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Affichage des articles du octobre, 2013

Les petites boites #2

Je me souviens de ses lèvres. Je me souviens de sa peau, de ses nuances, de sa douceur. Je me souviens de ses lèvres. J'aimerais tant les embrasser à nouveau. Les sentir courir sur ma peau, m'embrasser, me découvrir doucement. Gastronomie du plaisir charnel. Je me souviens de son cul, de mes mains trop maladroitement déposées sur ses fesses, glissées sous sa jupe, parcourant pour trop peu de temps les courbes expressives de sa chair. Ma grand-mère conservait sucre, café et chocolat dans des petites boites métalliques ornées de monuments le plus souvent parisiens. Je me souviens avoir regardé rêveur les voyages qui se dessinaient sous mes yeux alors même que ces petites boites étaient déposées sur une étagère ornée d'une dentelle blanche sans doute réalisée par ses soins. L'hiver le poêle à bois chauffait la cuisine, seule pièce chauffée de la maison. La pièce des grandes assemblées. Les cousins, les oncles, les tantes, les grands parents, les parents, les frères et le

Les petites boites

Elles n'appellent rien, semblent anonymes. On les dit carrées, pourtant elles sont rectangles. On les dit surannées, pourtant elles seront toujours dans nos esprits. Ces petites boites que nos grand-mères utilisaient pour y mettre le chocolat meunier à donner aux petits enfants, ou les carreaux de sucre pour le café des grands. Elles m'ont fait voyager, les dentelles du Puy, les madeleines de Nancy, la tour Eiffel, l'arc de Triomphe, Carcassonne, le vieux port, des paysans en sabots, aux coiffes des bigouden, des lys d'or sur fond bleu à ceux noirs de la Bretagne. J'aimais ces petites boites pour ce qu'elles m'offraient de secret, d'imaginaire. Quels secrets renfermaient-elles en réalité ? Je les voyais sur l'étagère qui longeait le poêle à bois d'un trait souligné de fausse dentelle en plastique un peu gras. Il y avait dessus les petits pots d'un blanc de porcelaine de Limoges ou sans doute d'ailleurs, des roses délicatement dessinées,

Los ojos

Le monde devant toi et ce qu'il y a derrière L'indicible L'indéchiffrable Le palpable Le tangible Un verbe Un sujet Une ponctuation Pour toutes les clores Des baisers sur tes paupières

Douleur

Ce fut notre nuit la plus longue. La plus provocante, peut-être. Une nuit des plus folles, sans aucun doute. Et des plus douloureuses. Dans un hôtel qui ne ressemblait à rien, ou plutôt à tant d'autres. Une chambre sans âme où beaucoup nous ont précédés et où beaucoup nous succèderont. Dans ce confinement gris, assemblées contre la cloison, des planches en formica en guise de bureau. Sur les murs, une moquette poussiéreuse, et sur la couche, un dessus-de-lit taché. Je me souviens même d'une toile d'araignée oubliée au plafond. A l'entrée de la chambre, sur la gauche, la salle de bains qui fait office de toilettes. Au-dessus de l'unique lavabo, le miroir est piqué. Et la baignoire émaillée et très étroite, encore à demi pleine d'une eau qui commence à croupir. Il y a quelques heures, nous y avons serré nos deux corps et la nuit a alors commencé. Quand tu es entré, tu as jeté ton téléphone sur la chaise recouverte d'un velours douteux, à côté du bureau. Il

Linoléum

Dans l'ambiance masculine du restaurant, je regarde ses yeux. Ils sont chocolats et me disent ce qui est écrit sur ses boucles d'oreille. A côté de nous, deux hommes et une vieille dame. Je partage avec elle une cervelle de canut et une salade de lentille. Port de moustache autorisé, je me mets à regretter l'ambiance enfumée qui a du accompagner ce lieu si souvent. Pourtant je ne fume pas, je n'ai jamais fumé. Elle parle, bien plus que moi et bien mieux que moi. Je souris. Ces cheveux roux me rappellent sa nuque, l'implantation de ces cheveux dans sa nuque que j'ai trouvée si belle quelques semaines avant. Je ne lui connais pas de collier mais suis certain qu'elle les porterait parfaitement. Soudain, elle m'interrompt, se lève. J'ai l'impression que tout ce que je peux dire de sérieux est terriblement ennuyeux et quelconque. Ça n'est qu'une gêne passagère, je suis bien. Mes yeux se portent sur ses jambes. Je ne distingue pas ses bottes