Il y avait du jaune. Il y avait du rouge. Il y avait du bleu ciel et du bleu mer. Il y avait du gris beige et du bleu verre. Cela aurait pu être les couleurs des grands arbres, celles de la falaise rocailleuse, du sol gravillon ocre ou encore celles du ciel matinal. Des couleurs de vie, les couleurs du petit livre que je tenais entre mes mains, les mêmes couleurs qui brillaient dans l’iris gris terne de mes yeux émotifs. Je vivais. Je vivais et je prenais conscience que j’avais fait l’amour pour la première fois. Dix années d’amour et d’autres couleurs lumineuses pour enfin avoir cette sensation si particulière. Je m’étais donné à elle avec toute ma sincérité, nu devant les cœurs de rouge de Savoie, nu devant la croix d’étain occitane, nu devant elle. Et je l’avais aimée ainsi, possédée et investie dans la clairvoyance lumineuse d’une chambre ombragée. Elle m’avait donné vie en m’insufflant la couleur des hommes qui se donnent sans crainte et pleinement. Plongé en elle, heurtant au plus profond de ce que je ne pouvais voir, lui arrachant des soupirs d’extase comme des étincelles lancées dans une course folle, j’avais savouré comme jamais le temps qui s’était écoulé en nous et qui venait colorer nos âmes joliment. Une première fois enfin accomplie sans frustration, l’accord parfait et coloré de deux êtres qui devant la grande toile blanche avaient peint ce qui était en eux, sans fard, sans honte, sans appréhension et sans frustration. Il y avait du vert de lac et de l’onde des pentes herbeuses, il y avait le violet des lettres secrètes et le parfum estival des amours buissonnières. Il y avait là la couleur de l’insouciance, celle des blés de mon enfance, il y avait là l’ombre des charmilles des bords de Drac et la blancheur des corps qui s’offrent. Il y avait les couleurs de la vie.
Dans la clarté de la nuit des songes en nuées là la Malemort où je ne sais quoi sort s'étire et s'enchâsse s'enlace jusque sous ta gorge griffant mordant soufflant le chaud et le froid sur la peau fine écarlate prête à geindre en mille éclats de lunes en ta face putasse ta queue branlée tes bourses lourdes mises à mal pour le long voyage la malle poste et ta tête branlante riposte étouffe entre les cuisses la douceur de la peau le tendre abrasé par ta barbe impropre parsemée de l'odeur forte de son con tant de fois baisé sous le lit des pinèdes qui là te font suffoquer ahaner en grande goulée giboulée et bâillon de bave embrassées nage nage petit poisson poisseux visqueuse bite guerre de tranchée perdue avant que la messe ne soit dite car l'avant fut fessé pris engouffré pénétré fouetté mâle mené foutraqué fourré comme jamais quatorze queues putargues avalées pour te voir plus tard t'affaler offert lustré ta sueur suie blanche crasseuse épaisseur criante et ton
Nostalgie quand tu nous tiens...t'inquiètes, de toute façon, je crois qu'elle regrette.
RépondreSupprimerC'est un texte magnifique...
RépondreSupprimerJ'en suis bouleversée...
Décidément, Raphaël, tu écris merveilleusement bien... J'en suis un peu envieuse... :)
@ Anonyme : En fait, ce n'est pas de la nostalgie puisqu'il n'y a pas de souffrances ou de regrets à l'évocation de ces souvenirs. Quant à votre conclusion, je me demande qui vous êtes pour dire cela.
RépondreSupprimer@ Ange Solaire : j'appelle un médecin ? :)
Non, pas besoin d'un médecin. Je me contente de relire et d'admirer... :)
RépondreSupprimerEheh..
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