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Affichage des articles du février, 2023

Les invasives

 Tout prendre, le bon le mauvais, le grain et l'ivraie, l'oeil du cyclone et l'origine du monde, le dernier souffle des soupirs en gerbes d'eaux, le vent dans les feuilles des peupliers, tu ne peux que plier, céder, te laisser emporter, respirer comme tu le peux le sexe profondément ancré, celui qui te dévaste, qui te souffle l'oraison, non loin de la bouche vorace qui te marque goutte à goutte diluant dans ton sang tes pupilles nacrées des vapeurs moites du trouble, il t'expire, t'arrache des murmures, jetée aux ronces d'Arménie, rougie comme sumac de Virginie, te voilà toute à toi, abandonnée, lascive et par l'instant possédée, recouverte d'un automne au pied d'un chêne rouge d'Amérique. Puéraire, chèvrefeuille, genêts, épervières et centaurées, plantes invasives que je sème sous ta peau.

L'instant drapé

 Le voile de la nuit qui s'estompe, le drap qui remonte sur les peaux, la fraîcheur qui naît de l'après, l'âpre combat qui a fini en abandon, le coeur battant et les corps cuisants, la morsure de la chair et les langues qui fouissent, les voeux que l'on arrache à grands coups de caresses, les cris que l'on exsude à force d'étreintes, j'étais cette nuit plus moi que jamais grâce à la liberté offerte, la complicité amoureuse et tes désirs salaces, le combustible offert à ma flamme, nourrissant la tienne plus vorace que la mienne, la mienne plus dantesque que la tienne, la flambée miraculeuse, l'incendie rongeant les amarres, le temps suspendu et tes yeux que je veux lécher, au dehors la nuit glaciale, la fonte des neiges, au dedans toi et moi sans avoir défait les draps, le vice en édredon, les cheveux en bataille et la queue poisseuse dans ta main, j'aimerais bien que tu la détaches et que tu l'offre à ma bouche, que tu me mettes en abyme avant qu

Étoilés

 Écorcée La faine du hêtre La cire liquide de flamme  La gueule noire Nos corps drapés et obscènes Enchevêtrés Écorchées La châtaigne et sa bogue Le poil court de la barbe Abrasifs baisers Sur nos larmes averses Essorés Évidée  La coque du gland La hampe souillant la fente Accueillante nuit sombre Sous ton regard qui s'achève  Aiguisé Évadée La princesse du coquelicot Les cheveux emmêlés à pleine main Toute striée de jais Sur la peau de l'élève Échappée  Éviscérée Le brou de la noix L'étrange tâche immonde Entre la terre féconde et la mort Sous le pouce et tes lèvres Emmaillotée Étrillée La cabosse et sa fève La couronne sur la tête Le regard obsidien et le vide Sondant les tréfonds de nos sèves Éreintées Étoilés

Et tu cèdes sous mes mains

 Tiens-moi la main, donne-moi la main, dénude-toi, exhibitionniste, prends ma main, ne crains rien, voilà, laisse, laisse venir, main dans la main, ma main sur ton cul, ma main sur ta peau, bientôt dans ton ventre, ton ventre qui ne cesse de s'ouvrir, la main comme unique caresse, du bout des doigts ou de la peau malaxée, pianotage et abordage, sabordage du rouge à lèvres étalé sur tes joues à l'aplat de la main, et les yeux noircis de charbon sous les larmes à couper au couteau et tracer des lignes rouges dans ton dos, rouges de la ferveur de mes mains, chauffer à bloc des lambeaux d'épiderme, des lignes de vie et des traces bleuissantes, tiens, donne, prends, bois, lèche, ivre tel Bacchus aux abois, titube sous l'emprise de mes mains, mains violentes, frappe, peau violette, senteur légère et douceur de la pulpe, saveur du dedans des mots que j'étouffe, la main disposée sur ta bouche, effrontément débordant sur ton nez et le regard fiché, laisse venir les empreinte