Un homme marche dans la rue. Sur son côté gauche son vélo l'accompagne. A sa droite, il accompagne une femme. Elle marche les mains dans les poches. De son pas qu'il connaît si bien. Un pas qui vacille légèrement, un pas qui se pose doucement, un pas qui prend sont temps sûrement. Elle le regarde de temps à autre. Son regard à lui le fait plus rarement peut-être. Il fait froid ce matin. Pourtant le ciel est bleu et le soleil suffisant pour apporter un peu de douceur. Ils parlent tout en avançant. Des silences s'insinuent dans leurs paroles. Lui ne semble pas prendre conscience de ce qui l'entoure. Il fera le chemin sans se souvenir d'aucun visage croisé, d'aucune couleur de voiture, d'aucun carrefour traversé. Il ne s'apercevra même pas que plutôt que de traverser le marché et profiter de l'ambiance d'un vendredi matin, ils auront poursuivis leurs chemin directement. Sa présence à lui l'aura d'ailleurs fait dérouter de sa traversée matinale aux ambiances métissée. Elle marche et sait où elle se trouve et ce qu'elle fait. Ce matin, elle aura un besoin d'un peu plus de temps que d'habitude pour s'accoutumer à sa présence. Elle pense parfois à lui sur son chemin. Mais aujourd'hui, il était loin de ses pensées, tout comme ces derniers jours. Pourtant c'est ce jour qu'il a choisi pour se trouver derrière ses pas avant de la rattraper. Il devait avoir envie de la voir sourire, de sentir sa présence, cette forme de bien être à son contact, peut-être d'éveiller une fois de plus son désir à lui, à elle, dans leurs silences, dans leurs regards. Il est là, il marche.
Soudain une envie de fuir s'empare de lui. Il n'est pas à sa place ici. Pas aujourd'hui. Peut-être plus avant très longtemps d'ailleurs. Et s'il montait sur son vélo noir et partait vite, très vite. Plus les minutes passe, et plus il pense à partir. Une gêne croissante l'envahit. Pourquoi lui impose-t-il sa présence ? Pourquoi ne laisse-t-il pas son chemin à elle suivre son cours ? Pourquoi a-t-il besoin d'entretenir ce lien alors qu'elle ne le souhaite plus ? Tout en lui se met à penser qu'il la dérange, alors que peut-être ne ressent elle aucune de ces sensations là à cet instant précis. Il n'aime pas le mot jamais. Pourtant c'est à celui-ci qu'il devrait tenter de s'accoutumer. Il est gêné de lui imposer sa présence, même si pour elle ses mots lui disent que c'est bien qu'ils puissent se voir de la sorte. Il parle, entretient une conversation ponctuée de silence. Mais ce sentiment d'urgence à être ailleurs prime. Il comprend que c'est, peut-être... sans doute, la dernière fois qu'il la revoit. Est-ce pour cela qu'il est assailli par un désir brutal de fuite ?
Elle parle d'un message qu'elle pensait lui écrire. Il sourit, car il sait qu'elle ne lui l'écrira jamais. Il y a de la fatalité en lui, une fatalité qui laisse peu à peu la place à une forme de tristesse. Il aurait aimé la lire pour être certain que ce qu'il pressent d'elle est comme elle le lui confierait. Il aurait aimé la lire, tout simplement car les mots qu'elle lui confie sont toujours précieux. Il n'aurait pas du l'attendre, il n'aurait pas du espérer lire sur son visage un sourire contagieux. Pourtant elle sourit. Elle tourne son visage vers lui tandis qu'il ne dit rien. C'est ce même regard que trois semaines avant. Ce regard qui, conscient de la fragilité du printemps, laissait entendre que la floraison serait belle. Cette nuit, il a gelé. Les fleurs fleuriront ailleurs, différemment. Il le sait depuis des mois. Il le sait depuis des mois et tente avec difficulté de se convaincre qu'il n'y aura plus, que peut-être il n'y aura plus... que peut être... Il n'arrive pas à terminer cette phrase. Il se disent au revoir. Deux bises. Elle lui dit au revoir. Il répond de même. Sa voix dit qu'il ne croit pas à cet au revoir. Il sait qu'ils ne se reverront plus. Il ne cherchera plus à la voir, même s'il en a grand besoin, même s'il en a le désir, même s'il souhaite partager avec elle un sourire ou sa seule présence bienfaisante, même s'il a envie de la baiser sauvagement. Il ne cherchera plus à la voir, aussi parce que cette attente lui est de plus en plus difficile.
Son attitude montre tout de l'empressement. Vite. Il se sent maladroit. Il part sans se retourner. Il doit maintenant s'habituer à cette distance. A cette distance qu'il a déjà parfois vécu. Tout simplement parce que cela ne peut pas être.
Vous me manquez. C'est ainsi.
Les adieux sont toujours difficile...
RépondreSupprimerEn était ce ?
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