Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du août, 2015

Lettre à Lou - Apollinaire

[Nîmes, le] 13 janvier 1915 […] Lou, encore une fois je veux que tu ne te fasse pas menotte trop souvent. Je vais être jaloux de ton doigt. Je veux que tu me dises quand tu t'ais (sic) fait menotte et que tu résistes un peu. Je serai obligé de te corriger. Tu ne fais aucun effort de ce côté. Tu es merveilleusement jolie ; je ne veux pas que tu te fanes en t'épuisant par les plaisirs solitaires. Je veux te revoir épatamment fraîche, sans quoi tu recevras des claques comme un écolier qui s'est branlé au lieu d'apprendre ses leçons. Quand on était au collège on faisait un trou à sa poche droite, on passait la main et on faisait ça pendant toute l'étude. Yeux cernés. Mais je ne veux pas qu'une grande fille comme toi qui a un cul superbe et a déjà fait cornard son mari, se branle comme un petit garçon pas sage. Si tu fais ainsi, c'est le fouet que tu auras, ma gosse, le fouet pour te mater. Tu auras beau faire métalliser ton derrière, je te fesserai jusqu'a

Une abeille sur de la crème

Apollinaire, Poème à Lou

Tu m'as parlé de vice en ta lettre d'hier  Le vice n'entre pas dans les amours sublimes  Il n'est pas plus qu'un grain de sable dans la mer  Un seul grain descendant dans les glauques abîmes  Nous pouvons faire agir l'imagination  Faire danser nos sens sur les débris du monde  Nous énerver jusqu'à l'exaspération  Ou vautrer nos deux corps dans une fange immonde  Et liés l'un à l'autre en une étreinte unique  Nous pouvons défier la mort et son destin  Quand nos dents claqueront en claquement panique  Nous pouvons appeler soir ce qu'on dit matin  Tu peux défier ma volonté sauvage  Je peux me prosterner comme vers un autel  Devant ta croupe qu'ensanglantera ma rage  Nos amours resteront pure comme un beau ciel  Qu'importe qu'essoufflés muets bouches ouvertes  Ainsi que deux canons tombés de leur affût  Brisés de trop s'aimer nos corps restent inertes  Notre amour restera bien toujours ce qu'il fut  Ennobli