Je fais des lignes droites. Bien droites. Reprenant
chaque bord. Débordant légèrement. J’aime pas découper les feuilles
avec de grands ciseaux. Ça me fait mal aux mains. Je tremble. C’est
jamais droit. Je suis jamais content. J’ai toujours l’impression d’être
un gosse manchot. Là, c’est pas mieux. Comme un con, à me défouler les
nerfs en poussant ma tondeuse à gazon. Prendre soin de poser la roue
gauche sur la ligne de tonte. L’autre dans l’herbe haute. Arriver au
bout, demi-tour droite. Ligne des roues droites sur la ligne de tonte,
les autres dans l’herbe folle. Les pissenlits me résistent. La
rallonge électrique me résiste. Mes pensées négatives me résistent. Et
voilà qu’elle se débranche. Putain. Fait chier. Rebrancher. Revenir.
Redémarrer. Et suivre le même train train, bien propre, bien droit,
bien rectiligne. Des mottes s’échappent. Le panier est plein. Arrêter
la machine. Aller vider. Et recommencer. Réviser ma géographie. Viser
au plus juste. Tondre au plus ras. J’ai pas voulu mettre de casquette.
J’ai envie d’avoir bien chaud. Histoire d’éteindre mes pensées en
boucle. J’ai chaud. Je suis en train de cuire sur place. Pas un brin de
vent. Et l’herbe qui commence à me gratter les mollets. Je dois avoir
l’air d’un con avec sa tondeuse à gazon. Je suis un con avec ma
tondeuse à gazon. Je suis un con qu’à pas tirer son coup depuis 6 mois.
Je ressasse en boucle, les oreillettes de mon mp3 fichées dans mes conduits auditifs, j’absorbe le rythme technoïde comme un automate, directement de l’émetteur au récepteur. Je reçois. J’absorbe. J’encaisse. J’ingurgite. Ça déborde. J’en peux plus. Ça déborde. J’enrage de me sentir aussi à bout. Je passe mes journées à mater des images. Des films. Pas du genre Kung Fu Panda. Non, pas du genre. Je vois des culs en boucle, grands ouverts, bien travaillés. Des bites monstrueuses à m’en faire péter le cerveau. Des chattes rasées, des chattes poilues, des chattes obèses, des chattes ascètes, des chattes baveuses. Elles me regardent, comme des cyclopes. Le néant, je ne vois que ça. Qu’est ce qui peut bien se cacher derrière cette ombre noire ? Le tréfonds. Le rien. Le vide. J’accumule du vide. Je me masturbe de vide, d’abstrait, d’images. Je fais que ça, me branler. Me branler et tondre. Tondre ma pelouse. Tondre mes heures. Les ratiboiser. Les raccourcir. Bien droites. Bien proprettes. Bien nettes. Tenir jusqu’à la nuit. Bouffer comme un con. Me retrouver seul. M’installer. Me connecter. Et absorber. Regarder. Fantasmer. Envier. Baver. Espérer. Je suis qu’un pauvre con qui fait que tondre sa pelouse.
Je commence à avoir des ampoules dans la main à force de serrer comme un diable le manche de cette foutue tondeuse. Plein cagnard. J’ai soif. Toujours pas apaisé. Je lève la tête. Je vois la voisine. Son mari et moi, on est pareil. Sauf que lui, il est pas seul. Sauf que lui il baise pour de vrai. Lui il est comme moi. Je le regarde tondre. Je le regarde s’occuper de son jardin. Il m’a l’air d’un vrai con. C’est un maniaque, il passe ses journées à tondre, ses journées à ramasser les feuilles. L’an dernier il a construit un petit moulin, et il s’est acheté un nain. Le soir venu, la nuit tombée, le moulin s’est éclairé. Je suis resté con, le trouvant vraiment louche ce gars là. Qu’est ce qui cloche chez lui ? Il a une superbe femme et il la baise pas ? C’est ça ? Elle se pavane devant moi, hier c’était avec un petit short en jean ras la touffe et un petit caraco blanc. Aujourd’hui elle a moulé son cul d’un leg'in noir et son buste d’un petit haut. Je vois que ça. Elle me regarde. Je vois bien qu’elle me regarde. Moi je fais mes lignes, lentement quand je suis face à sa maison, rapidement quand je lui tourne le dos. Je veux la voir. Je veux la voir. Je veux l’avoir.
Diagonale du fou, je suis peut être qu’un pion, un fou aussi. Je la boufferai cette reine. Je vis dans un quartier de fou. Mon voisin il dort avec une bombe qui n’attend que ça et au lieu de prendre soin de sa femme il prend soin de son jardin. Moi je vis seul avec ma pornographie qui tourne en boucle, je tonds mon gazon pour me faire passer les nerfs et je ne fais que rêver de baiser. Elle, elle attend que ça, ça se voit. J’ai l’air d’un con à pousser ma tondeuse en plein cagnard, en plein mois d’aout, y a presque rien à tondre d’ailleurs, j’ai l’air d’un con et elle me mate. J’ai l’air d’un con et elle fait exprès de passer devant moi. Des regards en coin. Des regards de face. Elle me regarde même quand je ne vois que son cul. Et moi je tourne en boucle. Je fais mes lignes. Droites. Bien droites. Je rêve de la baiser. Je vais aller la voir. Elle va m’offrir une citronnade. Elle me dira « Jean-Louis, tu tombes bien tu t’y connais en tuyaux ? ». Me demandera de boucher une fuite. Je lui demanderai de se déshabiller. De me sucer. Je l’imagine nue. Je suis certain que derrière sa maison, sur sa terrasse, lorsque monsieur s’occupe du jardin, elle bronze en intégral. Elle veut qu’on la baise. Elle veut que je la baise. Je lui donnerai ce qu’elle veut. Je lui ferai faire le grand huit, le grand saut, une énorme sauterie dans les draps conjugaux. Je la prendrai là tout de suite. Je finis ma ligne et je vais la voir. Je finis de tondre et je vais la voir. Je finis ma ligne et je vais la tondre. Je la baiserai comme un fou, pas en diagonale, non… un peu plus de traviole encore.
Je ressasse en boucle, les oreillettes de mon mp3 fichées dans mes conduits auditifs, j’absorbe le rythme technoïde comme un automate, directement de l’émetteur au récepteur. Je reçois. J’absorbe. J’encaisse. J’ingurgite. Ça déborde. J’en peux plus. Ça déborde. J’enrage de me sentir aussi à bout. Je passe mes journées à mater des images. Des films. Pas du genre Kung Fu Panda. Non, pas du genre. Je vois des culs en boucle, grands ouverts, bien travaillés. Des bites monstrueuses à m’en faire péter le cerveau. Des chattes rasées, des chattes poilues, des chattes obèses, des chattes ascètes, des chattes baveuses. Elles me regardent, comme des cyclopes. Le néant, je ne vois que ça. Qu’est ce qui peut bien se cacher derrière cette ombre noire ? Le tréfonds. Le rien. Le vide. J’accumule du vide. Je me masturbe de vide, d’abstrait, d’images. Je fais que ça, me branler. Me branler et tondre. Tondre ma pelouse. Tondre mes heures. Les ratiboiser. Les raccourcir. Bien droites. Bien proprettes. Bien nettes. Tenir jusqu’à la nuit. Bouffer comme un con. Me retrouver seul. M’installer. Me connecter. Et absorber. Regarder. Fantasmer. Envier. Baver. Espérer. Je suis qu’un pauvre con qui fait que tondre sa pelouse.
Je commence à avoir des ampoules dans la main à force de serrer comme un diable le manche de cette foutue tondeuse. Plein cagnard. J’ai soif. Toujours pas apaisé. Je lève la tête. Je vois la voisine. Son mari et moi, on est pareil. Sauf que lui, il est pas seul. Sauf que lui il baise pour de vrai. Lui il est comme moi. Je le regarde tondre. Je le regarde s’occuper de son jardin. Il m’a l’air d’un vrai con. C’est un maniaque, il passe ses journées à tondre, ses journées à ramasser les feuilles. L’an dernier il a construit un petit moulin, et il s’est acheté un nain. Le soir venu, la nuit tombée, le moulin s’est éclairé. Je suis resté con, le trouvant vraiment louche ce gars là. Qu’est ce qui cloche chez lui ? Il a une superbe femme et il la baise pas ? C’est ça ? Elle se pavane devant moi, hier c’était avec un petit short en jean ras la touffe et un petit caraco blanc. Aujourd’hui elle a moulé son cul d’un leg'in noir et son buste d’un petit haut. Je vois que ça. Elle me regarde. Je vois bien qu’elle me regarde. Moi je fais mes lignes, lentement quand je suis face à sa maison, rapidement quand je lui tourne le dos. Je veux la voir. Je veux la voir. Je veux l’avoir.
Diagonale du fou, je suis peut être qu’un pion, un fou aussi. Je la boufferai cette reine. Je vis dans un quartier de fou. Mon voisin il dort avec une bombe qui n’attend que ça et au lieu de prendre soin de sa femme il prend soin de son jardin. Moi je vis seul avec ma pornographie qui tourne en boucle, je tonds mon gazon pour me faire passer les nerfs et je ne fais que rêver de baiser. Elle, elle attend que ça, ça se voit. J’ai l’air d’un con à pousser ma tondeuse en plein cagnard, en plein mois d’aout, y a presque rien à tondre d’ailleurs, j’ai l’air d’un con et elle me mate. J’ai l’air d’un con et elle fait exprès de passer devant moi. Des regards en coin. Des regards de face. Elle me regarde même quand je ne vois que son cul. Et moi je tourne en boucle. Je fais mes lignes. Droites. Bien droites. Je rêve de la baiser. Je vais aller la voir. Elle va m’offrir une citronnade. Elle me dira « Jean-Louis, tu tombes bien tu t’y connais en tuyaux ? ». Me demandera de boucher une fuite. Je lui demanderai de se déshabiller. De me sucer. Je l’imagine nue. Je suis certain que derrière sa maison, sur sa terrasse, lorsque monsieur s’occupe du jardin, elle bronze en intégral. Elle veut qu’on la baise. Elle veut que je la baise. Je lui donnerai ce qu’elle veut. Je lui ferai faire le grand huit, le grand saut, une énorme sauterie dans les draps conjugaux. Je la prendrai là tout de suite. Je finis ma ligne et je vais la voir. Je finis de tondre et je vais la voir. Je finis ma ligne et je vais la tondre. Je la baiserai comme un fou, pas en diagonale, non… un peu plus de traviole encore.
RépondreSupprimerEh bien... moi, je vais sortir mon 64 cases et aligner la garde!
:)
C'est un très bon et beau texte, Raphaël.
Ciselé comme une pelouse coupée à la main.
RépondreSupprimer