La matinale en cavale a dit : Explorateur , voilà les mots qui sont venus. Bonne lecture. La ville est grande ici. Alors j'ai tout mon temps. Je marche au hasard. Je prends un bus. Un métro. Un tramway. Et je marche. Oh, je marche lentement, doucement. Je vous l'ai dit, j'ai tout mon temps. Le sablier est depuis longtemps derrière moi maintenant. Vous pourriez me dire, justement, vu le peu de temps qu'il te reste à vivre, profite, visite, explore, découvre. Mais vous ne me le diriez pas. Non, vous ne me le diriez pas, parce que j'ai dépassé la cinquantaine et que mon lendemain n'est pas une maladie défunte qui compterait mes jours. Vous ne me le diriez pas parce que depuis très longtemps l'âge de la retraite a sonné pour moi. En fait, vous ne me diriez rien parce qu'à vos yeux j'ai disparu depuis longtemps. La peau fripée. Le corps penché. La main tremblante. La voix chevrotante. La démarche mal assurée. Vous auriez peur de me voir les jours de