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L'éponge

Il y a du bruit dans la grande maison. Dehors aussi. De la porte qui donne sur la grande salle à manger, je vois mon mari s’affairer devant la cheminée. Mes jumelles chantent à tue tête dans leur chambre en mode karaoké. Mon fils joue avec ses copains et nos deux chiens, sous les fenêtres de la cuisine, dans la neige fraîche tombée en grande quantité la nuit précédente. Lorsqu’il se réfugieront au chaud, l’entrée va se retrouver encombrée et toute flaquetée. La soirée pyjama se prépare. Mon mari travaille cette nuit. Ils annoncent beaucoup de neige. Il va bientôt prendre son tracteur, la remorque à sel et sa lame pour rouler sur les routes du village. Le repas avance. Ce soir je prépare à tout ce beau monde mon gratin de lasagnes à l’ingrédient secret et en dessert je leur ferai des poires en sirop façon belle Hélène. Je réserverai une part pour mon homme, comme ça lorsqu’il rentrera avant que le jour ne se lève, il pourra venir dans le lit conjugal pour dormir le ventre plein après une dure nuit de travail. En attendant, son sandwich est prêt, pain frais et croquant, beurre en quantité et belle part de jambon à l’os maison. Nous avons nourri les cochons tout à l’heure, nettoyer le laboratoire, sommes allés lancer la traite. J’ai curé un peu l’étable pendant qu’il fendait un du bois. Les enfants raffolent de mon gratin de lasagne, mon mari aussi. Moi, je ne mangerai pas, nous mangeons trop. Et puis il y aura la cuisine à ranger, la table à débarrasser, le balai à passer, nettoyer les traces de gadoue et d’eau que ne manqueront pas de faire les garçons, leur faire la chasse pour éviter les caries, préparer la ferme pour demain… une journée de plus. Une belle journée. Mais avant, je dois commencer à passer l’éponge sur la table qui n’a pas été débarrassée du goûter, l’éponge...
Je pense à toi… à mon cerveau qui se gorge… qui se gorge de ta peau. Tes mains d’or… tes mains d’or qui me rendent éponge… éponge… mon cerveau éponge de désirs spongieux...
L’éponge pleine, trop pleine, qui se gave, qui étanche sa soif, qui déborde, regorge de ton foutre, rend gorge sous ta queue. L’éponge qui absorbe ton goût, l’éponge grosse, lourde, dense, épaisse poisse dégoulinante comme ta bouche rivée au creux de mes gorges sauvage, quand tu ne bouges plus et que voilà mon bassin qui rue sur ta petite gueule d’ogre. L’éponge que tu étreins, traînée de souffre, traînée jusqu’au coupe gorge. Mon sang sur ta queue et ma bouche sifflant rouge gorge. J’ai découvert avec toi le goût de la sueur, la saveur de tes pores, te faire dégorger ton saoul, cracher l’orge dans ma main, mon cul, sur ma gorge, ma bouche grande ouverte, comme mon cul et ma chatte. Mon esprit t’éponge à grande gorgée. Te voilà avalé tout entier. T’étouffer dans ma gorge et prendre ce couteau pour le placer là. Là, sous tes bourses et te dire, avec une petite langueur vicieuse et le regard torve, « Branle-toi ma salope, vite et fort, sinon… sinon ce n’est pas ton sperme que j’épongerai de ma langue par terre, mais ton petit chaton mort ».
L’éponge… l’éponge dans ma main… son odeur un peu moisie, un peu sale. Ma main qui passe l’éponge sur la table… la grande table de noyer héritée de mes parents. L’éponge qui efface les miettes du goûter, laissées là par la tribu des enfants chéris… Le bruit de la porte qui s’ouvre, les éclats de rire des garçons qui envahissent la grande maison. Ton visage qui apparaît dans l’encablure de la porte qui permet de passer au cellier, puis au garage. Tes traits innocents, ta voix simple, posée, calme qui me dit avec douceur « à demain matin mon amour. Et n’oublie pas de réduire le débit de la cheminée quand tu iras te coucher ! »  Moi qui dit « oui, ne t’inquiète pas. Bon courage pour cette nuit, et surtout sois prudent ».. Moi qui crie aux garçons d’enlever leurs chaussures avant de monter à l’étage.
Et mon téléphone qui vibre dans ma poche, tandis que je rince l’éponge jaune, c’est toi, je le sais, je sais que c’est toi ma petite déesse de pute gourmande, mon amant, mon bel amant. Je sens entre mes cuisses le tissu de ma culotte qui éponge ma mouille, mes poils gluants imprégnés de mon envie de baise. Je te les ferai nettoyer la prochaine fois que nous nous verrons. Je pose l’éponge sur l’évier. Nettoie le plan de travail, ouvre les placards et mets la table, l’envie de me faire prendre, comme en travers de la gorge, en travers de la table.

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