donne envie de toutes les déshabiller. Je l’embrasse dans le cou. Doucement d’abord. Lise continue ses caresses, une main cette fois posée sur mon sexe fièrement érigé sous le tissu de mon pantalon. Je regarde Viginie. Elle ne me quitte pas des yeux. Je ne sais pas si cette vision lui donne plaisir, indifférence ou rejet. Je ne veux pas penser à ce doute que je sens si proche. Je ne veux pas prendre le risque de voir sa détresse à nouveau. Je dois l’oublier. Je ne veux pas voir le mal que je pourrais lui faire. Je la mords. Lise crie légèrement en jouant aux putes aguicheuses. Cette fois j’ai envie de violence. J’ai envie de me faire violence pour lutter contre ce doute qui m’assaille. Pourquoi faire tout ceci ? Pourquoi lui faire vivre cette punition. Je ne veux plus penser. Je la griffe. Je ne veux plus voir Virginie. Il faut que sa présence devienne abstraite. Je place Lise face à moi. Virginie ne voit plus que mon dos. Je saisis ses seins fermement. Comme deux pinces qui veulent faire mal. J’ai envie de l’entendre crier. De l’entendre hurler sa douleur et son plaisir. Je saisis ses tétons et les tire sans ménagement vers le haut. Ces visions m’hallucinent toujours autant. Je lutte contre la pesanteur et je vois le regard de Lise se révulser, à mi-chemin entre douleur et plaisir. Elle voudrait dire non mais ne sais que dire encore.

Je me penche doucement, remplace mes mains par mes lèvres. Doucement. Contraste de ma langue chaude, douce, humide sur ce sein l’instant d’avant durement malmené. Droite. Gauche. Gourmand. Je les happe l’un après l’autre. Les enrobe d’un baiser fondant d’abord. Plante mes crocs ensuite. Et les libère violemment en tirant dessus. Lise rejette sa tête en arrière, écarte les jambes encore un peu plus. Je continue vers le bas. Envie de la dévorer. De lui dévorer le sexe, je veux la déguster, m’y jeter pleinement, m’enfouir dans ce sexe et ne plus en ressortir. Elle m’accueille entre frissons et gémissements. Elle m’inonde. Mes mains se plaquent sur ses cuisses et pousse de part et d’autres comme une poupée que je voudrai rendre obscène. Lise ne cesse de gémir de plus en plus violemment, elle s’emporte. D’en bas j’intercepte son regard à la recherche de celui de ma vraie captive. Lise aime les femmes… sans doute beaucoup plus que les hommes. Et lise ne sera jamais ma captive. Je continue mon repas, totalement absorbé à ma tache, à cet instant Lise n’existe plus, pas plus que Virginie. Je suis une langue dégustant un sexe. Rien d’autre. Un cri m’extrait de cette sensation schizophrène. Lise vient de jouir. C’est à peine si je m’en étais rendu compte.

Nous n’avions pas prévu de scénario précis. Virginie devait s’asseoir sur ce fauteuil, nous regarder, ensuite nous ne savions que trop que seuls nos corps seraient à même de commander à nos esprits. Alors rien de tout cela n’était prévu dans le détail. J’ai envie d’être satisfait. J’ai envie que Virginie me voie dans toute ma splendeur. Je me relève, prend la main de Lise, la conduit à l’extrémité du lit. Je pose mes mains sur ses épaules dénudées, lui intimant silencieusement l’ordre de s’asseoir au bord du lit. Virginie nous vois tout deux de profil. Je prends sa main et la pose sur mon pantalon noir comme les désirs qui m’assaillent. Elle ne se fait pas prier et défait ma braguette, libère ma queue, dressée fièrement vers le haut. Elle commence à jouer doucement avec mon gland. J’ai envie qu’elle m’absorbe, déchaînée, j’ai envie qu’elle me suce comme une chienne. J’ai envie de lui baiser la bouche. Enfin, elle le fait glisse complètement jusqu’au plus bas, absorbe mes couilles au passage. Elle me sens. Elle sens mon envie de débauche. Et se met à me sucer sans vergogne, sans chercher la moindre douceur. J’ai envie d’en finir. Je veux crier. Je veux me libérer.

Je vois subitement Virginie. Elle est à mes côtés, elle s’est levée. Une fois de plus elle veut me fausser compagnie. Elle réapparaît si brutalement dans mon monde que je ne sais que dire sur l’instant. Je ne sais moi-même pas où j’étais une seconde avant. Je lui saisis le bras alors qu’elle allait nous dépasser. Lise arrête sa fellation, elle aussi déstabilisée. Elle s’arrête et refuse de me regarder.
« Regarde-moi ! »

Son regard est glacial. Réveillé de mon rêve, je ne suis pas d’humeur à plaisanter. Je veux y replonger tout de suite. Vivre ces opiacées et prendre ma dose. Comme un vulgaire camé. Je veux mon shoot. Je saisi son autre main. Je la pose dans la chevelure de Lise. Elle refuse. Je la regarde au fond de son être sans prononcer la moindre parole. Virginie se met alors à rapprocher le visage de Lise de ma queue. Elle imprime le rythme, si bien, elle le fait si bien que je replonge immédiatement dans cette quasi transe qui me guettait. De plus en plus rapide. De plus en plus ample. Je l’avais sentie jouir au travers de ses mains posées sur les miennes. Je lui saisi ses deux mots, suivant le mouvement. Mes mains se crispent sur les siennes. Cette fois je jouis, plus que jamais avili par mon plaisir. Je me raidis électrique. Je ne veux pas voir la larme qui descend le long de la joue de Virginie. Qu’ai je encore fait ?
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